Accueil | Par Roger Martelli | 8 décembre 2022

Où en est le PCF ?

Le week-end dernier, le projet de base commune, présenté par la direction, n’a obtenu que 58% des votes du conseil national. Première étape en vue du prochain congrès d’avril 2023.

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Les regards sont moins fixés sur le PCF qu’ils ne l’étaient dans le passé. Et pourtant, ce qui se passera dans la vieille organisation communiste n’aura rien d’anecdotique, dans une gauche qui aura bien du pain sur la planche si elle veut retrouver son élan.

 

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PCF : les orientations de Fabien Roussel très débattues

 

La machinerie du congrès

La préparation d’un congrès communiste est un peu une usine à gaz, comme cela se disait du temps où l’industrie était reine. Elle s’étale en effet sur plusieurs mois : le coup d’envoi du prochain congrès a été donné le 4 décembre à Paris, pour un grand raout qui s’ouvrira à Marseille le 7 avril 2023. La première étape de ce long périple est la définition, par le Conseil national sortant, d’une « base commune » de discussion. C’est autour d’elle que, pendant quelques semaines, se mènent des débats où des avis s’expriment et des textes collectifs circulent. Ceux de ces textes qui bénéficient d’un soutien suffisant (en nombre de militants et en nombre de fédérations représentées) sont soumis plus tard au vote direct des adhérents, en même temps que le texte de la direction. Le texte qui arrive alors en tête devient la base définitive de discussion, celle qui est débattue, amendée et votée par le congrès national.

Dimanche 4 décembre, 144 membres du Conseil national (sur 185 élus au congrès de 2018) se sont prononcés sur un texte présenté par la majorité de la direction sortante : 84 d’entre eux ont voté en faveur de ce texte (58,3% des exprimés et 45,4% des inscrits), 55 ont voté contre (38,2% des exprimés et 29,7% des inscrits) et 5 se sont abstenus. C’est donc le texte défendu par Fabien Roussel qui constitue le point de départ officiel du débat communiste.

Le déclin du PCF n’est pas derrière lui

À cause du covid, près de quatre ans et demi séparent le congrès du printemps prochain du celui qui l’a précédé, en 2018 (statutairement il aurait dû se dérouler en novembre-décembre 2021). Pendant cette période, le PCF a continué globalement de s’affaiblir. Les élections législatives de 2017 l’avaient précipité dans une marginalité inhabituelle, avec à peine un peu plus de 600.000 électeurs pour 2,7% des suffrages exprimés, le score le plus bas de toute son histoire législative. Les élections européennes ont confirmé le bas niveau atteint (2,5% des exprimés et aucun élu au Parlement européen, pour la première fois depuis 1979). Quant à l’élection présidentielle de 2022, elle a placé Fabien Roussel à peine au-dessus du score de Marie-George Buffet en 2007 (2,3% contre 1,9%).

Il est vrai que le PC a doublé en 2020 le nombre de ses élus régionaux (61 contre 29 en 2015, mais 101 en 2010 et 180 en 2004) et qu’il semble avoir légèrement augmenté le nombre de ses conseillers départementaux. L’expansion numérique des régionales est toutefois due avant tout à la multiplication des accords avec le PS. Quant aux élections départementales, la stabilité globale du nombre d’élus (autour de 160) n’efface pas le recul accentué dans de vieilles zones de force, et notamment dans les trois premières métropoles, parisienne, lyonnaise et marseillaise. La perte douloureuse de la présidence du Val-de-Marne – le dernier « bastion » départemental – en a été l’expression spectaculaire.

