Ça faisait longtemps que l’Assemblée nationale ne nous avait pas offert un de ces moments de cafouillage, digne de la défense des Girondins de Bordeaux ! Rappelez-vous, en juillet 2017, la majorité pléthorique dont jouissait à l’époque Emmanuel Macron oscillait entre le grand n’importe quoi et la cacophonie générale. Tant et si bien que Christophe Castaner, patron du groupe, avait annoncé que les députés LREM passeraient l’été à « réviser » les règles de la vie démocratique…
Visiblement, la leçon est oubliée.
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La scène se passe mardi 3 novembre, en fin de journée. Les députés débattent de la prorogation de l’état d’urgence sanitaire. Une bagatelle pour l’exécutif qui entend bien fixer la fin au 16 février.
Sauf que…
Au moment du vote, un amendement de la députée LR Josiane Corneloup propose la date du 14 décembre. Amendement voté à main levé et… adopté par les oppositions, grâce à une majorité dont les rangs sont trop clairsemés pour faire face. Patatras ! Il faut le chercher quand même pour faire tomber LREM à l’Assemblée, qui compte – malgré les nombreuses défections – pas moins de 271 députés, auxquels il faut toujours ajouter les 56 Modem, les 20 Agir et quelques UDI. Explication de texte de Josiane Corneloup : « Les fêtes de fin d’année sont un moment privilégié » et « il convient de tout mettre en oeuvre pour permettre aux Français de se retrouver en famille ».
Un autre amendement a ainsi été adopté hier soir, celui du député Paul Molac (groupe Libertés et territoires) qui « prévoit que le confinement décrété par l’exécutif à partir du 30 octobre ne puisse être renouvelé au-delà du 30 novembre qu’après accord du Parlement », lit-on sur franceinfo.
Vous en rêviez ? Ils l’ont fait !
Et il n’en fallait pas plus pour mettre le ministre de la Santé hors de ses gonds. Olivier Véran a rappliqué fissa dans l’hémicycle, lui qui était alors en visite au Centre hospitalier Sud Francilien de Corbeil-Essonnes. Et là, face aux parlementaires, racontant ce qu’il avait vu dans cet hôpital, il a craqué :
« Dans la première chambre il y avait un jeune homme de 28 ans. De 28 ans. En coma. Intubé, ventilé, avec pas loin de dix pousse-seringues pour pouvoir l’alimenter et lui fournir les médicaments essentiels pour le maintenir en vie. Dans la deuxième chambre, il y avait un homme en surpoids, âgé de 35 ans. C’est ça la réalité mesdames et messieurs les députés ! Si vous ne voulez pas l’entendre, sortez d’ici ! Elle est là la réalité de nos hôpitaux ! Vous êtes en train de débattre de sujets alors que nos soignants se battent pour sauver des vies de cette manière-là dans nos hôpitaux ! »
"C'est ça la réalité, si vous ne voulez pas l'entendre, sortez d'ici !", assène @olivierveran en décrivant de jeunes patients actuellement en réanimation.
> Le face à face se durcit entre le gouvernement et Les Républicains#PLF2021 #DirectAN #PJLEUS pic.twitter.com/sUMIDr99F4— LCP (@LCP) November 3, 2020
Pourquoi tant de colère ?
On sait Olivier Véran en conflit avec plusieurs ministres au sujet des mesures à prendre pour lutter contre le Covid. Finalement, Emmanuel Macron a tranché et opéré ce reconfinement « light », contre l’avis de son ministre de la Santé et du Conseil scientifique. On voit désormais Olivier Véran lâché par sa majorité parlementaire – jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas du fait de l’opposition si la majorité s’est retrouvée minoritaire lors de ces votes. Mais ce n’est pas à eux qu’il s’adresse. Ce n’est pas le président du groupe LREM Christophe Castaner qui est là pointé du doigt pour avoir permis la pagaille. Non. Nous voilà avec un ministre qui hurle à des députés d’opposition de sortir de l’Assemblée s’ils ne veulent pas accepter la « réalité », sous les huées et les applaudissements entremêlés.
Triste spectacle.
Plus concrètement, pour contrecarrer tant d’audace parlementaire (une opposition qui propose autre chose), Olivier Véran a demandé la « réserve des votes » pour tous les amendements et articles à venir sur ce projet de loi, dont l’adoption définitive est prévue pour ce vendredi. Personne ne serait vraiment étonné que l’exécutif demande, en plus, une nouvelle délibération sur les deux amendements de la discorde.
« Je ne voudrais surtout pas que nous ayons à présenter aux Français un texte tellement déstabilisé », justifie le ministre. La démocratie, le débat parlementaire (et contradictoire), les droits de l’opposition, tout ça, tout ça, on savait bien qu’ils n’aimaient pas ça, mais à ce point-là...
C’est la trahison à l’ennemi des parlementaires - Mélenchon et sa clique compris - qui finira par faire exploser la marmite..!!...
L’ennemi c’est le N.O.M. , le Nouvel Ordre Mondial..!!!...
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