Bénédicte Taurine est députée La France insoumise.
Regards. Hier, vous étiez présente à une manifestation d’agriculteurs au siège parisien de Pôle emploi. Avant toute chose, pouvez-vous nous dire pourquoi vous vous y êtes rendue ?
Bénédicte Taurine. C’était une manifestation de la Confédération paysanne. Ils m’avaient invitée puisque je travaille avec eux sur le sujet de l’agriculture, notamment sur la Politique Agricole Commune, donc j’étais là pour soutenir leurs orientations par rapport à la nouvelle PAC, dont les débats vont bientôt avoir lieu.
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Les images de votre agression ont été retransmises en direct à la télévision. On vous voit très distinctement, écharpe tricolore bien en place, vous faire pousser violemment dans le dos par un policier, vous jetant littéralement à terre. Comment allez-vous ? Et comment avez-vous vécu cette scène ?
Sur ces images, la députée France Insoumise @BenedictTaurine est poussée au sol par des policiers.
Nous étions à l'opération de la Confédération paysanne à Paris.
Images @TaoualitAmar pic.twitter.com/o0pwKTnz4w— Loopsider (@Loopsidernews) May 27, 2021
La députée LFI Bénédicte Taurine poussée par un policier lors de la manifestation des agriculteurs à Paris pic.twitter.com/jtiXKda60j
— BFMTV (@BFMTV) May 27, 2021
Je suis courbaturée. Le médecin m’a prescrit des antidouleurs et du repos. Je n’ai vu les images que ce vendredi matin. Mais sur le moment, c’était surréaliste. Violent. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. On était en train de discuter, il n’y a pas eu de sommation... Quand je me relève, je suis super en colère. C’est une réaction épidermique. Mais c’est après que j’ai compris qu’il s’agissait d’un policier. Avec le recul, je me dis que ce qui est choquant, ce n’est pas que moi j’ai été poussée – ça aurait pu être n’importe qui –, mais c’est le symbole d’un policier qui met l’écharpe républicaine à terre, qui met la République à terre, quelque part. J’en parlais avec des policiers ce vendredi même. Ils étaient en colère par rapport à l’image que ça renvoie de la police.
Joël Labbé, sénateur écologiste, a également été pris à partie par les forces de l’ordre. On se souvient aussi de votre collègue Loïc Prud’homme, matraqué en 2019 lors d’une manifestation des gilets jaunes à Bordeaux, plus récemment empêché par la police d’entrer dans l’Assemblée nationale... Que dire d’une situation politique et sociale où des élus sont violentés par la force publique ?
Je suis inquiète. Il y a un durcissement. Avant, l’écharpe tricolore servait, a minima, de protection. Depuis les gilets jaunes, il y a une accentuation de la violence. Parallèlement, il y a eu le rassemblement des policiers devant l’Assemblée, ce qui peut être pris pour une pression. On est dans une escalade de la violence. Je ne sais pas où ça va s’arrêter. Les gens qui manifestaient hier n’étaient pas haineux vis-à-vis de la police. Ils étaient pacifiques. Mais quand vous vous faites agresser, quand vous voyez ces images-là, forcément, vous pouvez perdre votre discernement et devenir haineux.
Le vice-président LREM de l’Assemblée nationale, Hugues Renson, s’est illustré d’un tweet de soutien, arguant que « la violence employée à l’endroit d’une élue de la Nation, arborant son écharpe tricolore, est inqualifiable et inadmissible ». Avez-vous eu des messages d’autres personnalités politiques de premier rang ? On pense aux membres de l’exécutif et de la majorité – le ministre de l’Intérieur au premier chef – ou encore au président de l’Assemblée nationale...
Monsieur Denormandie [le ministre de l’Agriculture, NDLR] m’a appelé ce matin pour savoir comment j’allais. Roland Lescure, le président LREM de la commission des affaires économiques de l’Assemblée, m’a aussi contacté. Des députés de la majorité aussi. Après, pour ce qui est des messages publics, je n’ai pas franchement eu le temps de regarder. Je sais juste qu’il n’y a pas que des messages de soutien... Mais rien côté Élysée, Matignon ou Beauvau. Ils sont droits dans leurs bottes. Ça va être difficile pour eux, les images montrent leur violence.
Propos recueillis par Loïc Le Clerc

C’est plus facile de s’attaquer aux manifestants qu’au grand banditisme !
Le slogan crs ss vient de la grande grève des mineurs ! En 1948 ! Si je me trompe !
S’attaquer aux élus de la nation est inacceptable et mérite de fortes sanctions !
Mais ne tombons pas dans le manichéisme !
On a besoin d’une police et beaucoup de représentants des forces de l’ordre font du mieux possible leur travail !
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