Vous vous souvenez sans doute, c’était hier, avant-hier, il y a quelques jours, quelques semaines et c’était déjà le cas il y a quelques mois. Depuis le début de la crise sanitaire, ils sont fiers. Fiers d’eux-mêmes. De leur gestion de la crise. Le discours glorieux. Satisfait. Une mise en scène permanente. Cocorico ! On réussit mieux que partout ailleurs. On est les meilleurs. On organise la meilleure rentrée scolaire. On est le pays qui teste le plus. Bref, on est les plus forts. Et c’est à la fois ce que l’on veut montrer aux Français mais c’est aussi ce que l’on veut afficher aux yeux du monde.
Jusque-là, le gouvernement nous expliquait que non, il n’y a jamais eu de pénurie de masques ; que non il n’y a jamais eu d’embouteillage pour se faire tester ; que non il n’y a pas de problème d’approvisionnement des vaccins ; que non il n’y a jamais eu de tri de patients. On gère tellement bien, tout va tellement pour le mieux dans le meilleur des mondes que, jusque-là, il n’était pas question de reconfiner le pays tout entier pour la troisième fois. D’ailleurs, ça n’était pas possible car, pour les tenants des deniers publics : « On n’y survivra pas ». Nous n’y survivrons donc pas…
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Et c’est pourtant bien cette semaine que le gouvernement, avec trois semaines de retard sur la plupart de nos voisins européens, devrait annoncer un nouveau confinement. Comme le remarque très justement un journaliste de BFM sur Twitter : « Scénario désormais bien rodé : couvre-feu, JDD, confinement ». Le message est posté avec la Une du JDD qui évoque un « reconfinement imminent ». On prépare l’opinion. Alors : allons-nous y survivre ? Comment le gouvernement va-t-il se justifier ?
Voilà déjà plusieurs semaines que nos voisins se confinent, qu’ils prennent des mesures drastiques avec la propagation du « variant », que les épidémiologistes alertent les décideurs pour leur signifier qu’il y a urgence à confiner : pourquoi cette décision arrive-t-elle si tard ? Le président de la République devrait tenter de nous en dire davantage dans une allocution dès ce mercredi, après le conseil de défense. À force d’allocution, on se lasse. On connaît la chanson et il n’y a pas de raison que l’on soit très surpris. Comme l’a dit l’économiste Robert Boyer dans #LaMidinale : « Nous vivons dans une société congelée et on stagne dans la même vision depuis mars dernier : il n’y a pas beaucoup d’innovation ».
Pour un pays qui est entré « en guerre », comme l’affirme Emmanuel Macron, on ne peut pas dire qu’on innove beaucoup. On ne peut pas dire non plus que l’État soit des plus efficaces. « On a évidé les compétences de l’État », pense le même Robert Boyer. Pas sûr qu’à cette allure, on la gagne cette guerre. Voilà bientôt plus de deux semaines que les syndicats de Sanofi demandent la réquisition de leurs outils de production – à l’arrêt – pour fabriquer le vaccin de Pfizer. Rien ne bouge et Sanofi annonce la suppression de mille emplois, dont 400 dans le domaine de la recherche. Certains centres de vaccination ouverts dans l’urgence ont dû refermer leur porte, faute de vaccins. Mais… Cocorico ! Le Premier ministre Jean Castex a annoncé ce week-end que le nombre de vaccinés en France avait dépassé le million. On est bien content. Ça fait longtemps que nos voisins avaient dépassé le million. Mais on est content. On le sera sans doute plus quand la France entière, pour celle qui le souhaite, sera vaccinée. Que le gouvernement prendra des mesures cohérentes. Et surtout, qu’il saura tirer les leçons de ses trois grands échecs : les masques, les tests, les vaccins. D’ici là, il sera sage et décent de faire profil bas. Et de remettre le cocorico à plus tard. S’il chante encore…