Accueil | Par Françoise Vergès | 26 octobre 2021

Puissance destructrice

Françoise Vergès, politologue et militante féministe « décoloniale ».

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Il ne sera pas question ici de la puissance des mots, des images ou des mémoires, mais de l’association entre force, domination et puissance au moment où des États européens se lancent dans la colonisation et imposent une coupure entre l’Occident et « le reste », entre « civilisation » et « barbarie ». La puissance devient dès lors critère de grandeur. Les États européens mesurent leurs puissances respectives à leur capacité de prescrire et d’ordonner savoirs, langues, règles, lois et techniques à des peuples qu’ils disent vouloir « civiliser ». Ils s’arrogent l’autorité de déployer une violence systémique grâce au fusil, au canon, à la loi et au racisme. Cette idée de la puissance domine toujours, elle repose sur des siècles d’exploitation, de dépossession, de déplacements forcés et de guerres impérialistes. Elle est destructrice car elle a besoin, pour se maintenir, d’étendre constamment son domaine d’exploitation et d’emprise, de coloniser tout le vivant et d’en faire de la marchandise, de transformer des corps en objets à trafiquer, violer, tuer. Puissance, racisme, sexisme et néolibéralisme font donc bon ménage.

 

Françoise Vergès

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