Accueil | Par Loïc Le Clerc, Pablo Pillaud-Vivien | 27 février 2019

Européennes : qui seront les losers de la gauche ?

La gauche française, combien de divisions ? Cinq, six, sept, huit listes ? À trois mois du scrutin européen, une seule chose est sûre : la gauche est dans un piètre état.

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Il y en a eu des mains tendues pour ces élections européennes ! Pour prendre, jamais pour se faire prendre. Résultat des courses, à l’heure où nous écrivons ces lignes, les électeurs de gauche pourraient avoir à choisir, le 26 mai prochain, entre Lutte ouvrière, le NPA, La France insoumise, le PCF, Génération.s, Place publique, EELV ou le Parti socialiste. Sept partis de gauche, auxquels pourrait s’ajouter une liste "gilets jaunes", voire plusieurs…

Le pire dans tout cela, ça n’est pas tant l’embarras du choix que les perspectives quasi-nulles de voir une de ces listes dépasser les 10%. Seuls LFI et EELV semblent en mesure de challenger le leadership de la gauche. Mais pour quoi faire ? Être majoritaire parmi les minoritaires ? Certes, les sondages ne font pas une élection, mais la dynamique du "chacun pour soi" n’augure rien de très réjouissant.

Un pour tous, mais pas tous pour un

Pour le moment, les tractations sont toujours en cours, qu’il s’agisse des négociations entre partis pour d’éventuelles alliances, ou ne serait-ce que pour se choisir une tête de liste. Manon Aubry mène la liste La France insoumise, Ian Brossat celle du PCF, Nathalie Arthaud pour Lutte ouvrière, Yannick Jadot EELV et Benoît Hamon Génération.s. Le NPA est toujours en train de récolter des fonds pour financer sa campagne, mais sa présence aux européennes demeure hypothétique.

Au sein de ce peloton-là, les stratégies divergent. Quand EELV (qui se sent pousser des ailes comme à chaque élection européenne où les scores des Verts sont plutôt supérieurs à ce qu’ils font aux autres élections) et LFI (toujours arc-boutée sur le score de son leader aux dernières présidentielles) ont décidé clairement et depuis longtemps qu’ils ne voulaient aucune alliance, il n’en va pas de même pour les autres : Benoît Hamon n’a eu de cesse de vouloir tisser une alliance avec le PCF qui n’a, de son côté, eu de cesse de refuser la main tendue – alors même qu’il risque de rester sous la barre fatidique des 5%, et donc de n’avoir aucun élu.

Seulement, le PCF doit affronter une crise identitaire interne qui le mure dans une nécessaire impasse : d’un côté, il aimerait pouvoir faire des alliances de raison, basées sur une feuille de route commune avec ses partenaires traditionnels, d’un autre il y a eu un congrès en octobre dernier qui a vu la victoire de la ligne "on-se-présente-tout-seul-aux-élections-parce-que-c’est-à-cause-de-ça-qu’on-a-disparu". Alors Benoît Hamon a beau proposer toutes sortes de têtes de liste issues de la société civile, rien n’y fait. Le deal des communistes est clair : c’est tous derrière Ian Brossat ou rien.

Les limites de la méthode Coué

Reste alors Place publique et le PS. Olivier Faure, le patron des socialistes, est dans la mélasse. Personne ne veut prendre les commandes du Titanic. Ségolène Royal a refusé le poste. Des noms circulent – donc celui du secrétaire national –, mais pas de quoi renverser la table. Le PS pourrait finir par opter pour un eurodéputé sortant. En parallèle de ce dilemme, les sociaux-démocrates seraient sur le point de trouver un accord pour unir leurs "forces". Une alliance qui pourrait alors être emmenée par Olivier Faure ou Raphaël Glucksmann. Ce dernier n’aura donc pas réussi à convaincre la "gauche pro-européenne" à proposer une alternative crédible face à LFI.

