Il y en a eu des mains tendues pour ces élections européennes ! Pour prendre, jamais pour se faire prendre. Résultat des courses, à l’heure où nous écrivons ces lignes, les électeurs de gauche pourraient avoir à choisir, le 26 mai prochain, entre Lutte ouvrière, le NPA, La France insoumise, le PCF, Génération.s, Place publique, EELV ou le Parti socialiste. Sept partis de gauche, auxquels pourrait s’ajouter une liste "gilets jaunes", voire plusieurs…
Le pire dans tout cela, ça n’est pas tant l’embarras du choix que les perspectives quasi-nulles de voir une de ces listes dépasser les 10%. Seuls LFI et EELV semblent en mesure de challenger le leadership de la gauche. Mais pour quoi faire ? Être majoritaire parmi les minoritaires ? Certes, les sondages ne font pas une élection, mais la dynamique du "chacun pour soi" n’augure rien de très réjouissant.
Un pour tous, mais pas tous pour un
Pour le moment, les tractations sont toujours en cours, qu’il s’agisse des négociations entre partis pour d’éventuelles alliances, ou ne serait-ce que pour se choisir une tête de liste. Manon Aubry mène la liste La France insoumise, Ian Brossat celle du PCF, Nathalie Arthaud pour Lutte ouvrière, Yannick Jadot EELV et Benoît Hamon Génération.s. Le NPA est toujours en train de récolter des fonds pour financer sa campagne, mais sa présence aux européennes demeure hypothétique.
Au sein de ce peloton-là, les stratégies divergent. Quand EELV (qui se sent pousser des ailes comme à chaque élection européenne où les scores des Verts sont plutôt supérieurs à ce qu’ils font aux autres élections) et LFI (toujours arc-boutée sur le score de son leader aux dernières présidentielles) ont décidé clairement et depuis longtemps qu’ils ne voulaient aucune alliance, il n’en va pas de même pour les autres : Benoît Hamon n’a eu de cesse de vouloir tisser une alliance avec le PCF qui n’a, de son côté, eu de cesse de refuser la main tendue – alors même qu’il risque de rester sous la barre fatidique des 5%, et donc de n’avoir aucun élu.
Seulement, le PCF doit affronter une crise identitaire interne qui le mure dans une nécessaire impasse : d’un côté, il aimerait pouvoir faire des alliances de raison, basées sur une feuille de route commune avec ses partenaires traditionnels, d’un autre il y a eu un congrès en octobre dernier qui a vu la victoire de la ligne "on-se-présente-tout-seul-aux-élections-parce-que-c’est-à-cause-de-ça-qu’on-a-disparu". Alors Benoît Hamon a beau proposer toutes sortes de têtes de liste issues de la société civile, rien n’y fait. Le deal des communistes est clair : c’est tous derrière Ian Brossat ou rien.
Les limites de la méthode Coué
Reste alors Place publique et le PS. Olivier Faure, le patron des socialistes, est dans la mélasse. Personne ne veut prendre les commandes du Titanic. Ségolène Royal a refusé le poste. Des noms circulent – donc celui du secrétaire national –, mais pas de quoi renverser la table. Le PS pourrait finir par opter pour un eurodéputé sortant. En parallèle de ce dilemme, les sociaux-démocrates seraient sur le point de trouver un accord pour unir leurs "forces". Une alliance qui pourrait alors être emmenée par Olivier Faure ou Raphaël Glucksmann. Ce dernier n’aura donc pas réussi à convaincre la "gauche pro-européenne" à proposer une alternative crédible face à LFI.
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De son côté, Benoît Hamon a dévoilé mardi 26 février les 30 premiers noms de sa liste aux européennes. Et il veut y croire : #Hopeisback (l’espoir est de retour, NDLR) était même le hashtag de la soirée d’hier. Mais ça reste qu’un hashtag.
La seule chose, finalement, qui rassemble tous ces partis de gauche, c’est leur unanimisme à déclarer : "Oui à l’union, mais derrière moi". Logique pour un scrutin à la proportionnelle. Mais, pour rappel, il faut réunir au moins 5% des suffrages pour commencer à obtenir des sièges au Parlement européen, et 3% pour être remboursé. Pas de quoi enchanter les électeurs.
La gauche existerait-elle encore ?
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