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Comme le note la députée insoumise Clémentine Autain sur Twitter : « Sur les plateaux télé, dans les hémicycles, les hommes sont omniprésents, quand les femmes tiennent la ligne dans les hôpitaux, les supermarchés, cousent les masques ».
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Médecins, éditorialistes, politiques, etc. Il n’y en a que pour eux. Pendant ce temps-là, dans la « vraie vie », elles sont au front : infirmières, aides-soignantes, caissières, enseignantes du primaire, personnels des Ehpad, agents de nettoyages… Que des femmes ou presque. Sans parler des femmes confinées à domicile entre le télétravail, les courses et les enfants. Quand ce n’est pas confinée avec un homme violent.
Que le monde soit ainsi fait, favorisant sans cesse les hommes dans les lieux de pouvoir comme dans ceux de paroles, ça n’est pas une nouvelle. Pour autant, au temps du Covid-19, cela devient si pressant, si visible, que cela n’est qu’insupportable.

C’est à l’occasion d’une visio-conférence que Claire Monod s’est pris la réalité en pleine face. La coordinatrice nationale de Génération.s nous raconte :
« Lors d’une réunion organisée par Matignon avec les différents chefs de partis, présidents des assemblées et des associations d’élus, il n’y avait que deux femmes : Marine Le Pen et moi. Autant dire qu’il n’y a qu’une femme qui a eu la parole. Quand cette invisibilisation apparaît sur un écran, ça saute aux yeux ! Comme cette photo de l’Assemblée nationale… »

Ce montage, c’est celui des orateurs de l’Assemblée nationale lors du débat qui a suivi, le 28 avril, la présentation du plan de déconfinement par le Premier ministre. Quatre femmes pour seize hommes, et encore, la première femme à avoir été aperçue au perchoir (si on ne compte pas les agents de nettoyage) l’a été au bout de 3h30 de débat… La « guerre », c’est une affaire d’hommes. Macron, Philippe, Véran [1], Le Maire et Castaner. Côté femmes, « à part Marine Le Pen, Sibeth Ndiaye et Marlène Schiappa, il n’y a plus personne dans les médias », déplore Sandra Regol, secrétaire nationale adjointe d’EELV, qui s’inquiète par ailleurs de la capacité de l’extrême droite à faire monter des jeunes femmes.
Face à cette situation, les députées Clémentine Autain et Elsa Faucillon ont pris l’initiative d’organiser un meeting numérique ce mercredi 6 mai à 17h30 sur les réseaux sociaux, intitulé « Corona viril ! Demain sera féministe ou ne sera pas ». Le constat est amer : « Tout fonctionne comme si la vague #MeToo et toutes les luttes féministes de notre temps n’avaient pas existé. Or cette vague dit combien nous ne voulons plus être enfermées dans le silence et l’invisibilité. Nous aspirons à être des sujets à part entière de notre vie et à participer à part égale avec les hommes à la vie de la cité. »
Car il faut se rappeler du contexte politique d’avant le Covid-19 : le mouvement #MeToo, la réforme des retraite (et la chanson À cause de Macron) et les César. « Il n’y a pas eu de révolution, concède Claire Monod, mais un fil conducteur qui mène vers cette colère. Franchement, on n’en peut plus ! » Pour Sandra Regol, la crise ne fait qu’exacerber la situation. Elle cite Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise pour que les droits des femmes soient remis en question ». L’écologiste se voit comme membre d’une génération qui doit permettre à la suivante de ne pas vivre la politique comme un milieu réservé au « HSBC : homme straight (hétéro) blanc cisgenre ».
Ce meeting entend bien reprendre le fil, avec une assez belle union de la gauche et des écologistes. Bien qu’à lire la liste des signataires du communiqué de presse [2], on réalise qu’à gauche aussi, les femmes sont bien là, en nombre, mais quasiment toujours à l’écart des postes de responsabilités, parfois à une place près ! Combien de femmes cheffes de parti ? Combien présidentes de groupe parlementaire ? Claire Monod et Nathalie Arthaud, Valérie Rabault (groupe socialiste à l’Assemblée) et Éliane Assassi (groupe communiste au Sénat) ? Peut-être bien que demain sera féministe, mais demain, c’est loin.
Mercredi à 17h30 : meeting en ligne pour dire #YaBasta au #Coronaviril. Demain sera féministe ✊@Clem_Autain @ManonAubryFr @ElsaFaucillon @EstherBenbassa @CarolineFiat54 @AuroreLalucq@roxane_Lundy @ClaireMonod @sandraregol@GabrielleSiry @NousToutesOrg pic.twitter.com/nhaKHmKau1
— Corona Viril (@CoronaViril) May 4, 2020
Cette situation porte un nom : la violence de la lutte des classes. En effet, Marx et Engels ne limitaient pas la lutte des classes à l’affrontement prolétariat/bourgeoisie. Ils intégraient dans cette catégorie les conflits entre nations (exemple pour eux l’exploitation de l’Irlande par la Grande Bretagne) et l’asservissement des femmes par les hommes au sein de la famille. Aujourd’hui il serait dramatique de découpler un de ces antagonisme au détriment des 2 autres. Il faut tenir les 3 combats en même temps : internationalisme, désaliénation par dépassement de l’économie capitaliste (capital exit !) et universalisation des droits de la personne humaine.
La menace anthropologique ne pourra être écartée sans ce combat sur les 3 fronts.
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