Quant à l’organisation proprement dite, elle s’est sérieusement affaiblie. On ne discute plus guère du nombre d’adhérents, même dans le PC qui s’est longtemps enorgueilli d’être le plus étoffé des partis français. De fait, « l’adhérent » et son dénombrement n’ont plus les mêmes vertus magiques, au temps des réseaux sociaux, des mobilisations sur une seule cause et des mouvements plus ou moins éphémères, « gazeux » ou non. Il est toutefois des indicateurs plus « parlants » que d’autres. Celui des cotisants en fait partie, parce qu’il est plus facile à contrôler, qu’il est financièrement important et qu’il s’approche du noyau des militants les plus engagés, qui assurent la présence et l’enracinement territorial d’une force politique. Pour le PC, leur nombre à peu près fiable est connu, depuis que les statuts font des cotisants réguliers le corps électoral rendu public lors des consultations internes. Officiellement, ce nombre est passé de 99.000 déclarés en 2006 à 64.000 en 2013 et à 49.000 en 2018. Or, selon des sources internes non officielles, ce nombre serait tombé à 35.000 aujourd’hui, ce qui équivaudrait à une perte de 30% en moins de cinq ans. À l’échelle d’un monde partisan français amaigri, le niveau communiste n’a bien sûr rien de négligeable. Mais les quelques 35.000 cotisants et les 6500 élus déclarés de 2022 sont bien loin des 560.000 cartes placées et des 28.000 élus de 1978, au moment où va s’amorcer le déclin.

Mais pourquoi le PCF n’est-il plus ce qu’il était ?

Voilà longtemps – depuis 1978 – que le PC a perdu la place hégémonique qui était la sienne au sein de la gauche française et du mouvement ouvrier. Il a perdu sa fonction historique de représentation politique privilégiée du monde ouvrier et urbain, qu’incarnait si bien la « banlieue rouge ». Il a perdu sa fonction projective ou utopique, du temps des grandes espérances où il pouvait mobiliser le mythe soviétique – le mythe, bien sûr, pas la réalité… – pour prolonger le vieux rêve de la « République démocratique et sociale ». Quant au modèle d’union de la gauche, raccordé aux souvenirs du Front populaire, il s’est trouvé bien malmené par les désillusions cruelles qui ont suivi l’expérience du programme commun (1972-1978).

Le problème est que le PCF n’a pas plus compris ce qui avait provoqué son déclin qu’il n’avait vraiment compris ce qui avait fait son succès antérieur. Il a pensé que la source de son dynamisme se trouvait avant tout en lui-même, dans cette structure originale installée par le bolchevisme russe des origines, que le stalinisme avait certes ossifiée, mais que l’intelligence du groupe dirigeant « thorézien », au milieu des années 1930, avait heureusement acclimatée aux réalités sociopolitiques nationales. Il était « le » parti de la classe ouvrière, révolutionnaire et de masse : tout était dit…

Quand il a senti que la dynamique favorable s’enrayait, dès le début des années 1970, le parti a réagi de façon conjoncturelle, tantôt en valorisant son « identité », tantôt en insistant sur ses capacités d’ouverture, tantôt en fustigeant « l’opportunisme de droite » et la dilution identitaire, tantôt dénonçant « le sectarisme de gauche » et le risque d’isolement. Mais il n’a jamais remis en question les bases de son rapport à la société et au monde, comme si elles relevaient d’une évidence intangible : le PCF n’est-il pas depuis 1920 le parti populaire par excellence, le plus révolutionnaire, le plus à gauche et le plus crédible ? En bref, la synthèse enfin trouvé de la pureté de classe et de la capacité expansive de la gauche issue de 1789-1794…

À plusieurs reprises, les directions communistes ont mis en avant ce qui leur paraissait être la cause évidente du déclin. Sur les onze élections présidentielles au suffrage universel qui se sont égrenées après 1962, le PCF s’est désisté quatre fois, deux fois en faveur de François Mitterrand (1965 et 1974), deux fois en faveur de Jean-Luc Mélenchon (2012 et 2017). Le scrutin présidentiel étant le plus structurant, l’absence de candidature communiste aurait donc délégitimé le vote communiste.

Le raisonnement serait convaincant, s’il ne se heurtait pas à un autre constat simple. Le PCF a présenté un candidat estampillé sept fois sur onze ; or, qu’il concoure ou pas à l’élection majeure, son recul n’a presque jamais été enrayé (à l’exception du score de Robert Hue en 1995). Théoriquement, cela aurait dû conduire à déplacer le regard. Si le PC a pu devenir hégémonique à gauche, entre 1945 et 1978, ce n’était ni parce qu’il se présentait à toutes les élections, ni parce que son identité partisane et sa structure organisée rendaient possible son hégémonie. Il était solidement enraciné parce qu’il était largement perçu comme utile, au moins pour une partie conséquente de la société. Or il l’était pour au moins deux raisons : par les fonctions qu’il exerçait et qui ont été rappelées plus haut (fonction de représentation, fonction utopique et fonction proprement politique) et parce que le communisme en France n’était pas seulement un parti politique. Il constituait une galaxie – ou un écosystème, si l’on préfère – qui associait du partisan, du syndical, de l’associatif et du culturel. Au fond l’équivalent à la française de la social-démocratie allemande historique (celle de la fin du XIXème siècle) ou du travaillisme britannique et ce qui rendait donc possible la conjonction – que l’on sait décisive – de la dynamique sociale (le mouvement populaire) et des majorités politiques.