 

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De son côté, Benoît Hamon a dévoilé mardi 26 février les 30 premiers noms de sa liste aux européennes. Et il veut y croire : #Hopeisback (l’espoir est de retour, NDLR) était même le hashtag de la soirée d’hier. Mais ça reste qu’un hashtag.

La seule chose, finalement, qui rassemble tous ces partis de gauche, c’est leur unanimisme à déclarer : "Oui à l’union, mais derrière moi". Logique pour un scrutin à la proportionnelle. Mais, pour rappel, il faut réunir au moins 5% des suffrages pour commencer à obtenir des sièges au Parlement européen, et 3% pour être remboursé. Pas de quoi enchanter les électeurs.

 

Loïc Le Clerc & Pablo Pillaud-Vivien

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Vos réactions

  • La gauche existerait-elle encore ?

    Pierre Le 27 février 2019 à 21:52
       
    • si on prends en compte qu’EELV et le PS veulent rejoindre le PPE au parlement européen (la Droite populiste), la gauche ne représente plus que 16% de l’électorat.
      84% des électeurs sont de droite

      L’immigration a été organisée par la Droite Catholique pour détruite la gauche athée et le Socialisme à la française (De Gaulle, Chirac, Giscard, Sarkozy, etc).

      On arrive au bout de ce processus
       les prolos qui votaient à gauche vont désormais voter en masse pour le libéralisme économique de Marion Maréchal. Les bourgeois ont été les plus malins et les plus forts, comme souvent.

      turlututu Le 12 mars 2019 à 11:22
  •  
  • Bonjour
    Pourquoi rassembler la "gauche", est-ce nécessaire ?...d’abord , qu’elle gauche ?, existe t-elle ?.
    électeur de base et d’en bas , je doute fortement de cette nécessité.
    Le PS n’a pas fait son autocritique, n’a pas choisie entre libéralisme et social -démocratie. ....
    Puis les gilets jaunes sont passer par là, qui rejette autant la droite que la Gauche.
    Pour moi, cela viens trop tôt.

    bob Le 27 février 2019 à 22:05
  •  
  • je vais voter pc car car plus proche de mes idées
    de plus je connais bien marie Hélène bourlard et son investissement auprès du monde du travail
    pour autant j’ai bien peur que toute la gauche ! combien
    de divisions ? ne finisse comme en Italie

    jean pierre dropsit
    le 27 février a 23:00

    JEAN-PIERRE DROPSIT Le 27 février 2019 à 23:18
       
    • Le Parti Communiste n’est plus Communiste, vous en avez conscience ? C’est un parti qui mise sur l’économie de marché aujourd’hui.

      La FI, elle, propose la planification de l’économie par l’État.

      benewiwi Le 1er mars 2019 à 14:27
  •  
  • Je crois que le problème de la gauche française (mais pas seulement de la gauche) c’est La République En Marche qui est un parti artificiel (monstrueux) composé d’anciens socialistes, d’anciens centristes et d’anciens membres de la droite modérée. Ainsi constituée LREM force donc l’électeur qui choisit ce vaste ensemble à souvent approuver des idées qui ne sont pas les siennes. Il faudrait à mon avis 1) dénoncer l’imposture de ce parti qui ne devrait pas exister 2) empêcher qu’il ne s’installe dans tous les domaines de la vie politique et 3) ne pas hésiter parfois à affirmer des idées semblables à celles que LREM défend, car ce n’est pas en se démarquant systématiquement que l’on éliminera ce parti et que l’on reviendra à une situation un peu plus normale mais en le dénonçant publiquement (pourquoi, à cause de LREM, ne peut-on plus être aujourd’hui seulement de gauche modérée ou seulement de droite modérée ?), ce que n’a pas fait par exemple le retraité Hollande, qui a assisté sans réagir à la disparition (dissolution) de son parti.

    Jy2m Le 28 février 2019 à 01:04
  •  
  • Désespérant !

    Notre surpopulation va tuer l’ espèce humaine et un quarteron de politicards hypertrophiés de l’ego continue à trépigner pour profiter de la bonne sousoupe en refusant de s’allier.

