Un éléphant, ça a le cuir épais. Claude Bartolone en est. Élu de 1979 à 2017, sa carrière est des plus notables. Elle s’achève dans l’indignité. Sa défaite aux régionales 2015, bien sûr. Comment un homme qui a passé sa vie à lutter contre le communisme [1] en Seine-Saint-Denis aurait-il pu mener la gauche à battre Valérie Pécresse ? Son soutien à Manuel Valls en 2017, évidemment. La surprise aura été qu’il ne rallie pas Emmanuel Macron après la victoire de Benoît Hamon – il aura quand même hésité à voter Macron dès le premier tour de 2017.
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Un quinquennat plus tard, lui, le dernier président socialiste de l’Assemblée nationale, sera resté extrêmement discret vis-à-vis de la campagne d’Anne Hidalgo. Nettement moins concernant Emmanuel Macron. Une ambiguïté qui traverse nombre de socialistes.
La présidentielle passée, les voilà qui torpillent les tractations entre le PS et LFI, en vue d’un accord pour les législatives. Ce 4 mai, Claude Bartolone sombre dans l’indécence. Les négociations avancent Danielle Simonnet candidate dans la 15ème circonscription de Paris, et non pas la socialiste Lamia El Aaraje, la protégée d’Hidalgo. Ça crie au scandale, du style : « El Aaraje est députée sortante, elle a cette légitimité ». Sauf que c’est un peu plus compliqué que ça… Élue lors d’une législative partielle en avril 2021, le Conseil constitutionnel a invalidé son élection en janvier 2022. Cette circonscription n’a donc pas de député sortant. Mais qu’importe à Claude Bartolone, qui tweete :
« Justice pour Lamia ! »
Justice pour Lamia ! https://t.co/4HDwnf7M0T
— Claude Bartolone (@claudebartolone) May 4, 2022
« Justice pour… », soit une formule communément utilisée pour des victimes décédées de violences policières. C’est un peu comme s’il avait tweeté #JeSuisLamia. Indécent.
Claude Bartolone en profite pour annoncer que son « aventure commune » avec le PS « se termine ». La dissidence socialiste s’organise. Cambadélis, Le Foll, Cazeneuve… Le Figaro rapporte que ceux-ci pourraient se regrouper sous le nom de « Socialistes authentiques ». Les SA. On leur conseillerait presque de prendre une chanson de Sexion d’assaut comme hymne histoire de filer la métaphore point-godwiniène.
Leur héritage, c’est un Parti socialiste qui, après le quinquennat Hollande, accumule les records de défaites électorales : 6,36% à la présidentielle de 2017, 7,44 aux législatives suivantes, 6,19 aux européennes 2019 et, donc, 1,75 en 2022. Ils ont tué la gauche et viennent aujourd’hui donner des leçons, présenter des candidatures dissidentes, soutenir la gauche Macron (Blanquer, Darmanin, Le Maire, etc., comment dire…), accusant tout le monde de… tuer la gauche.
Loïc Le Clerc, porte-parole de la tartufferie sur Regards. Où est l’indécence pour un homme de gauche à refuser toute alliance avec l’extrême-gauche ? On peut discuter d’un tel choix, le trouver défendable ou non, mais il n’a rien d’indécent.
Loïc Le Clerc parlerait-il d’indécence si un homme de droite se refusait à toute alliance avec l’extrême-droite ? Non, probablement. Il fustigerait plutôt ceux qui adopteraient la position contraire en hurlant au fascisme. Ici il s’agit de l’extrême-gauche mélenchoniste, communiste, trotskiste. Est-ce mieux que l’autre extrême ? Mais il est vrai que Regards ne parle jamais d’extrême-gauche. Faut-il croire qu’à ses yeux elle n’existe pas ?
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