Ne pas se tromper de congrès

C’est lorsque la triple fonctionnalité a été pleinement assurée et que la galaxie s’est déployée que l’influence communiste a été maximale. Quand elles se sont mises à s’éroder – ce dont l’organisation communiste n’a pas su prendre la mesure – l’influence elle-même s’est étiolée, le PCF s’est affaibli et il a perdu de cette cohérence qui faisait son originalité et sa fierté.

Parce que sa culture politique le conduisait à penser que, pour réussir, il suffisait de naviguer entre le double écueil de « l’opportunisme » et du « sectarisme », le PCF a fini par s’habituer à un fonctionnement interne ternaire. Un « centre » explique qu’il faut à la fois renforcer l’activité du parti et travailler au rassemblement (mais avec qui ?), une « gauche » réputée pense qu’on en fait trop pour le rassemblement et pas assez pour le parti et une « droite » présumée réplique qu’en faisant trop pour le parti on pénalise le rassemblement.

C’est ainsi, au fil des décennies et des conjonctures, que le PCF est passé d’une longue période où la gauche était forte et polarisée (le tête-à-tête du PC et du PS en était l’expression politique majeure) à une phase où la gauche est faible (les catégories populaires s’en détournent) et où elle est conjoncturellement dominée par le concurrent inattendu, la France insoumise. Depuis 2017, la tendance dominante au sein du parti s’est alors arcboutée plus que jamais sur la conviction ancienne que l’absence dans les scrutins présidentiel de 2012 et 2017 était la cause majeure d’un recul et d’un effacement que l’on pouvait surmonter. En tout cas, c’est cette conviction assez largement partagée qui a rendu possible la mise à l’écart de Pierre Laurent (qui était associé à l’expérience du Front de gauche) et l’engagement présidentiel de son successeur.

Jusqu’à ce jour, le corps militant communiste se trouve donc, presque naturellement, tiraillé entre deux pôles. D’un côté, s’observe le sentiment qu’il faut accepter le nouveau rapport des forces à gauche pour éviter l’inutilité politique et la marginalisation ; de l’autre côté, se manifeste le désir d’une réaffirmation identitaire, reposant sur la conviction que le parti communiste est structurellement le seul capable de représenter le peuple et d’offrir une nouvelle dynamique à la gauche. Pour l’instant, les deux pôles ont en commun un seul point : la conviction qu’il y a place, au sein de la gauche, pour une organisation politique autonome qui continuerait ainsi le parti communiste maintenant centenaire. Au-delà de ce point d’accord, tout semble opposer des points de vue qui tendent progressivement à se structurer en cultures, plus encore qu’en lignes politiques.

Le congrès de 2023 devra trancher et dire lequel de ces deux pôles donnera le ton dans le parti. Mais le fond du problème ne se réduira bien sûr pas à un simple rapport des forces numérique. Dans la crise profonde du champ politique que nous connaissons, c’est la texture même du mouvement populaire et la clé du dynamisme à gauche qui sont désormais en jeu. La gauche fragilisée par les échecs de ses composantes historiques n’attire plus des catégories populaires qui balancent majoritairement entre abstention et vote à droite et surtout à l’extrême droite. Les clivages, réels ou factices s’incrustent, la colère ne s’adosse plus à l’espérance, les responsabilités du désastre social se diluent dans la recherche des boucs émissaires.