    Répugnant !

    La seule chose urgente qui reste à faire c’est de descendre dans les rues et obliger tous ces guignols à ne s’occuper que de ce drame en cours.

    Dire que notre unique espoir c’est que les gamins, enfin conscients de l’urgence, foutent la révolution dans le monde entier pour sauver ce qui pourrait encore être sauvé...

    H. TEXIER Le 1er mars 2019 à 16:12
  •  
  • Comme souvent, l’idée vient d’ailleurs : plus précisément d’une adolescente suédoise, Greta Thundberg, transformée en « icône » par la grâce des trompettes de la renommée médiatique, et reçue hier par le président de la République en grande pompe. La lettre – ouverte, bien entendu, autrement ou est l’intérêt ? – qu’elle a adressé au président donne une idée assez intéressante de ses motivations : « Si vous continuez à faire comme si de rien n’était, vous allez échouer. Et si vous échouez, vous allez être perçu comme l’un des pires méchants de l’histoire de l’humanité ». On peut dire que Melle Thundberg a bien compris comment le monde fonctionne : la menace la plus terrible n’est pas d’échouer à sauver la planète, mais de « être perçu comme méchant », ce qui dans le monde-Disney est une peine des plus terribles. En tout cas, que le président de la République encourage les adolescents à « sécher » les cours pour poursuivre les bonnes causes montre bien l’importance qu’il donne à l’éducation.

    Maurice Le 2 mars 2019 à 07:22
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  • On se demande si quelqu’un est capable d’avoir une analyse réellement politique à Regards. Voila quelques temps que je n’étais pas venu visiter le site et je me rends compte que je n’ai rien raté.

    choucroute Le 3 mars 2019 à 21:22
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  • Ils vont le faire, Macron n’a pas rêvé mieux

    tartuf Le 4 mars 2019 à 21:05
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  • Cette analyse n’est vraiment pas très sérieuse. La gauche ? laquelle ? celle de Faure qui a soutenu Hollande jusqu’au bout et qui ne veut absolument pas toucher aux traités européens et au pacte de stabilité et l’austérité. celle d’EELV qui a disparu du paysage, plus d’adhérents dans l’Yonne mais qui s’enthousiasme pour l’économie de marché et pour qui aussi pas question de revenir sur les traités. Celle de la FI mais quels sont exactement ses positions ? celle de Clémentine Autain ce matin sur France culture à propos des traité-babco- ou d’autres ce n’est jamais bien clair. Quant au pauvre Hamon victime bien évidemment des communistes, cela ne peut être autrement, qui continue à exiger que l’on ne touche pas aux traités et qui voulait à tout prix être tête de liste. Il n’a jamais rien proposé d’autres sinon son référendum qui a fait rire tout le monde. C’est sur un projet que l’on construit l’Europe des peuples solidaires et pas avec les vieilles recettes maastrichiennes. Et ils se sont mis à deux pour écrire ce texte ?

    Alain RAYMONT Le 5 mars 2019 à 10:39
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  • « Celle de la FI mais quels sont exactement ses positions ? »
    Le moyen le plus simple de la savoir est de se connecter au site internet de la Fi et de cliquer sur le lien Européennes et sur Le programme européen.

    choucroute Le 5 mars 2019 à 13:45
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  • un article superficiel , rien sur le contenu, sur les idées, les programmes, les points de divergence et de convergence entre les différents courants de la gauche
    ou se situe les clivages sans les surestimer entre EELV et la FI par exemple
    Que représente politiquement le courant HAMON ,
    Quel est l’enjeux actuel du PCF,le NPA ou LO
    faire progresser le réflexion suppose faire autre chose que du copié-collé des bavardages du MONDE, MEDIAPART et autres gazettes

    santo centuri Le 10 mars 2019 à 17:26
       
    • Vous avez raison, votre remarque sur l’utilité de l’article est pleine de bon sens. je vous suis là-dessus...

      carlos Le 11 mars 2019 à 12:02
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