Monsieur le président de la République,
Je suis maire de Champigny-sur-Marne, une commune de plus de 78.000 habitants ; un maire aujourd’hui très en colère et je vais vous dire pourquoi.
Depuis maintenant plusieurs semaines, une épidémie sans précédent frappe la France, l’Europe et le monde. La pandémie due au SARS-CoV-2, désormais plus connue sous le nom de Covid-19, a fait, depuis son apparition fin décembre en Chine, au moins 75.000 morts dans le monde, dont 54.000 en Europe, un million et demie de personnes sont contaminées. A ce jour, dans notre pays, on nous annonce près de 9.000 décès et plus de 7.000 personnes en réanimation.
LIRE AUSSI SUR REGARDS.FR
>> En avant, pas comme avant
Cette crise sanitaire est inédite, par son ampleur, mais aussi par la remise en cause qu’elle occasionne de notre modèle de société. Les fondations même en sont ébranlées, voire fissurées et des changements importants sont à prévoir dans le jour d’après. Oui, j’en suis persuadé, rien ne DOIT plus jamais être comme avant.
Mardi 1er avril, dans une usine de fabrication de masques, vous avez affirmé : « On vit quelque chose d’inédit, on ne peut pas demander à des gens de l’avoir prévu il y a dix ans ».
Si personne ne pouvait anticiper le Covid-19, on pouvait prévoir l’effondrement de notre système public de santé.
Combien d’alertes depuis dix ans ? Des centaines, voire des milliers. Partout, sur tout le territoire national, soignants, infirmiers, médecins, directeurs d’hôpital, internes, personnel des EHPAD, ont crié, ensemble, leur colère face aux politiques d’austérité imposées par les gouvernements successifs.
En 2018, à Champigny, dans le cadre d’un mouvement national historique, les agents de l’EHPAD se sont mobilisés pour exiger plus de moyens humains et financiers. Le « Plan grand âge » imaginé après la canicule de 2003, prévoyait 1 soignant pour un résident ; dans le Val-de-Marne, nous sommes sur une fourchette comprise entre 0,07 à 0,13 soignant par résident. Votre ministre de la Santé de l’époque, Agnès Buzyn, avait répondu par le déblocage de 50 millions d’euros, bien loin des moyens exigés par les enjeux posés par la question de la dépendance.
Les politiques libérales de santé par leurs actions et leurs orientations ont aussi contribué à faire de certains secteurs, comme celui de la psychiatrie, un secteur économique comme un autre ; c’est aujourd’hui le parent pauvre de la santé publique, avec des personnels en souffrance et des patients en détresse. « Le but n’est plus de soigner, mais de réhabiliter économiquement », confient de nombreux infirmiers.
Il ne faut pas non plus oublier le secteur du handicap, qui ne dispose pas aujourd’hui des moyens nécessaires, humains et financiers, pour mener une politique publique ambitieuse et de qualité, et rendre de la dignité aux familles concernées.
« Nous sommes à l’os ! » Combien de fois n’avons-nous pas entendu cette phrase sur les plateaux télés ou dans les manifestations ! On se souvient tous de l’été 2019, où chaque semaine était battu le record du temps passé sur un brancard. 60 heures par-ci, 96 par-là, jusqu’à 120 heures à l’hôpital de Saint-Étienne. Nous avons connu de terribles drames. Je pense à cet homme, victime de la maladie d’Alzheimer, retrouvé mort 15 jours après sa disparition dans un couloir désaffecté de l’hôpital de Marseille.
Là aussi, les cris d’alerte ont foisonné. Lison, aide-soignante aux urgences de Saint-Malo : « Ça devient de l’abattage ». Emma, infirmière : « Je viens au travail la boule au ventre ». Ou encore Xavier infirmier « Je me sens à bout ».
Rien n’a été fait, ou si peu.
« Du déni, nous sommes passés au mépris. » Je me souviens encore de cette réponse d’un urgentiste aux 750 millions d’euros que vous avez mis sur la table en 2019 pour tenter d’éteindre la colère. Le journaliste Yves Calvi avait même osé parler de « la pleurniche permanente hospitalière ».
Comment en est-on arrivé là ?
Nous le savons, la façon dont le système de santé d’un pays est financé et administré est cruciale. En France, depuis des dizaines années, le choix a été fait de gérer les hôpitaux comme des entreprises. On ne parle plus de patient, mais de client. On ne parle plus de prestations, mais de tarifications à l’acte. On ne parle plus de directeur d’hôpital, mais de directoire voir de gouvernance.
