
Le tableau ci-dessus est le plus global : il fait la synthèse de la distribution des voix au premier tour des élections régionales en 2015 et 2021. Cette distribution se fait selon l’étiquette politique des têtes de liste en compétition.
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Globalement, le rapport des forces entre la gauche et la droite reste à peu près la même dans les bulletins déposés dans l’urne : un peu au-dessus de 35% pour la gauche, autour de 60% pour la droite. Ce qui change est la distribution interne de ces votes. L’extrême droite se tasse, tout comme le PS ; la droite classique fait un bond sensible et le centre y trouve une place un peu plus conséquente, même si LREM ne réussit pas son coup ; l’écologie politique gagne quant à elle plus de 7 points entre 2015 et 2021.
Une élection à faible participation favorise relativement les mobilisations militantes et les réseaux notabiliaires. Le RN n’est pas parvenu à « doper » ses forces militantes, tendues vers la prochaine présidentielle, et il n’a pas la base de notabilités qui compte dans ce type d’élection (le poids des exécutifs sortants). Les Verts ont tiré leur épingle du jeu, mais n’ont pas surpassé le PS. Entre les « forces classiques », c’est la mouvance LR qui a dominé le match. Dans ce champ largement occupé, le PCF et la FI ont joué les utilités, en solo ou en position de force d’appoint. Clémentine Autain et Sébastien Jumel sont les seuls à tirer leur épingle du jeu.
Telle est la « vérité » des chiffres…
Entre deux tours
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Le tableau ci-dessus compare les résultats obtenus par les listes en présence au premier tour et leur pourcentage au second. Mais pour les listes de gauche, la comparaison se fait avec le total des voix de gauche du premier tour, extrême gauche comprise.
LREM boit un peu plus la tasse au second tour : elle n’apparaît pas crédible dans son choix de se maintenir, que ce soit contre la gauche ou contre le RN. Celui-ci, à l’exception du Grand-Est, marque le pas : à l’issue du premier tour, il est clair que le parti de Marine Le Pen n’est pas un acteur central du scrutin, pas plus que le parti du Président. Discordance des temps entre une régionale et une présidentielle…
Les Républicains tire le bénéfice, au second tour, de son dynamisme du premier. Elle progresse partout, notamment en Pays de la Loire, en Auvergne-Rhône-Alpes et dans les Hauts-de-France, où elle progresse de plus de 10% entre les deux tours.
Quant à la gauche, elle a plutôt moins mobilisé ses électeurs, sauf en Occitanie et en Auvergne-Rhône-Alpes. Mais elle l’a fait d’autant moins qu’elle s’est montrée divisée, parfois jusqu’au bout, comme en Bretagne, en Normandie ou dans les pays de Loire.
Dans la dynamique de second tour, comme dans les résultats du premier, LR montre qu’elle n’est pas près de renoncer à son leadership à droite. À bon entendeur, salut !
Les deux faces du PCF

En 2015, le PC se trouvait sur des listes du Front de gauche dans 9 régions, élargies à EELV dans 2 d’entre elles (Occitanie et PACA) ; dans les Hauts-de-France et les Pays de la Loire, il se présentait seul. Dans six régions, ses listes n’ont pas passé le seuil qui permet de fusionner avec d’autres ; en PACA et dans les Hauts de France, il a été écarté du second tour par la menace du Front national ; en Corse, il sera écarté de l’Assemblée élue en novembre 2017.
En 2021, au contraire, il n’est écarté de toute représentation que dans trois régions : en Corse, en PACA et en Normandie, où aucun accord ne s’est conclu avec le PS entre les deux tours. Il a donc des élus dans 10 régions sur 13, au lieu de 5 régions en 2015. Son nombre de conseillers régionaux fait donc plus que doubler : 61 contre 29.
Quant aux élections départementales, on a évoqué hier le sort des catons « sortants », où le PCF disposait d’un ou de deux conseillers : sur 88 d’entre eux, 23 ont été perdus (un quart). Dans 25 cantons sans représentation communiste et où des listes étiquetées communistes étaient présentes, 7 cantons ont retrouvé un ou deux élus communistes le soir du second tour.
Mais si la statistique par cantons est intéressante, elle ne dit pas combien de conseillers départementaux sont proprement communistes. Pour le savoir, il faut aller au-delà des étiquettes « union à gauche » « union de la gauche et des écologistes » ou « divers gauche ». On a donc recherché, département par département, l’étiquette politique des élus. On n’a retenu dans l’inventaire que les conseillers qui se disaient ou étaient officiellement reconnus comme « communistes ». On a ainsi écarté la catégorie des « apparentés », qui n’est pas sans intérêt, mais n’est pas non plus sans ambiguïté. La direction du PC les mêle dans les effectifs comptabilisés : ce choix a sa logique et permet de mesurer un espace de proximité en principe plus étroit que celui de « l’allié » ; mais il ne permet pas de mesurer la dynamique du référent proprement communiste. Il n’a donc été retenu ici ni pour 2015 ni pour 2021.
L’analyse livre alors l’estimation suivante : en 2015, le PCF peut compter sur 141 conseillers régionaux répartis sur 39 départements ; en 2021, sur 133 conseillers installés dans 44 départements [1]. Le parti communiste a donc trouvé, dans plusieurs départements, la dynamique d’entre-deux-tours qui lui a permis de compenser le déficit de 16 cantons évoqué plus haut.
