Ainsi donc Julien Bayou serait devenu infréquentable, voire irresponsable, parce qu’il a participé à une manifestation du « CICF, le fameux conseil islamique », selon les termes de Ruth Elkrief qui voulait sans doute parler du CCIF – le Collectif contre l’islamophobie en France. Ainsi donc Alice Coffin, « différentialiste et féministe », serait elle-aussi sur le banc des accusés de la journaliste pour ne pas respecter les règles universalistes de la République. Ainsi donc David Belliard aurait eu tort de s’afficher aux côtés d’Assa Traoré qui dénonce « un État raciste et racisé », selon les termes de la journaliste de BFM qui s’emmêle les pinceaux. Elle ne maîtrise ni ne connaît le sujet visiblement. Mais on n’est pas à une approximation près.
LIRE AUSSI SUR REGARDS.FR
>> Présidentielle 2022 : Mélenchon peut-il dessiner une dynamique majoritaire ?
C’est ainsi que Ruth Elkrief s’est adressée à Anne Hidalgo, lors d’une interview diffusée samedi dernier, pour finir de lui demander comment elle pouvait aussi « longtemps travailler avec les Verts ». C’est vrai ça : comment est-ce possible ? La maire de Paris, de manière très spontanée, après que la journaliste a dressé le portrait des trois écologistes, répond en souriant : « Ce n’est pas moi du tout ça, c’est sûr ». Et d’ajouter : « Les partenaires verts sont plus complexes que ça. J’ai un problème avec leur rapport à la République ». Elle poursuit : « On a eu un certain nombre de crises où on a eu l’occasion de se dire ces choses-là, et encore récemment sur Samuel Paty ».
Peu de temps avant cet échange, Ruth Elkrief avait interrogé Anne Hidalgo sur le vœu du Conseil de Paris visant à attribuer un nom de rue à Samuel Paty à Paris. La journaliste s’est dite choquée que les écologistes n’aient pas voté ce vœu et a ainsi sommé la cheffe de l’exécutif parisien de dénoncer ce vote. Et Anne Hidalgo de répondre : « C’est choquant et je l’ai dit publiquement […]. On devrait être unanimes là-dessus et on ne l’a pas été ». Problème : ce vœu a été voté à l’unanimité du Conseil de Paris, écologistes compris.
Il y a une époque pas si lointaine où la gauche n’avait qu’un seul ennemi : l’extrême droite. Aujourd’hui, la presse et la politique se nourrissent et s’engraissent de cette extrême droitisation du débat public. Le danger ne vient plus des rangs de Marine Le Pen et de ses amis. Le danger, c’est nous.
Que la journaliste ait donné une information factuellement fausse est déjà très grave – il y a pourtant eu un nombre incalculable de démentis dans la presse – mais qu’Anne Hidalgo la reprenne à son compte pour décrédibiliser ses alliés écologistes relèvent d’une manipulation crasse, inquiétante, très violente eu égard au sujet. Et surtout très injuste.
Les attaques d’Anne Hidalgo à l’endroit de la gauche et, ce week-end en particulier, des écologistes interrogent : « Il y a une partie de relativisme qui s’est installé à gauche. Je suis attachée aux valeurs universelles. Je ne me suis jamais reconnu dans ce relativisme culturel qui a emporté une partie de la gauche vers quelque chose qui était une grille d’analyse qui faisait qu’on ne pouvait pas critiquer ceux qui été considérés plutôt comme des victimes. Je ne me suis jamais situé là-dedans », a-t-elle déclaré à BFM. Ça n’est pas encore du Manuel Valls dans le texte, mais on s’en rapproche.
Pour autant, si la maire de Paris ne goûte que peu les amitiés nouées par les écologistes, à l’instar d’Assa Traoré pour son combat en faveur de la justice, que dire de cette photo où elle pose fièrement avec Alexandria Ocasio-Cortez ?
Quel plaisir d’échanger avec @AOC à l’occasion du #C40Summit de Copenhague. Vamos ! ✊🏻 #Women4Climate #TheFutureWeWant pic.twitter.com/xHkQW2XAoY
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) October 10, 2019
Sait-elle au moins qu’elle défend les mêmes principes intersectionnels qu’Alice Coffin ou Assa Traoré ?
Il y a une époque pas si lointaine où la gauche n’avait qu’un seul ennemi : l’extrême droite. Les autres n’étaient que des adversaires politiques. Même les journalistes menaient cette bataille contre la « lepénisation des esprits ». Aujourd’hui, la presse et la politique se nourrissent et s’engraissent de cette extrême droitisation du débat public – même si parfois quelques signaux redonnent des raisons d’espérer, à l’instar de Décathlon qui vient de renoncer aux réclames sur CNews.
Nous préparons tranquillement son accession au pouvoir. Comme le dit l’avocat Patrice Spinozi : « On construit aujourd’hui la législation de notre asservissement de demain. Qui sait demain, qui pourra arriver au pouvoir ? » Le pire est devant nous. Et plutôt que de condamner et de combattre avec fermeté, le cœur à gauche assumé, les lois liberticides de ce gouvernement – celles qui pourraient bientôt nous priver de notre liberté d’informer et d’être informé –, Anne Hidalgo tire à boulets rouges sur ceux qui l’ont fait élire une deuxième fois. Ceux-là mêmes qui défendent les libertés, l’égalité et dénoncent les discriminations, le racisme.
Le danger ne vient plus des rangs de Marine Le Pen et de ses amis. Le danger, c’est nous, c’est Mediapart, c’est Julien Bayou, Jean-Luc Mélenchon, Assa Traoré ou Alice Coffin. C’est l’Unef, l’Observatoire de la laïcité et la LDH. De ces dangers-là, je veux bien. Dangereux de tous les pays, unissez-vous !
Bonjour
peut etre que Madame Hidalgo, sent le vent qui tourne,et ce recentre ,se démarquant de tous les "extrémistes" qu’ils soit vert, ultra féministes ou genres ou de la question raciale...elle se recentre pour peut être les élections.
Répondre