Enfermés dans une logique purement comptable, où les tableurs Excel et autres indices de performances sont devenus les seuls critères d’évaluation de nos hôpitaux, mais plus largement de notre politique de santé publique, nos dirigeants n’ont eu de cesse de porter des coups au service public de santé.
Depuis votre arrivée au pouvoir en 2017, le budget des hôpitaux publics a été amputé d’1,5 milliard d’euros. Un chiffre résume l’étendue de la casse : en 15 ans, 100.000 lits hospitaliers ont été supprimés.
Nous le savions et la crise le dévoile au grand jour, nous n’étions pas prêts à affronter une épidémie d’une telle ampleur. Comment pourrions-nous l’être alors que nous avons fermé des milliers de lits et supprimé des centaines de postes ?
Aujourd’hui tout le monde a le regard rivé sur la région Grand-Est et l’Ile-de-France et salue, à juste titre, le dévouement exceptionnel du personnel médical. Mais cela ne doit en aucun nous faire oublier les choix politiques qui ont mené à cette situation. Pas plus tard qu’en juillet dernier, l’ARS (Agence Régionale de Santé) du Grand Est prévoyait de supprimer 600 postes au CHU de Nancy au nom de réduction budgétaire !
Notre incapacité à produire des masques met en exergue des années de casse industrielle, y compris à l’égard d’entreprise d’utilité publique, où le choix a été fait de délocaliser, d’externaliser et de sous-traiter. Même la politique des stocks, indispensable pour anticiper les crises, a été abandonnée. Toujours au nom du même dogme : faire des économies !
Dans cette crise du Covid-19, les communes jouent un rôle essentiel, la nôtre en particulier, a fait le choix volontaire il y a 15 jours, d’ouvrir dans un gymnase le premier centre de consultation Covid-19 du département, tout en maintenant les services de nos deux centres municipaux de santé, les appels téléphoniques aux personnes fragiles, le port de repas à domicile.
Les communes rappellent avec force qu’elles demeurent le lieu de proximité le plus adéquat, essentiel à la vie quotidienne comme lors de graves crises. Je tiens ici à saluer le formidable dévouement des agents communaux qui assurent la continuité de ces services publics. Le pays tient aussi grâce à eux !
En 2018, lors d’une remise de pétition signée par plus de 3000 Campinois, je vous avais alerté sur les conséquences des politiques de réduction des dotations publiques. Pour Champigny, cela représente une perte sèche de plus de 27 millions d’euros ! À l’époque, votre Premier ministre n’avait même pas daigné nous recevoir, préférant envoyer un conseiller nous rencontrer sur un bout de trottoir. Déjà le mépris était la marque de votre gouvernement.
Monsieur le Président, il serait bon de se rappeler que les communes existent, et pas seulement lors de graves crises !
Que faire ?
Cette épidémie et sa gestion, sont un miroir extrêmement puissant des faiblesses de notre société, basée sur des logiques de concurrence et de profits. Nous assistons à un effondrement du logiciel libéral. La crise actuelle touche la finance, l’économie, les écosystèmes, le politique, le géopolitique, l’alimentation, l’éducation, le logement, etc. Aucun secteur n’est et ne sera épargné. Personne n’en mesure aujourd’hui les conséquences.
Si cette pandémie met à nu les choix politiques contraires faits depuis des années, notre responsabilité est de préparer le jour d’après. En vérité, il a déjà commencé. Ne soyons pas dupes, les choix qui vont structurer le monde de demain, vont se jouer dans les prochaines semaines.
« Il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché », ces mots sont les vôtres, le 12 mars dernier. Vous avez récidivé le 31 mars en affirmant « qu’il faut produire plus sur le sol national pour réduire notre dépendance et nous équiper dans la durée » ; vous avez même osé le terme de « maîtrise de protection industrielle ».
En même temps, vous refusez de sauver la dernière usine d’Europe située près de Clermont-Ferrand, qui fabrique des bouteilles d’oxygène, acceptant ainsi que la France soit dépendante des marchés étrangers.
Il y a urgence à agir, maintenant, non pas pour interroger notre modèle économique et social, mais pour en construire un nouveau. Oui, il faudra des choix de rupture !
