Accueil | Par Jean Sébastien Mora | 18 février 2019

Refugees Welcome : replacer la nécessité de l’accueil au coeur de la campagne des européennes

Dans le sillage de l’appel pour l’accueil des migrants d’octobre dernier, l’eurodéputée Marie-Pierre Vieu, membre du PCF et de la GUE/NGL, était à l’initiative du forum promouvant la liberté de circulation et l’égalité des droits sociaux, le 16 et 17 février à Tarbes.

Vos réactions (7)
  • envoyer l'article par mail envoyer par mail
  • Version imprimable de cet article Version imprimable

Les flux migratoires en direction de l’Union européenne (UE) ont atteint leur plus bas niveau depuis la crise de l’accueil des réfugiés déclenchée par la guerre en Syrie [1]. Pourtant, « péril de l’immigration » est systématiquement brandi par la droite et l’extrême droite au risque même de dominer les élections européennes du printemps 2019.

 

LIRE AUSSI SUR REGARDS.FR
>>
Les mineurs isolés entre case prison et case départ

 

« Il n’y a pas de crise migratoire, il y a une crise de l’accueil en Europe » : voici la thèse forte qu’ont voulu ainsi opposer les participants du forum "Refugees Welcome, bienvenue plavengut", ce week-end à Tarbes. Un lieu qui ne doit rien au hasard : pendant longtemps communiste, la préfecture des Hautes-Pyrénées est une ville ouvrière « historiquement liée à l’accueil et tout particulièrement des républicains espagnols », selon l’eurodéputé PCF Marie-Pierre Vieu.

En incluant la mention plavengut (bienvenue en occitan), les organisateurs ont placé l’évènement sous le signe de la diversité culturelle, ici et ailleurs. « Aujourd’hui, le gouvernement et l’Europe agitent les peurs, poursuit Marie-Pierre Vieu. Il nous faut répondre par la solidarité et un message de bienvenue. » En effet, les calculs électoralistes, à droite bien sûr, mais aussi trop souvent à gauche, reposent sur le postulat que l’opinion publique, tout particulièrement en dehors des grandes métropoles, est hostile à l’immigration, aux étrangers et à toute forme d’ouverture des frontières.

Or, loin des feux médiatiques, une série d’initiatives est venue démontrer le contraire : dernier exemple en date à Bayonne, où, de manière inédite, le maire de centre-droit Jean-René Etchegaray et des bénévoles, ont mis en place l’automne dernier un hébergement d’urgence de 150 lits, et ce, en dépit des mises en garde du préfet des Pyrénées-Atlantiques.

« Toutes les gauches devraient être ici »

À Tarbes, plus de cinq cents personnes se sont ainsi retrouvées pour des projections, des prises de paroles de migrants et le parrainage républicain de six enfants menacés d’expulsion. Plusieurs tables-rondes réunissaient ensuite des représentants de SOS Méditerranée, Ana Miranda (eurodéputée galicienne, groupe Verts/ALE), Edwy Plenel (co-fondateur et président de Mediapart), Sarah Soilihi (championne du monde de kick-boxing), Jean-Francois Mignard (secrétaire général de la Ligue des Droits de l’Homme Midi-Pyrénées), Marie-Christine Vergiat (eurodéputée française, groupe GUE/NGL), Isabelle Thomas (eurodéputée française, groupe Génération)

 

« C’est notre salut qui est en question dans cette histoire. Il faut éviter le piège que l’on nous tend. Comprendre que la menace de l’immigration est agitée pour détourner l’opinion publique des vrais enjeux écologiques et sociaux. Toutes les gauches devraient être ici », a ainsi martelé Marie-Christine Vergiat. En effet, les ténors de l’extrême droite, portés par leurs bons résultats aux dernières élections, dont tout récemment Vox en Espagne, s’imaginent désormais majoritaires au Parlement européen.