Le débat gagnerait donc à aller bien au-delà d’un dilemme entre « identité » et « rassemblement », en poussant du côté de « l’utilité ». Dans le chamboulement de ce siècle, un parti pris communiste est-il utile et si oui, à quelles conditions ? D’une façon ou d’une autre, il s’agira pour les communistes – et sans doute pas seulement les membres du PCF – de dire s’il doit y avoir ou non de la rupture communiste au sein d’une gauche toujours incertaine, s’il faut toujours un grand récit communiste et une stratégie visant tout à la fois à faire du peuple un acteur et à la gauche d’être un ferment de majorités transformatrices. Dans ce cadre, il faudra bien éclaircir le rapport au reste de la gauche, et notamment le rapport à la Nupes. Sans oublier de mesurer à la fois ce que cette alliance inattendue et fragile a de nécessaire, face à une droite radicalisée… et ce qui lui manque sans doute encore pour ne pas décevoir une fois de plus.

 

Roger Martelli

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Vos réactions

  • Bonjour

    Comme d’habitude, il y a des choses stupéfiantes dans le texte de Martelli qui est, une fois de plus, une justification du PCF.
    On y va !! Les choses les plus stupéfiantes sont les « oublis ».
    1 des Principaux absents : Mai 68 !!!
    Comment peut-on parler de l’histoire contemporaine sans parler de Mai 68 que le PC n’a vu venir et n’a jamais compris !!! Le pouvoir était à porté de mains, le PC et les gauchos ont refusé d’y aller !!!
    Le PCF, un parti « révolutionnaire » qui n’y va pas !
    2 des Principaux absents : les luttes sociétales féminisme et homosexualité !! Là encore le PCF n’a rien compris, on dira ça pour rester politiquement correct, pas comme Duclos ….
    3 La rupture de la gauche en 77, le PCF avait un rapport de force favorable, en cassant l’union de la gauche, il a montré pour la deuxième fois en une décennie que le PCF refusait le pouvoir. Car là encore, le pouvoir était à portée de main de la gauche !!
    Le PCF, un parti « révolutionnaire » qui n’y va pas et qui empêche la gauche d’y aller !!!
    4 Sanction en avril 1981, le PCF tombe à 15 %, c’est la dernière fois que le PCF fait un score à 2 chiffres….
    On saute des décennies, Robert Hue (ex secrétaire général du PCF, excusez du peu…) et son bulldozer passe avec Braouezec dans le soutient à Macron tant leur détestation de Mélenchon les dévore !!!
    On arrive à l’histoire récente. Le PCF est au front de gauche, de la main gauche et avec le PS de la main droite pour avoir des postes. Le PCF est étonné que le PG n’accepte pas la situation alors que le nombre de postes (d’élus du PCF) est globalement positif !!!
    Mouvement des Gilets jaunes
    Le mouvement social le plus puissant et le plus réprimé depuis l’après-guerre et une fois de plus :
    Le PCF, un parti « révolutionnaire » qui n’y va pas.
    Enfin Roussel vint !!!
    Et avec Roussel on va voir ce qu’on va voir : sur la barbaque, la chasse, la corrida. Bref tout pour résoudre la crise identitaire du PCF.
    Roussel fait une campane tonitruante et 800 000 voies.
    L’Union Populaire rate le deuxième tour de 400 000 voies !!
    Le PCF, un parti « révolutionnaire » qui n’y va pas et qui empêche le peuple de gagner !

    Cyrano 78 Le 8 décembre 2022 à 20:10
  •  
  • Roger Hillel 8 décembre
    Projet de base commune :Tout ça...Pour ça ?

