Accueil | Par Bernard Marx | 13 mars 2020

Coronavirus : aux actes Président !

Pour faire face au coronavirus, Emmanuel Macron a pris la parole ce jeudi 12 mars, à 20h. Des annonces, certes, mais loin du compte. Voici les dix mesures qu’il faudrait prendre immédiatement.

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Hier, comme beaucoup, j’ai écouté le discours du président de la République. J’ai entendu Emmanuel Macron déclarer que « l’épidémie qui affecte tous les continents et frappe tous les pays européens est la plus grave crise sanitaire qu’ait connue la France depuis un siècle ». Je l’ai entendu affirmer que le gouvernement aller mobiliser « quoiqu’il en coûte » tous les moyens financiers nécessaires pour prendre en charge les malades, sauver des vies, porter assistance aux plus fragiles et pour protéger les salariés et les entreprises. Je l’ai entendu promettre : « Nous n’ajouterons pas aux difficultés sanitaires la peur de la faillite pour les entrepreneurs, l’angoisse du chômage et des fins de mois difficiles pour les salariés ».

 

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Je l’ai aussi entendu en appeler à l’Union sacrée après avoir proclamé : « Mes chers compatriotes, il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties. Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite sans condition de revenus, de parcours ou de profession, notre État-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie au fond à d’autres, est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle, construire plus encore que nous ne le faisons déjà une France, une Europe souveraine, une France et une Europe qui tiennent fermement leur destin en main. »

Un petit air de Sarkozy 2008

Je me suis alors souvenu qu’à Toulon, le 5 septembre 2008, au moment de l’explosion de la crise financière Nicolas Sarkozy avait déclaré : « Si j’ai voulu m’adresser ce soir aux Français, c’est parce que la situation de notre pays l’exige. Je mesure la responsabilité qui est la mienne dans les circonstances exceptionnelles où nous nous trouvons. » Il avait lui aussi promis de tirer les leçons d’une crise « sans équivalent depuis les années 30 » : « La génération qui avait vaincu le communisme avait rêvé d’un monde où la démocratie et le marché résoudraient tous les problèmes de l’humanité. Elle avait rêvé d’une mondialisation heureuse qui vaincrait la pauvreté et la guerre. Ce rêve a commencé à devenir réalité : les frontières se sont ouvertes, des millions d’hommes ont été arrachés à la misère, mais le rêve s’est brisé sur le retour des fondamentalismes religieux, des nationalismes, des revendications identitaires, sur le terrorisme, les dumpings, les délocalisations, les dérives de la finance globale, les risques écologiques, l’épuisement annoncé des ressources naturelles, les émeutes de la faim. Une certaine idée de la mondialisation s’achève avec la fin d’un capitalisme financier qui avait imposé sa logique à toute l’économie et avait contribué à la pervertir. »

Je me souviens que la responsabilité du Président de l’époque était profondément engagée dans la promotion de ce capitalisme financier et de ses règles du jeu. Je me souviens qu’en 2007 ses premières mesures avaient été le bouclier fiscal, la réforme des droits de successions, l’allègement de l’ISF et la défiscalisation des heures supplémentaires, ce qui lui avait valu l’image de « président des riches ». Je me souviens qu’en réalité l’essentiel des mesures prises en France et en Europe pour affronter la crise financière ont consisté à sauver les banques et la finance, et que la crise supposée résolue, le naturel est revenu au galop.

Et je me souviens bien sûr que le Président Emmanuel Macron a commencé son quinquennat par la suppression de l’ISF, l’allègement de l’impôt sur les revenus du capital, la baisse des impôts sur les sociétés, ce qui lui a valu l’image de « président des super riches ». Je me souviens que ce qu’il a appelé « réformes » ont consisté à attaquer systématiquement l’État providence, la protection des chômeurs, les droits à la retraite en passant par l’asphyxie des hôpitaux, la précarisation de la recherche et de l’éducation publiques.

Les paroles et les promesses ne suffisent pas

La crise sanitaire et économique demande des actes immédiats :

  1. Le retrait de la loi de réforme des retraites
  2. La suspension de la réforme des APL, dite en temps réel, prévue au 1er avril
  3. La suspension de la réforme du calcul des indemnités chômage prévue au 1er avril
  4. Le rétablissement de l’autorisation préalable de licenciements
  5. Le rétablissement de l’ISF et de l’imposition progressive sur les revenus du capital pour financer les dépenses COVID19
  6. Le retrait de la loi sur la recherche qui l’enfonce dans la précarité
  7. Le paiement intégral des salaires en cas de chômage partiel et l’extension du dispositif aux travailleurs indépendants
  8. La suspension de la tarification actuelle des hôpitaux et la mise en place immédiate d’un plan d’urgence afin de financer l’hôpital et ses personnels en fonction de leurs besoins
  9. La mise en place d’une structure de suivi en temps réel des banques afin qu’elles assurent la continuité du fonctionnement des entreprises et afin d’empêcher la propagation de l’effondrement des bourses en crise financière générale
  10. L’exigence que la BCE (et non les marchés financiers) finance, quoiqu’il en coute, les États européens au fur et à mesure qu’ils prennent, comme l’État italien le fait, les mesures nécessaires pour faire face à la crise sanitaire

Voilà tout.

 

Bernard Marx

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