Mise à jour (09/11/21) : les déclarations d’Arnaud Montebourg ont bel et bien provoqué le malaise. Ainsi les « Jeunes avec Montebourg » ont immédiatement indiqué qu’ils se désolidarisaient de leur champion avant de supprimer leur compte Twitter. Le candidat potentiel, lui, est revenu sur ses propos le jour même sur LCP : « J’ai voulu viser les États, je ne souhaite pas toucher ces familles qui travaillent dur, envoient de l’argent dans leurs familles de l’autre coté de la Méditerranée. Je me suis fait engueuler par des gens que j’aime. J’ai compris que je m’étais mal exprimé [...] [Cette mesure] je n’ai pas à la retirer ou pas, elle est dans le débat. [Mais] je sais qu’elle est inefficace, qu’elle ne passe pas : elle est incomprise. » Visiblement, ils sont nombreux à ne pas avoir « compris » Arnaud Montebourg.
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Pas facile de se démarquer, à gauche, alors qu’approche la présidentielle. Normal, quand on compte pas moins de sept candidatures. Il y a quelques jours, Arnaud Montebourg déclarait sur BFM que « la peur du grand remplacement est peut-être irrationnelle mais elle correspond à un certain nombre de phénomènes ». Une lecture qui rappelle un vieil argument : ainsi l’extrême droite poserait de bons diagnostics sans apporter les bonnes réponses.
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Récidive ce week-end. En effet, ce dimanche 7 novembre, dans « Le Grand Jury LCI/RTL/Le Figaro », Arnaud Montebourg a sorti l’artillerie lourde. Sur le thème qui va certainement polluer la campagne pendant encore longtemps : l’immigration. L’ancien ministre socialiste lâche : « Pourquoi on n’arrive pas à intégrer ? Vous avez aujourd’hui 100.000 mesures d’obligation pesant sur des personnes qui doivent quitter le territoire qu’on n’arrive pas à exécuter. Ces personnes sont là et sont d’ailleurs souvent des délinquants. » Puis, il continue : « Il y a 11 milliards de transferts d’argent qui passent par Western Union sur l’ensemble des pays d’origine. Nous bloquons tous les transferts aussi longtemps qu’on n’a pas un accueil de coopération. Ces transferts d’argent privé sont une manne pour ces pays et nous avons besoin aujourd’hui de dire : ça suffit. »
Le tollé est immédiat. Pour autant, les déclarations d’Arnaud Montebourg n’ont rien de bien original dans le climat politique actuel. Pis, elles se placent dans la lignée de la politique menée par Emmanuel Macron, lequel avait réduit le nombre de visas octroyés aux pays du Maghreb en raison du refus de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie de favoriser le retour des immigrés en situation irrégulière. Par ailleurs, la dernière personnalité politique à avoir fait cette proposition s’appelle… Marine Le Pen.
Mais Arnaud Montebourg ne craint pas les accusations en « zemmourisation ». Il va même plus loin dans l’indécence en lançant : « Charles Aznavour et Zinédine Zidane sont devenus des grands Français mais avant, ils ont été des immigrés. » D’autres avant lui, à l’instar de Marlène Schiappa, avaient déjà usé de cet argument : « De Marie Curie à Zinedine Zidane, on ne peut pas dire que l’immigration porte intrinsèquement du tort à la République française », avait-elle plaidé. Sauf que… le footballeur est né à Marseille. Et par ailleurs, le chanteur d’origine arménienne est né à Paris. Une certaine idée de la France...
Arnaud Montebourg évoque également « certains quartiers » dans lesquels il y aurait « 80% d’enfants qui ne parlent pas le français ». Comme si la gauche avait besoin d’une dose supplémentaire de désespoir.
Il ne fait aucun doute qu’Arnaud Montebourg tire sur la corde du bad buzz pour tenter de lancer un temps soit peu sa dynamique de campagne. À l’instar d’un Fabien Roussel évoquant le fait que « quand on ne bénéficie pas du droit d’asile, on a vocation à rentrer chez soi ». Mais sur le terrain de l’extrême droite, il y a déjà du beau monde. Tenez, il en a pensé quoi Éric Zemmour de cette sortie d’Arnaud Montebourg ? « En panne d’idées, Montebourg a regardé en replay les vidéos de ma chaîne YouTube. Bravo Arnaud ! » Et Robert Ménard ? « Je dis bravo Arnaud Montebourg. Il prend acte du réel, ce n’est pas de droite ou de gauche, ni même d’extrême droite. C’est du bon sens ». Il faut dire que Zemmour n’est pas avare en bon point puisque Mélenchon, après avoir déclaré que « la loi doit être respectée. Les frontières existent, les visas aussi. Je suis pour qu’on respecte la loi parce que sinon, ça se termine toujours en défaveur des travailleurs et de l’équilibre de la société », a vu son propos validé en un tweet : « Exactement Jean-Luc », a lâché le futur probable candidat à l’élection présidentielle.
De quoi brouiller bien des pistes au sein d’une gauche largement déboussolée.

Encore et toujours le même problème.
Dans vos analyses politiques, vous faites des migrants des objets dénués de conscience politique. Pour vous ils ne sont pas acteurs, ce sont juste des pions sur un échiquier.
L’immense majorité des migrants sont d’extrême droite, bien plus à droite que Zemmour.
Tant que vous serez incapables d’humaniser les migrants en leur rendant leur status de citoyen du monde, en prenant en compte leur idées politiques, vos analyses resteront des analyses petites bourgeoises déconnectées de la réalité.
La France n’a pas vocation à accueillir tous les fachos de la planète.
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