    Le projet de base commune (PBC) adopté au Conseil national du PCF du 5 décembre dernier vient d’être mis en ligne.
    Je veux m’arrêter sur la logique qui structure une partie essentielle de ce texte. Elle concerne « la réorientation stratégique » du PCF, telle qu’elle avait été décidée au 38e congrès de novembre 2018. Le PBC précise qu’elle avait été prise pour « surmonter le risque d’effacement. » du PCF. Cet effacement aurait été la conséquence de l’absence de candidatures communistes aux présidentielles de 2012 et 2017, les deux fois au profit de celles de Mélenchon. A ce risque d’effacement, il y aurait eu, conjointement, celui du « délitement de la gauche ».
    La première décision fut de présenter un liste conduite par Ian Brossat aux élections européennes du 27 mai 2019. Ce fut un échec (le texte euphémise en écrivant : « nous ne parvenons pas à réaliser la percée électorale voulue »), la liste communiste faisant 2,49%. Rien d’étonnant, selon le PCB, puisque « Ayant perdu l’expérience des campagnes na­tionales, il faut tout réinventer avec des équipes nouvelles, tant sur le plan national que local ». De toute façon, l’essentiel n’est pas là, et le PBC d’expliquer que ce qui compte, c’est la campagne : « De fait, cette campagne suscite de l’intérêt en incarnant un renouvellement de la vie politique » et va « créer les conditions d’une candidature à la présidentielle ». Comme l’avait prétendu Igor Zamichiei, responsable national à la Vie du Parti, le 6 juin 2019 : « En somme, nous avons semé mais pas encore récolté. »
    Allions-nous récolter pour la présidentielle de 2022 en présentant la candidature de Fabien Roussel ? Elle fit un score de 2,28 %. Un échec ? Non, le score est qualifié de « décevant ». Et puis, qu’à cela ne tienne, il est « inférieur au potentiel construit dans la bataille ». Comment évalue-t-on un potentiel ? Mystère. Mais,encore une fois, ce qui compte, c’est la campagne qui « aura grandement contribué à ce que le PCF prenne une place visible et originale dans le paysage politique. Loin d’un simple moment électoral, elle aura continué de nourrir notre activité et notre réflexion stratégique ». Comment expliquer que si peu de gens ainet voté pour nous ? C’est parce que « nous ne réussissons pas à conforter jusqu’au bout cette dynamique ». D’autant que, le texte le rappelle : « depuis 2007, avec la candidature de Marie-George Buffet, nous n’avions pas présenté de candidat·e communiste à cette élection qui structure la vie politique française » Mais, le texte se garde bien de préciser que cette candidature communiste avait fait un score de 1,93% .
    Suite à l’échec de la candidature de F. Roussel, et au succès de la candidature Mélenchon, pourquoi dans le PCB n’avoir pas assumé franchement le maintien de la candidature communiste au second tour, décision que LFI nous a fait payer pour les législatives. Le texte préfère tourner autour du pot, au point que cela en devient incompréhensible. D’un côté :« l’alliance électorale constituée avec la NUPES répond au désir d’union du peuple de gauche, »... « contribuant à nous permettre de maintenir un groupe renforcé à l’Assemblée ». D’un autre côté : « Confrontés à la volonté hégémonique de La France insoumise, nous ne pouvons présenter de candidatures communistes dans 500 circonscriptions » Mais si telle avait été l’intention du Parti, pourquoi ne pas avoir pris le risque de refuser cet accord ? Le texte n’en dit rien, pas plus que les raisons du PCF d’accepter de passer sous les fourches caudines de LFI.

    En dehors de nous, point de salut !
    En regard de ce bilan flatteur pour le PCF, le texte va passer en revue les autres forces de gauche. D’évidence, il renonce à toute analyse dialectique afin sousestimer, voire de dévaloriser, leur rôle respectif.
    D’abord LFI dont la pratique politique est identifié au concept général du « populisme de gauche », lequel, partout en Europe, « s’est avéré, en plus d’être inefficace à conquérir le pouvoir, impropre à combattre l’extrême droite ». En France « elle se proclame la force dirigeante de « l’union du peuple », évacuant de ce fait tous les débats d’orientation à gauche. Ayant attiré à elle l’attente de radicalité de certains secteurs de la société et de tout un pan de la jeunesse, mais ignorant la question stratégique clé de la reconquête des fractions du monde du travail qui se sont détournées de la politique, elle n’a finalement vu dans son résultat à la présidentielle que la confirmation de ses vues hégémoniques sur la gauche et le mouvement social » Le jugement est sans appel. Mais, le texte ignore des questions essentielles comme les raisons qui ont fait de LFI une force quasi hégémonique, ayant eu la faveur d’une partie de la jeunesse et de larges pans de l’électorat populaire urbain. L’analyse serait d’autant plus nécessaire que le PC, par contre, n’a pas mordu sur cet électorat, pas plus que sur l’électorat populaire abstentionniste alors qu’il avait affiché cette ambition.
    Le Parti socialiste, est un peu épargné. Toujours tiraillé entre « Son incapacité à tourner définitivement la page du social-libéralisme » et son « ’intention de restaurer son image auprès des catégories populaires » Mais tout reste ouvert puisque « Un débat d’orientation est en cours en son sein »
    Quant à EELV, « aujourd’hui polarisé entre plusieurs orientations » : soit « occuper l’espace de la social-démocratie en le reconfigurant autour de l’écologie », soit « rechercher des alliances pouvant l’amener à collaborer à la mise en oeuvre d’orientations néolibérales », soit « faire le choix d’une prétendue radicalité sociétale »,

