Les départementales ont moins attiré l’attention que les régionales. Leur examen n’est pourtant pas sans intérêt, pour mesurer une situation politique complexe et un rapport des forces incertains.
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La droite en pole position, la gauche tient…
La complexité des binômes et l’incertitude classique des étiquettes rendent difficiles les totalisations par étiquettes politiques. Les chiffres doivent donc s’analyser avec prudence et par regroupements larges.
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Globalement, l’avantage reste à la droite. Elle a le plus grand nombre de binômes (4100) et le plus fort nombre de suffrages exprimés (61%). En termes d’audience, elle conserve le niveau qu’elle avait atteint en 2015. Mais son rapport des forces interne s’est modifié. Si le Rassemblement national confirme la nationalisation de son implantation (il était présent dans 1630 cantons) et s’il obtient le score le plus élevé sur son nom (18,4%), son influence se tasse tout autant qu’aux régionales. Il perd la moitié de ses voix et recule de plus de 7% entre 2015 et 2021.
Formellement, le recul du RN favorise les Républicains qui confirment leur position centrale. Mais si le parti du président ne réussit pas son implantation départementale directe (le score de la République en marche est très modeste), le total des candidatures classées « centristes » approche les 16%, tandis que la droite parlementaire « pure » passe de 35 à 26%. LREM n’a pas plus réussi son pari que le RN, mais sans être pour autant laminée.
Quant à la gauche, la forte abstention lui permet de maintenir son influence (36% au total), grâce à son implantation militante locale et à son réseau d’élus. Mais, là encore, la distribution interne des forces est compliquée par la conjonction de deux phénomènes : la disparition du Front de gauche (8,5% en tout en 2015) et le recul des candidatures estampillées PS (-8,6% entre 2015 et 2021). Les voix perdues restent à gauche, mais se reportent plus volontiers sur des candidatures écologiste (+1,3%), des « divers gauche » (+3,4%) et, plus encore, vers des binômes regroupant l’ensemble de la gauche (7,8% vers une « union à gauche » et 9,3% vers une « union à gauche avec des écologistes »). À la différence de 2016-2017, il n’y a pas d’indice pour l’instant d’un gauchissement sensible de l’électorat. Mais il est vrai que la logique cantonale semble se prêter moins que d’autres à la politisation des scrutins. A fortiori, dans une élection exceptionnellement délaissée…

La ventilation des candidatures reflète bien sûr le rapport des forces global du premier tour : 1400 binômes à gauche et 2200 à droite. Mais la présence de près de 570 candidatures du Rassemblement national vient une fois de plus compliquer le tableau, notamment dans les 72 cantons où il est arrivé en tête. Le réflexe anti-RN jouera-t-il une fois de plus, ou la « dédiabolisation » se fera-t-elle sentir, surtout face à la gauche ? On le saura dimanche soir.
Où en est la gauche de gauche ?
La France insoumise était présente ès-qualités dans 177 cantons. Elle recueille un nombre de voix et un pourcentage modeste qui confirme sa faible présence territoriale : pas plus que la REM, elle n’a réussi à traduire en implantation locale l’influence acquise en 2017. Elle ne sera présente au second tour que dans quatre cantons, en Ariège, dans le Jura, à Cahors et à Montreuil.
De son côté, le PC se présentait en tant que tel dans 245 cantons. À la différence de la FI, il bénéficiait d’une implantation cantonale conséquente, certes nettement moindre que par le passé mais qui tournait autour de 150 sièges. Au second tour, il sera présent sous son étiquette dans 51 cantons et dans une soixantaine d’autres au titre des « divers gauche », « union de la gauche » ou « union de la gauche et des écologistes.
Au soir du premier tour, il a d’ores et déjà conservé deux cantons, dans l’Oise et la Lozère et perdu cinq cantons ou sièges de conseillers, dont Etain (Meuse) et Gardanne (Bouches—du-Rhône). Là où il est sortant, il est en situation favorable dans une soixantaine de cas et dans une situation difficile dans une quinzaine d’autres. Il peut espérer l’emporter dans quelques cas, dans les Alpes-de-Haute-Provence, les Hautes-Pyrénées, la Seine-Maritime, le Loiret et le Pas-de-Calais.
Reste le cas épineux, celui qui décidera de l’image globale du résultat : le Val-de-Marne. Dans ce département emblématique, mais depuis l’origine disputé entre le PC et la droite, les communistes sont menacés dans des zones municipales perdues en 2020, à Champigny et à Choisy. Tout dépendra donc de la capacité de sur mobilisation relative des protagonistes. L’enjeu cantonal parviendra-t-il à motiver les sortants ou leurs concurrents ? La dynamique municipale l’emportera-t-elle sur le désir de maintenir une tradition de gestion populaire bien ancrée ? Là encore, bien téméraire celui qui déduit du premier tour la prédiction du tour suivant.
On notera toutefois que, dans un cas, les lecteurs ont tranché un dilemme interne à l’univers du PC. À Vitry-sur-Seine, dans un des deux cantons en lice, ils ont préféré l’ancien maire évincé et sa colistière (Jean-Claude Kennedy et Isabelle Lorand) au maire en place, Pierre Bell-Lloch, accusé à l’été 2020 d’avoir fomenté un « putsch » pour évincer son prédécesseur…
Le fn est à la peine
Chez moi dans le sud du nord la droite appelle à voter pc !
Et vice versa !
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