D’un côté Sevran. Cette ville de Seine-Saint-Denis est en ébullition depuis plusieurs jours. Samedi 26 mars, un homme s’est fait abattre par un policier alors qu’il était au volant d’une camionnette volée. De l’autre Furiani, en Corse. Une vidéo montrant des CRS chantant La Marseillaise pendant les obsèques d’Yvan Colonna a provoqué la colère.
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D’un côté, il est question de violences policières. De l’autre, des revendications autonomistes. La réponse de l’État est déjà double : en banlieue parisienne, elle se veut uniquement répressive ; en Corse, on fait dans la diplomatie, voire dans le zèle électoraliste.
Une double vision du monde qui se laisse voir dans la couverture médiatique des deux événements. Nous avons pris deux journaux de droite – Le Figaro et Valeurs actuelles – pour bien saisir à quel point le vocabulaire et les tournures de phrases en disent long [1].
Voyez plutôt :

À noter que pour Le Figaro, l’actualité corse se place dans la rubrique « Politique » du journal, là où les événements de Sevran ne sont que des « faits divers ». Une vision du monde bien singulière.
Attention quand même à ne pas tomber dans un travers franchimand bien connu par les partis de gauche nationaux (nationale) : le jacobinisme habituel et tellement intégré qu’il devient du nationalisme véhément dès lors que des mouvements mettent en question l’intégrité de la Fronce.
Pourquoi opposer Corse et banlieues populaires ? On peut aussi y voir les mêmes manifestations d’une demande de démocratie et d’incompréhension face à la violence de l’état, non ?
Si les Corses veulent l’indépendance, c’est leur affaire, pas celle de la gauche parisienne. Et qu’ils manifestent contre ce qu’ils considèrent un assassinat politique ou une gestion désastreuse d’un prisonnier "sensible", ça semble naturel et légitime, il me semble. Comme lorsque les quartiers populaires s’émeuvent et se révoltent lorsqu’un jeune meurt dans des conditions douteuses ou provoquées par la police.
Mauvais calcul que d’y chercher des dissemblances, des oppositions, d’alimenter les rancoeurs —mais c’est très vingt-et-unième siècle, finalement.
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