    Dans ce passage en revue, il y a du vrai. En effet, voilà, pour partie, l’état de la gauche non communiste et si on y ajoutait une description du PCF, autrement plus lucide que ne le fait le texte, on aurait une vision réaliste des limites actuelles du rassemblement des forces de gauche. Mais le texte ne rend pas possible ce travail d’analyse, puisque il veut prouver que ce rassemblement n’a ni existence, ni perspective. La NUPES ne serait qu’une « coalition pour les élections législatives » Une coalition conjoncturelle « Tant les désaccords stratégiques la traversant, que les différences existant entre les programmes en présence, ou en­core les conceptions divergentes de l’unité entre forces de gauche ».

    Conclusion : Il revient donc au Parti de « Reconquérir les milieux populaires », d’« unir et remobiliser les forces du travail et les catégories populaires ». « de construire une majorité populaire en faveur de la transformation radicale de la société. »
    Le rassemblement attendra.

    Hillel Le 9 décembre 2022 à 12:20
  •  
  • Où en est-il et où est-il ?
    Il en est réduit à la marginalité et il est à l’extrême-gauche. L’analyse de Roger Martelli ignore ce clivage gauche / extrême-gauche alors qu’il s’y réfère pour la droite. La gauche n’est pas un bloc qui aurait une destinée manifeste à s’unir dans une même conception de la société, où toutes ses forces exerceraient le pouvoir.

    Mais même campé à l’extrême-gauche, espace par nature étroit, le PCF a réussi l’exploit que tout marxiste-léniniste conçoit comme la pire configuration : être débordé sur sa gauche. Il a trouvé encore plus démagogue que lui, ce qui n’est pas peu dire.

    Où va-t-il ? Nulle part. A quoi sert-il ? A rien.

    Glycère BENOIT Le 9 décembre 2022 à 16:30
  •  
  • Glycère BENOIT
    D’accord avec vous mais uniquement sur la dernière phrase et c’est dommage.....

    Cyrano 78 Le 9 décembre 2022 à 20:04
  •  
  • « l’alliance électorale constituée avec la NUPES répond au désir d’union du peuple de gauche, »...
    « contribuant à nous permettre de maintenir un groupe renforcé à l’Assemblée ».

    Ceci, ça s’appelle de l’opportunisme donc une absence de principe pour occuper des places (avec indemnité évidement..)

    On a le droit de dire que LFI sont des gros nuls mais s’allier avec eux dans ce cas....
    Concrètement à quoi sert le PCF ?
    A renverser le régime pour changer de système ?
    Non évidement.
    A regrouper les forces sociales contre le gouvernent le plus anti-social, le plus anti-écolo et bientôt on verra clairement le plus antidémocrate de la 5 république (malgré les soutient s de DCB et Robert Hue !!)
    Non bien sûr !!
    Alors à quoi sert le PCF, Mr Martelli à part donner du boulot à ses élus ?

    Cyrano 78 Le 9 décembre 2022 à 20:22
  •  
  • @Cyrano 78. Les révolutionnaires sont par définition des extrémistes, en cela qu’ils s’opposent aux modérés.

    Glycère BENOIT Le 9 décembre 2022 à 21:05
  •  
  • Le Pcf a retrouvé une visibilité
    Il va y avoir débat et confrontations avec sans doute plusieurs textes et ça sera aux adhérents de choisir

    Dropsit Jean Pierre Le 9 décembre 2022 à 22:11
  •  
  • Roger Martelli fait bien la distinction entre le mythe communiste et la réalité du communisme. L’un n’excuse pas l’autre. Il a pourtant toutes les indulgences pour les propagateurs du mythe. Ils n’en méritent aucune.

