Accueil | Par Loïc Le Clerc | 18 mars 2023

Retraites : pour la première fois, Macron dit pourquoi il veut faire cette réforme

Spoiler : ça n’a rien à voir avec le sauvetage du système par répartition, ni avec l’allongement de la durée de vie.

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Des semaines que les parlementaires en débattent, des mois que le sujet a été lancé et qu’il agite la société toute entière. Et cette sempiternelle question : mais pourquoi est-il allé dans cette galère ?

 

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Pourquoi diable réformer les retraites ? Pourquoi repousser de deux ans l’âge légal de départ sans la moindre contrepartie ? Pourquoi nous pondre ce système où il faut cotiser 43 annuités sans que rien ne soit fait pour les personnes ayant commencé à travailler avant 21 ans ? Tant de questions sans réponse…

Et puis, ce 16 mars, pendant le conseil des ministres qui allait décider du recours au 49.3, Emmanuel Macron concède : « Je considère qu’en l’état, les risques financiers, économiques sont trop grands. » Quelques heures plus tard, la députée macroniste Caroline Yadan tweetait : « Si la réforme n’avait pas été adoptée, cela aurait eu des conséquences sans doute préjudiciables sur les marchés financiers, risque d’une nouvelle crise économique alors même que notre pays est déjà fragilisé. » Un tweet rapidement supprimé, auquel avait réagi Projet Arcadie (personne ne suit d’aussi près l’activité parlementaire), via Twitter, comme suit : « Cet argument des préjudices sur les marchés financiers avec risque de crise économique, il aurait fallu le dire dès le départ. Pas à la fin. J’ai suivi tous les débats. Cet argument n’a JAMAIS été mis en avant. Jamais. »

S’il fallait encore une preuve du génie stratégique d’Emmanuel Macron, la voici.

Oh ! la Macronie a bien tenté de nous enfumer avec l’idée que « puisqu’on vit plus longtemps, on doit travailler plus longtemps », mais ce raisonnement simpliste n’a pas pris. Oh ! ils ont bien essayé de nous faire avaler que si l’on ne trouvait pas là, tout de suite, 13 milliards d’euros par an, le ciel allait nous tomber sur la tête et le système s’auto-détruire. Mais ils étaient contredits par leurs propres chiffres.

Puis ils ont joué au chat et à la souris avec les députés LR. Allant tenter d’acheter leurs voix jusqu’à la dernière minute. Cette semaine, à trois jours d’écart, Emmanuel Macron a pu ainsi affirmer avoir une « majorité solide » et passer en force avec le 49.3 car… il n’a pas de majorité. Pour répondre à cet instrument de force, les parlementaires useront du leur, lundi, en votant une motion de censure. Le Président a prévenu de longues dates : si le gouvernement Borne tombe, l’Assemblée tombe aussi.

À vouloir jouer au plus borné (sans mauvais jeu de mots), Emmanuel Macron en perd même des soutiens chez les LR… et fait des déçus dans ses propres rangs !

Un génie stratégique, disions-nous. Mais devinez qui se croit plus intelligent que tout le monde ?

 

Loïc Le Clerc

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  • Le mal est fait. Je ne sais pas si Emmanuel Macron sait vraiment gouverner ou si ses cabinets de conseil ont voulu le piéger mais même si la réforme, comme il l’a répété, était justifiée à ses yeux, utiliser le 49.3 pour un sujet aussi important et sensible qu’est pour les Français l’âge de départ à la retraite est un acte autoritaire dont il risque de se repentir. En effet, même si le 49.3 a été de nombreuse fois utilisé par le passé, il ne l’a jamais été et est tout à fait inapproprié pour imposer 2 années de travail supplémentaires et cette utilisation fait penser à ce qui se passe dans certains pays ayant des régimes autoritaires très éloignés de la démocratie. Mais maintenant que « le mal est fait », même si le mouvement de contestation s’essoufflait et qu’il ne soit pas obligé de retirer sa réforme, Emmanuel Macron est encore moins assuré qu’avant d’obtenir, s’il dissolvait l’Assemblée, une majorité absolue et avec son 49.3 il a compromis les chances d’un éventuel successeur qu’il désignerait pour 2027. Même s’il ne s’agirait pas forcément d’Édouard Philippe qui pourrait, toujours avec le 49.3, nous imposer sa retraite à 67 ans mais plutôt par exemple de Bruno Le Maire, il n’est pas exclu que les candidats issus du clan Macron soient désormais rejetés y compris par certains électeurs centristes qui n’auraient pas apprécié la méthode autoritaire du 49.3, ce qui serait bien sûr favorable à l’accession de l’extrême droite au pouvoir même si Macron, lors de récentes déclarations, semblait vouloir à tout prix l’éviter. En conclusion sans parler de toutes les difficultés qu’il risque maintenant d’avoir pour terminer son quinquennat, on se souviendra sans doute dans quelques dizaines d’années de Macron comme étant le Président ayant imposé de force une réforme des retraites et, étant donné le déficit abyssal dont on ne va pas manquer de nous parler désormais à longueur de journée pour justifier toutes les (non) actions, ruiné le pays.

    Jy2m Le 18 mars à 14:31
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  • Rassurer les marchés financiers : Alain Minc avait déjà vendu la mèche, il y a quelques semaines.

    François L. Le 19 mars à 21:32
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