Ensemble, nous devons proposer un nouvel imaginaire, un nouveau récit commun pour en finir avec les traités de libre-échange qui sacrifient notre souveraineté et érigent la concurrence comme l’alpha et l’oméga de toutes nos décisions politiques.
Il est temps d’en finir avec l’obsession des profits, de la rentabilité du courtermisme. Ce sont les mêmes personnels de la santé qui le demandent, en s’offusquant des appels aux dons qui font honte à la 6ème puissance financière mondiale.
D’autres choix sont possibles. Des choix qui priorisent les services publics, nationaux comme communaux, et les érigent en bien commun de la nation, des choix qui placent l’écologie, la juste répartition des richesses, l’intérêt général et la justice sociale au cœur des politiques publiques de ce pays.
La santé, par exemple, doit échapper aux lois du marché d’où qu’elles viennent. Nous avons besoin d’un grand plan d’investissement pour l’hôpital public et pour la recherche médicale, en revalorisant ces filières d’études, en permettant des milliers d’embauches, des ouvertures d’hôpitaux de proximité, la revalorisation des salaires, et une autre gouvernance !
Face à la gravité de la crise qui nous frappe, les réponses doivent être à la hauteur des enjeux. Il s’agit de changer de logique et de changer le monde !
Cela ne sera pas simple. Les tenants de la finance sont déjà à l’offensive pour proposer des solutions cosmétiques leur permettant de garder la mainmise sur les richesses et sur nos vies, tout en échappant à leurs responsabilités.
Je suis pour ma part favorable à ce que les services publics soient sanctuarisés dans notre Constitution, en réaffirmant une idée majeure : c’est notre bien commun, inaliénable.
Monsieur le Président, alors que des millions de salariés sont en situation de chômage partiel, que des milliers risquent de perdre leur emploi, que de nombreuses TPE et PME risquent de disparaitre, je vous demande de prendre des mesures immédiates pour interdire aux entreprises du CAC-40 de verser des dividendes à leurs actionnaires, et d’utiliser cet argent pour alimenter un grand fond de solidarité nationale à destination des communes, des associations et de tous les acteurs qui se retrouvent aujourd’hui en première ligne dans la lutte contre le Covid-19.
Cette décision est à votre portée et de votre responsabilité.
Alors que l’Europe vient d’abolir la règle déjà infondée des 3% de déficit, je vous demande de mettre fin à la règle d’or des communes pour permettre à celle-ci de se donner les moyens de répondre aux besoins des habitants.
Votre responsabilité est de tout mettre en œuvre pour éviter, après la crise sanitaire, que celle-ci ne se transforme en crise sociale et économique, sans doute éducative aussi, avec des conséquences dramatiques pour des millions de personnes.
Cette crise offre une occasion en or de revenir sur nos fondamentaux. La tâche est immense mais passionnante.
Vous avez parlé de guerre en évoquant la lutte contre la pandémie. Je vous appelle, dès maintenant, à ouvrir une nouvelle page progressiste de notre société, en construisant un nouveau programme des jours heureux.
Respectueusement,
Christian Fautré, maire de Champigny-sur-Marne
xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Autre chose :
Mardi soir 10 avril, presque 4 semaines de confinement en France...
Le bilan publié concernant les décès au cours des dernières 24 heures, est de près de 1.000 morts (mille), soit en gros le double des 24 heures précédentes.!!!...
(Bilan qui n’est pas mis en évidence par les médias, mais au contraire dissimulé autant que possible au fond du panier.)
Démonstration supplémentaire donc, que le confinement n’a aucun effet positif, et que plus grave, il est probablement un facteur aggravant de la contamination.!....
Soit LES confinements sont une débilité de gouvernements sans capacité d’analyse, soit ils sont une conspiration généralisée, visant à créer intentionnellement un chaos mondial économique et alimentaire… !!!...
D’ailleurs il y a eu bien d’autres épidémies sévères au 20e siècle, et il n’y a jamais eu de confinements nulle part….
Il faut que la population reprenne au plus tôt le contrôle de la situation, et éjecte cette dictature qui conduit le pays à la ruine, et selon toute probabilité, intentionnellement.!!!...
Qu’en pense Autain.?...
Rien…..
Elle fait de la dilution, en nous parlant habituellement de ses casseroles et autres sujets de même type……..
xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Répondre