Quelques minutes après avoir appris l’heure à laquelle le Président s’exprimerait devant les Français, l’annonce tombait : Jean Castex serait devant les parlementaires le lendemain, ce jeudi 1er avril. Assemblée le matin, Sénat l’après-midi. « Pourquoi ? », questionnaient justement plusieurs articles de presse. Oui, pourquoi organiser un vote sur des mesures déjà annoncées ?
Pour maintenir l’illusion d’une démocratie, pardi ! Tout ceci n’est rien d’autre qu’une mauvaise mascarade. Le Premier ministre vient répéter ce que le Président a décidé, tout seul.
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Entouré de courtisans qui prient ses louanges, comme Jean-Michel Blanquer qui nous annonce que « le Président a acquis une vraie expertise sur les sujets sanitaires » grâce à son « intelligence » – hors du commun, nous n’en doutons pas –, il a confisqué le débat démocratique. Si les annonces régulières du Premier ministre ou d’Emmanuel Macron transforment tous les plateaux de télé en championnat de France de la prédiction dans les heures qui précèdent, c’est qu’en vérité, c’est isolé dans ces certitudes qu’il fait ses choix. Si toutes ces allocutions transpirent le paternalisme et l’infantilisation, c’est que malgré les mots polis de sa communication, se révèle un peu plus encore son mépris du peuple. Une réalité plus que réciproque. Son dégoût pour la démocratie ne s’arrête cependant pas là. Habitués à s’appuyer sur la répétition mécanique et grotesque des députés de sa majorité, l’action parlementaire n’a pas de grâce à ces yeux. C’est donc ni avec les populations ni avec leurs représentants que le Président engage la discussion sur la crise sanitaire, mais dans le secret de son Conseil de défense.
Aux côtés de tous les autres groupes d’opposition à l’Assemblée, je refuse de prendre part à ce vote sur des mesures déjà prévues, déjà annoncées. En nous levant, en nous cassant, nous retournons à l’envoyeur le mépris affiché pour les professionnels de santé à qui il est demandé de nouveau de « faire un effort » ! La comédie a trop duré.
Puis, se souvenant par intermittence de l’importance de l’apparence démocratique, c’est régulièrement qu’une fois décidées, puis annoncées, les mesures qui nous sont dictées au quotidien font leur apparition dans des débats expéditifs à l’Assemblée nationale. De bonne foi, nous avons joué le jeu face à la gravité de la crise et nous avons tenté d’avancer des propositions pour l’hôpital public, pour l’éducation, etc. Nous avons même participé à ces faux débats pour espérer en engendrer un vrai. Mais comme pour le reste de nos activités parlementaires, la comédie s’essouffle.
Nous ne pouvons plus participer à cette parodie. 100.000 de nos concitoyens sont morts. Nous ne voulons plus venir gentiment valider ce décor démocratique qui cache l’esseulement et l’obstination du pouvoir. Alors, aux côtés de tous les autres groupes d’opposition à l’Assemblée, je refuse de prendre part à ce vote sur des mesures déjà prévues, déjà annoncées. En nous levant, en nous cassant, nous retournons à l’envoyeur le mépris affiché pour les professionnels de santé à qui il est demandé de nouveau de « faire un effort » ! La comédie a trop duré.
Parodie de démocratie, c’est sûr et ce n’est pas nouveau.
J’ai une inquietude sur le diagnostic :
l’hôpital public n’est pas malade du Covid, mais de son démantèlement programmé, par Hollande puis Macron. Même chose pour l’école publique.
Et donc notre société n’est pas malade du Covid, mais du système capitaliste financier version 5G du 21e siècle.
En tirons nous toutes les conséquences ?
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