Et si Emmanuel Macron s’est auto-désigné comme leader du camp progressiste, avec la loi pour une immigration maîtrisée promulguée le 10 septembre dernier, son gouvernement mène de manière scandaleuse une politique dans le sillage des plus virulents nationalistes européens [2]. « Il y a un devoir d’hospitalité qu’un continent aussi riche que l’Europe devrait respecter, commente ainsi Edwy Plenel, le droit fondamental de se déplacer, de choisir son pays est une question transpartisane. Si l’on n’est pas solidaire de ceux qui viennent du lointain, on ne le sera pas avec le prochain. »

En 20 ans, la coopération des États européens n’a cessé de se renforcer afin d’empêcher les arrivés de migrants. Depuis 2005 et Frontex, les frontières maritimes de la Méditerranée, jugées plus poreuses, font alors l’objet de l’attention la plus soutenue avec des moyens financiers et des technologies militaires de pointe. « La surveillance des frontières s’est muée ces dernières années en un business hautement profitable. Or tout cet argent devrait être tout simplement et tout logiquement consacré au sauvetage en mer et à l’accueil », poursuit Marie, une bénévole de SOS Méditerranée. Il est en effet illusoire de penser que l’on va pouvoir contenir et à fortiori interrompre les flux migratoires.

« À vouloir le faire, on finit toujours par être contraint au pire », pouvait-on lire dans le Manifeste pour l’accueil des migrants pour lequel se sont associés les rédactions de Regards, Politis et Mediapart. Dans ce sillage, les militants et les personnalités politiques réunis à Tarbes ont rappelé à leur tour que la liberté de circulation et l’égalité des droits sociaux pour les immigrés présents dans les pays d’accueil sont des droits fondamentaux de l’humanité.

 

Jean Sébastien Mora

Notes

[1Le nombre de franchissements illégaux des frontières du continent a été divisé par neuf, passant de 1,8 million en 2015 à 204 219 en 2017, selon l’agence Frontex.

[2Le gouvernement français a instauré le fichage des mineurs isolés, banalisé les audiences de demande d’asile par visioconférence, durci l’accès à un titre de séjour pour les parents d’enfants français, limité le droit du sol à Mayotte, etc.

Vos réactions (7)
  • envoyer l'article par mail envoyer par mail
  • Version imprimable de cet article Version imprimable

Vos réactions

  • ah bah oui ! quelle belle idée ! prendre un sujet sociétal ultra-clivant à gauche, qui fait fuir toute une partie de l’électorat populaire ! Faut dire, la gauche est tellement en avance dans le sondages, on peut tenter le coup.

    Les questions sociales et économiques au coeur de l’identité de la gauche attendront, c’est pas comme si c’était important.

    Bon, je vous laisse, je dois aller dépenser mes 4000€ net de salaire dans du bio vegan équitable et des pins refugee welcome, car c’est ça être vraiment à gauche aujourd’hui. Les Gilets Jaunes eux, ils sont tellement populo et prolo faut se méfier....

    lulu Le 18 février 2019 à 14:12
  •  
  • Le problème est l’ensemble des affabulateurs qui ne sont pas réfugiés mais viennent au supermarché français,sans vergognes.
    Tout le monde voit que la générosité des français est manipulée.
    De même,au sujet de l’anti sémitisme dont les gilets jaunes seraient coupables alors que chacun est témoin que ce sont des arguties pour pourrir la situation en manipulant les propos des Salafistes qui sont là pour attiser leur anti sémitisme abject,en dénaturant l’anti sionisme.
    Les mêmes jihadistes qui se faisant passer pour des réfugiés ont tué plus de 250 personnes ces dernières années en France.
    Eux viennent en France,pour convertir,avec un grand succès ,la France,considérée comme terre d’Islam,dorénavant.
    Alors ,OUI,parlons des migrants,pour renforcer Le Pen et donc,Macron et augmenter le désastre social en France !
    Super bonne idée qui mènera Regards,Ensemble,le NPA,le PCF,ATD quart monde,tous réunis à 0,000000001% !

    Maurice Le 19 février 2019 à 02:44
  •  
  • « historiquement liée à l’accueil et tout particulièrement des républicains espagnols »

    Les réfugiés progressistes, communistes, révolutionnaires, sont les bienvenus. Je pense aux réfugiés du PKK par exemple.