La stabilité globale du résultat masque toutefois une grande diversité. C’est ainsi que 38 sièges sont perdus dans 22 départements (dont 6 dans l’Allier, 4 dans le Val-de-Marne et 3 dans les Côtes d’Armor). En revanche 30 sièges sont gagnés dans 20 départements (dont 4 en Seine-Maritime, et 3 en Haute-Garonne et en Gironde). L’écart se resserre entre les extrêmes : 71 sièges pour les 10 premiers en 2015, 62 en 2021 ; l’éventail allait de 1 à 14 en 2015, de 1 à 10 en 2021).
Le PCF a donc augmenté le nombre de départements où il est représenté par au moins un conseiller. Il a timidement inversé le mouvement produit par le regroupement cantonal opéré pour le scrutin de 2015 : avant cette date, il a au moins un conseiller cantonal dans 61 départements (pour un total de 254 conseillers généraux), chiffre réduit à 39 en 2015. Il a désormais un conseiller départemental en Alsace, ce qui ne s’était plus vu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale...
Dilemmes stratégiques
Les communistes, qui ont bénéficié comme d’autres de la relative stabilité du scrutin cantonal, peuvent donc être satisfaits du bilan global de ces deux dimanches. Restent quelques interrogations stratégiques, dont certaines le concernent proprement, d’autres moins.
La nouvelle série électorale n’aura pas tranché le dilemme de la gauche française : séparée ou rassemblée, elle n’a pas trouvé la dynamique qui lui permet de concurrencer la droite lorsque celle-ci tient les rênes du pouvoir. Et là où les socialistes mènent le jeu, aucune combinaison du côté le plus à gauche ne vient écorner l’hégémonie locale du courant socialiste.
Le PCF a choisi l’alliance avec le PS dès le premier tour dans 7 régions. Cela lui assure un retour confortable en Bourgogne-Franche-Comté, dans le Centre-Val-de-Loire, la Nouvelle Aquitaine et surtout l’Occitanie (15 sièges). Mais si le gain en nombre est significatif, il peut être relativisé par la position subalterne que révèle le pourcentage par rapport au total des conseillers élus en métropole. Les 3,9% de 2021 sont certes supérieurs au 1,7% de 2015, mais n’écarte pas suffisamment les communistes de la position… des radicaux par rapport au PS. Le PCF peut-il jouer durablement le rôle d’aiguillon ou de porteur d’eau de majorités dominées par une forme de social-démocratie ? Quant à la seule alliance PC-LFI, elle frôle ou dépasse légèrement le seuil des 10% en Île-de-France et en Normandie, mais elle ne suffit pas à relancer une dynamique bien à gauche.
Les départementales ne contredisent pas ce constat. Les pertes de cantons ne sont compensées que partiellement par des listes explicitement classées comme communistes. De nouveaux conseillers – et de nombreux anciens – sont élus sur la base d’alliances d’union de la gauche et sont souvent en position seconde dans cette alliance. Le PCF bénéficie alors heureusement d’une meilleure dynamique à gauche, notamment face à la droite, mais sans que cela implique un redressement global de l’influence communiste proprement dite. Et, en tout cas, rien ne serait pire que de penser que les hirondelles font le printemps et que les résultats plus ou moins heureux d’un scrutin sont reproductibles en toute circonstance.
En maintenant le volume de sa représentation départementale et en doublant celui de son poids régional, le PCF s’en est plutôt bien sorti de l’épisode électoral de 2021. Mais la bonne image globale ne doit pas cacher une autre donnée de fond : le noyau d’implantation communiste ancien est érodé, ce que révèle symboliquement le double recul du Val-de-Marne et de l’Allier. En 1983, le maintien du nombre global de mairies communistes avait masqué le recul sensible dans les zones urbaines périphériques du « communisme municipal ». Le signal de 2021 est moins sensible (des gains sont enregistrés dans des zones urbaines importantes, par exemple en Normandie ou dans le Doubs), mais ne peut être laissé sans réflexion.
À l’issue de cette séquence, le PCF reste – mais il n’est pas le seul – devant un dilemme stratégique difficile. Il hésite entre depuis longtemps entre l’affirmation identitaire et l’insertion dans des rassemblements dominés par le PS. Ou plutôt, il a bien l’intention de combiner les deux, en affirmant son identité à la présidentielle et en engrangeant des positions électives à d’autres scrutins, quel qu’en soit le prix. Cette façon de faire est-elle payante à terme ? La direction du parti ne manquera pas d’utiliser ses résultats des deux dimanches pour plaider en faveur de ses choix. On ne discutera pas ici de leur pertinence. On se contentera de rappeler qu’en 1998, pour la première fois, Robert Hue fit décider de s’allier partout avec le PS aux élections régionales. Le PCF passa ainsi de 113 à 152 conseillers régionaux ; mais en 2002, le numéro un du parti passa en sens inverse de 8,7% à 3,4% à l’élection présidentielle…
L’analyse des chiffres pour ces deux élections est objective !
On peut toujours chipoter sur les apparentés ! Mais bon !
Le pcf a sans doute un double défi !
Affirmer une identité du 21 ème siècle et être un parti qui a prône le rassemblement des forces de gauche !
Par contre je suis plus que circonspect sur la comparaison avec Robert hue
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