La mise en scène des désaccords dans l’exécutif parisien continue. Après la diatribe de la maire de Paris, Anne Hidalgo, à l’endroit des écologistes – accusés « d’avoir un problème avec la République » –, c’est au tour du communiste Ian Brossat de monter au front.
Écologistes et insoumis sont durement mis en cause par l’adjoint au logement d’Anne Hidalgo à propos d’un projet de construction de logements sociaux, dans le très chic 16ème arrondissement de Paris. Le projet, qui comprend une école, une crèche, 80 logements sociaux dont 25 destinés aux sans-abris, est porté par la majorité municipale contre l’avis des écologistes et de l’élue insoumise Danielle Simonnet. À leurs voix, s’est ajoutée celle des élus de droite, souvent opposés par principe au logement social, ce qui n’est pas le cas ni des écologistes, ni des insoumis, comme l’a pourtant laissé entendre Ian Brossat dimanche dernier, alors qu’une école inoccupée venait d’être squatée par des migrants.
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Le social versus l’écologie ?
Sur le fond, le sujet mérite un débat. D’un côté, il y a un déficit de logements sociaux à Paris avec près de 300.000 personnes en attente d’un logement social. De l’autre, Paris manque d’espaces verts et plus largement d’espaces de respiration. Or le projet défendu par la Ville de Paris est situé sur l’un des rares espaces verts du 16ème arrondissement. Le tribunal administratif de Paris, saisi par une association locale, a annulé le projet. Une décision saluée par les élus de droite, écologistes et insoumis. Les juges ont estimé que le projet portait atteinte à l’équilibre écologique du quartier. Dilemme. Fallait-il pour les élus privilégier le social sur l’écologie ? À cette question, tous les élus de gauche et écologistes répondent à peu près la même chose : social et écologie sont indissociables. L’un ne va pas sans l’autre. En théorie sans doute. Sauf qu’en pratique, c’est bien ce désaccord qui anime les élus parisiens.
En réalité, il n’y a pas qu’une solution à apporter au manque de logements sociaux. Laisser croire que la seule façon de construire du logement social serait au détriment des espaces verts est une mauvaise publicité faite au logement social. La difficulté tient à la cherté du foncier qui rend extrêmement difficile la réalisation de logements abordables. Par conséquent, la tentation est grande de puiser dans les terrains qui appartiennent à la ville de Paris. Ceux dont elle est propriétaire. C’est toute la limite de l’action de la municipalité parisienne qui n’a pas su mettre en œuvre une politique de maitrise du foncier. Pourtant, des solutions existent à l’instar des baux sur le foncier de très long terme (de 30 à 50 ans), portés par les villes et qui permettraient de desserrer la contrainte. Les surélévations que l’on voit dans la ville pourraient, elles aussi, être mises à profit pour créer des logements sociaux. Donc sur le fond, le sujet est sérieux et le débat mériterait d’être lancé.
Opération politique
En revanche, comment expliquer la colère froide de Ian Brossat à l’endroit de ses alliés et en insistant précisément sur les écologistes et les insoumis – les insoumis ne comptant pourtant que pour un, en la personne de Danielle Simonnet ? Cette colère ressemble fortement à une opération politique. L’enjeu n’est-il pas de montrer que ni EELV, ni les Insoumis ne sont des alliés fiables ? Que leurs désaccords sont trop importants ? Qu’il y a davantage de « commun » avec Anne Hidalgo et Audrey Pulvar qu’avec EELV et les Insoumis ? Ian Brossat, par ailleurs porte-parole du Parti Communiste Français, semble, dans cette affaire, afficher une conviction personnelle, un scepticisme non dissimulé de voir le PCF renouer avec Jean-Luc Mélenchon et les insoumis aux régionales. Mais aussi à la présidentielle.
Et alors que des millions de personnes sombrent dans la pauvreté, que nos écosystèmes sont fragilisés, que les idées manquent et que la gauche patine – dernier indice, la candidature d’Anne Hidalgo créditée d’un petit 6% dans un récent sondage –, la mise en scène répétée des désaccords politiques (l’affaire Christophe Girard, les squatteurs du petit Cambodge, la laïcité et la République) n’augure rien de bon. En globalisant les divergences, en niant la diversité des sensibilités politiques, Ian Brossat se place en petit soldat d’Anne Hidalgo et contribue à brouiller le débat public. Et à cliver la gauche.
Article à charge contre Brossat dans ka mesure où les arguments de la personne mise en cause ne sont pas cités.
L’intéressé plaide que le projet est prévu à l’emplacement d’une ancienne cour d’école goudronnée et qu’il se trouve à 200 mètres du bois de Boulogne. Où est l’opposition social/écologique s’il dit vrai ?
Il est vrai que la municipalité n’est pas en capacité de régler le problème crutial du logement à Paris mais c’est bien le seul acteur qui agit concrètement. Qu’attend l’État pour requisitionner les surfaces vides ou prendre des mesures de baisse des loyers comme à Berlin ?
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