    Les réfugiés réactionnaires, islamistes, racistes, sexistes : on n’en veut pas. Je penses aux Afghans qui tabassent et violent les gauchistes façon skin head.

    c’est simple à comprendre non ?

    lulu Le 19 février 2019 à 10:40
  •  
  • je partage assez l’analyse de MARIE PIERRE VIEU
    pas simple dans la vieille Europe de réaffirmer notre solidarité
    avec les migrants ! mais dans les années 30 pas simple non plus !
    le devoir des forces progressistes est des’opposer à la division !
    aucune contradiction avec le social

    JEAN-PIERRE DROPSIT Le 19 février 2019 à 23:34
       
    • le devoir des forces progressistes est de s’opposer aux forces réactionnaires ; pas d’importer des militants d’extrême droite en Europe en raison d’un misérabilisme petit bourgeois mal placé.

      loulou Le 21 février 2019 à 10:57
  •  
  • Et bien que la FI notamment soit pour le respect des libertés et droits humains, y compris pour ceux qui risquent leurs vies en bravant 1000 périls en vue d’un avenir meilleur, m’apparaît comme une évidence... comme il me brûle les yeux et les oreilles que la Macronie rejoint sur ce sujet la pire des droites sous couvert d’une novlangue schizophrénique. Cette dissonance induite peut même finir par donner la nausée, comme le mal des transports. C’est mon cas... les petits osselets de mon intelligence font la java alors que mes oreilles s’apaisent des douces et liquoreuses paroles du grand télé-évangéliste qui nous sert de président ..

    Maintenant, il me semble primordial d’axer plutôt les européennes sur l’émancipation des peuples qui composent l’UE face à la main mise d’une idéologie néolibérale totalitaire et mortifère dont personne ne pourra douter qu’elle est la promesse d’un projet de société misérabiliste pour les européens autant que pour ceux qu’ils accueillent et qui fuient déjà les effets de la prédation des plus riches dans leurs propres pays !

    La cause profonde du malheur des gens partout dans le monde, nous la connaissons déjà... Et c’est plutôt là-dessus qu’il faut se battre ! C’est pourquoi ouvrir un front en Europe entre ceux qui défendent les Peuples avec le partage des communs et ceux qui défendent l’oligarchie et la confiscation des communs au profit d’une minorité, s’avère une priorité aujourd’hui ! Mais enfin, qui pourrait croire que la lutte contre les inégalités et l’injustice (pattern du programme l’avenir en commun et certainement d’autres) pourrait aboutir à une politique inhumaine vis à vis des migrants ? A part peut-être Elizabeth Martichoux... et ceux qui donnent aux mots un sens contraire à ce qu’ils portent : La paix c’est la guerre, la précarité c’est la liberté, la pauvreté c’est la richesse...

    C’est dans l’entièreté des projets politiques qu’on pourra mesurer, à l’aune de la lutte contre l’injustice, lesquels avancent dans le même sens et lesquels ne font qu’instrumentaliser des valeurs dont ils se réclament pour séduire un électorat... C’est pourquoi je ne crois pas que cette initiative serve dans les faits le projet qu’elle entend défendre. Si je vois bien que le NPA, le PCF, la galaxie FI et quelques verts tirent dans le même sens, je le note beaucoup moins du côté de Génération.s et le PS.

    carlos Le 22 février 2019 à 12:00
  •  
  • Personne ici ne parle des Fondations et ong de SOROS et des Francs Maç qui manipulent les peuples, créent le chaos et les guerres en Ukraine, Libye, Syrie pour amener progressivement le Nouvel Ordre mondial dans la vieille Europe patriote et réfractaire... Pauvre France ! Nos gilets jaunes sont-ils sans le savoir les nouveaux Résistants d’un Ordre mondial injuste et destructeur de citoyens ?
    VIVE LA FRANCE !

    Dani Le 27 février 2019 à 06:44
  •  
Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.