    Glycère BENOIT Le 10 décembre 2022 à 13:26
  •  
  • Bonjour,

    Un spectre hante la gauche, le spectre du communisme… 😊

    C’est étrange de voir les gens s’exciter quand on parle du PCF. Sur ce site, certains articles n’ont aucune réaction, d’autre une ou deux après deux mois. Cet article vient d’en recevoir huit en deux jours !

    On aura beau déblatérer sur l’histoire des PC en général et du français en particulier (nous savons tous déjà qu’il est accusé, entre autres et sans ordre de préférence, de retournement, de revirement, de trahison, de réformisme, d’abandon, de lâcheté, de machisme, d’homophobie, de xénophobie, de racisme, d’imbécilité, de manque de vision, de ratages historiques, de… ça va, il y en a assez là, ou vous en faut-il plus encore ?), chaque fois qu’on parle du PCF, chacun y va de son couplet, lui reprochant tous les maux de la gauche, voire du peuple.

    Malgré un électorat inférieur au million de voix, une survie représentative grâce à l’union dans la NUPES, il semblerait qu’aujourd’hui encore le rapport au PCF reste un impondérable pour les gens de gauche (voire plus) et qu’on ne peut pas se passer d’avoir quelque chose à dire sur ce qu’il est, ce qu’il dit, ce qu’il pense et ce qu’il fait.

    Vous avez là une bonne réponse à la question que vous vous posez : « à quoi sert le PCF ? ».

    Alors que chacun cherche un vocable pour se distinguer : anticapitaliste, insoumis, éco-socialiste, social et démocrate, le PCF s’en tient à ce petit mot si lourd de sens : communiste.

    J’apprécie énormément ceux qui ont encore le courage de prononcer ce mot et surtout ceux qui osent encore dire « Je suis communiste ».

    L’existence du PCF sert au moins à cela, non ? Nous rappeler le mot « communisme ». Et par ce joli nom, nous faire réfléchir à ce qu’il implique humainement, philosophiquement, politiquement, socialement, écologiquement… Nous ramener à toujours penser ce que devrait être nos luttes et notre façon de lutter, nous remettre à pied d’œuvre pour faire triompher l’humanisme qu’il sous-entend…

    Si le PCF ne servait qu’à cela, il vaudrait déjà mille fois plus que ses 2% d’électeurs et ses 22 députés.

    Alain

    Alain Le 11 décembre 2022 à 09:11
  •  
  • Je tombe sur ce billet alors que je demandais à mon moteur de recherche "Comment enfin dégager Roussel ?".

    Autant dire que son contenu et le point de vue de son rédacteur ne me transportent pas de joie...

    Adrien Le 11 décembre 2022 à 19:12
  •  
  • @Alain. L’histoire du communisme et des partis qui militent en sa faveur n’est pas de la déblatération.

    Glycère BENOIT Le 11 décembre 2022 à 20:10
  •  
  • « J’apprécie énormément ceux qui ont encore le courage de prononcer ce mot et surtout ceux qui osent encore dire « Je suis communiste ».

    L’existence du PCF sert au moins à cela, non ? Nous rappeler le mot « communisme ». »

    Perso je n’ai aucun gout pour le témoignage en politique, je laisse cela aux témoins de Jéhovah....

    Cyrano 78 Le 11 décembre 2022 à 20:25
  •  
  • @jojoLeTroll. Continuez, ça me va.

    Glycère BENOIT Le 14 décembre 2022 à 00:39
  •  
  • J’adore vos commentaires jojoLeTroll. Quelle imagination. Un vrai festival. Merci pour ce moment.

    Par contre, en cas de 3eme guerre mondiale, quand vous dites "on est prêts", ça veut dire "on crée une boucle WhatsApp de la résistance" ou "j’ai du matos planqué à la section ? "

    Parce que dans la 2eme hypothèse, mon conseil c’est de tester le matos avant, ça date de la RDA quand-même.

    Merci aussi de nous communiquer les références des substances que vous prenez, ça a l’air sympa.

    Marco Polo Le 15 décembre 2022 à 21:46
  •  
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