La mobilisation a payé ! L’abandon par le gouvernement du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est d’abord la victoire de toutes celles et ceux, militant-es, associations, agriculteur-trices, habitant-es – zadistes pour la plupart d’entre eux -, qui se sont engagés au quotidien, près de cinq décennies durant, contre cette construction d’un autre temps.
C’est donc grâce, oui grâce, à leur mobilisation que le gouvernement a pris cette décision aujourd’hui – et qu’on le veuille ou non, en leur donnant raison. Il eut été étonnant, désarmant et révoltant qu’une expulsion sur le champ soit décidée dès après l’annonce d’Édouard Philippe à sa sortie du Conseil des ministres.
Le projet d’aéroport abandonné : et après ?
Tout le monde s’attendait à une expulsion imminente par la force – à commencer par les forces de l’ordre elles-mêmes qui, pour cinq cents membres d’entre elles, s’apprêtaient à intervenir dès demain matin. Sage décision, donc, que celle de donner un délai aux occupants, vaguement fixé au printemps, pour qu’ils partent d’eux-mêmes. La méthode, inhabituelle sous ce quinquennat d’Emmanuel Macron – qui nous a entraînés à l’exercice de fermeté, est sans doute inspirée par le très ministre d’État, Nicolas Hulot, qui va pouvoir savourer sa première grande victoire et ainsi clouer le bec à ses ex-futurs nouveaux amis écolos.
Mais d’ici au printemps, le gouvernement ne devra pas se contenter de laisser les occupants de la zone à défendre (ZAD) décider seul de leur sort. Car la responsabilité de l’État est bien plus importante dans cette affaire. Dans le long processus de construction de l’aéroport, l’État a ainsi exproprié de nombreux propriétaires de terres agricoles. Pour ceux qui en feraient la demande, ils doivent pouvoir récupérer/racheter leurs terres. De nombreux hectares resteront malgré tout inoccupés alors même que les zadistes ont fait la preuve qu’un autre projet était possible : celui d’une agriculture biologique et responsable, celui d’un cadre vie différent avec un habitat écologique, un mode de consommation solidaire, un environnement respecté.
Les terres appartiennent aujourd’hui à l’État. Plutôt que de laisser ces terres "sans affectation", il est en capacité de proposer des occupations sous forme de convention simple ou de contrat de location, voire de bail emphytéotique. Les pouvoirs publics doivent assumer les conséquences des décisions passées, et il est aujourd’hui de leur responsabilité d’engager une large concertation avec les élus locaux, les habitants, les agriculteurs, les propriétaires expropriés, les associations parties prenantes pour reconsidérer sereinement le cadre des occupations existantes.
Quid de Vinci, l’ex-futur constructeur et exploitant ?
Et puis l’État va devoir assumer une seconde décision : celle de ne pas dédommager Vinci. L’entreprise, qui détient 85% de la société Aéroports du Grand Ouest (AGO), avait obtenu fin 2010 la construction et l’exploitation pendant cinquante-cinq ans de la nouvelle plateforme à Notre-Dame-des-Landes. Dans le même temps, elle avait obtenu, dans des circonstances qui restent relativement floues, la concession des aéroports de Nantes-Atlantique et Saint-Nazaire – certains ayant dénoncé l’absence de contrepartie financière. Comme un cadeau fait au géant du BTP, qui avait également obtenu une partie des autoroutes françaises lors de leur privatisation.
Pour une entreprise dont le chiffre d’affaires s’élève à près de 40 milliards d’euros, qui voit ses bénéfices s’accroitre depuis 2010 avec l’augmentation du nombre de passagers de Nantes-Atlantique, qui a franchi le cap des cinq millions de passagers en 2017, on peut estimer qu’un dédommagement serait malvenu (on parle de 350 millions d’euros). Par ailleurs, les perspectives à venir avec l’extension de l’actuel aéroport sont particulièrement juteuses : d’après les prévisions retenues dans le rapport de la mission d’évaluation relative au projet d’aéroport du Grand Ouest, on estime que le nombre de passagers pourrait atteindre les 12 millions d’ici quelques décennies. De quoi largement satisfaire les appétits de Vinci.
Accusées pour certaines d’entre elles de green washing lors du sommet sur le climat en décembre dernier, les entreprises étaient invitées autour des tables des différents États présents, à prendre des engagements forts en faveur du climat. En abandonnant le projet de Notre-Dame-des-Landes, le gouvernement lui offre là une occasion de prouver son engagement et sa détermination à lutter contre le dérèglement climatique, et ainsi promouvoir toutes les initiatives écolo-compatibles. Comme celles des zadistes, qu’ils soient à Notre-Dame-des-Landes, à Bure contre les déchets nucléaires ou à Drucat contre le projet d’élevage laitier. À bon entendeur…
Le projet d’aeroport est aujourd’hui définitivement enterré, les zadistes doivent maintenant cesser leur action et quitter cet espace, ils n’ont plus de légitimité à rester l’etat de droit doit être retabli
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