MAD MARX. La demande de réouverture des petits commerces dès le 27 novembre est-elle légitime ? « Les petits commerces souffrent énormément et cela concerne aussi beaucoup de salariés, même s’il y a le chômage partiel », répond Laurent Berger, le secrétaire de la CFDT, invité du Grand entretien de France Inter ce lundi 16 novembre. « Il faudrait rouvrir le plus vite possible. Mais, précise-t-il, quand et sous quelles modalités, je ne suis pas en capacité de répondre car c’est une décision sanitaire et je ne suis pas médecin ».
Certes ! Mais, sachant les risques de disparition de nombreux petits commerces et de destruction massive d’emplois salariés qui l’accompagnerait, le secrétaire général de la CFDT, aurait pu demander que, quoiqu’il en soit du point de vue sanitaire, les moyens d’éviter un tel désastre économique et social soient dès maintenant discutés et mis en place. Ils pourraient par exemple être financés par une taxe exceptionnelle sur le chiffre d’affaires des bénéficiaires du Black Friday.
Mortel Vendredi
Car si les commerçants demandent une réouverture précisément dès le 27 novembre, c’est évidemment parce que c’est le jour du Black Friday, c’est-à-dire du grand jour de soldes où les géants de la vente en ligne, à commencer par Amazon, pourront accaparer une part significative des achats de Noël.
« Ce n’est pas nouveau, et je trouve cela inquiétant sur ce que cela veut dire de notre relation à la consommation », souligne à raison Laurent Berger. Sauf que cela va avoir cette année un impact d’autant plus important si les petits commerces sont fermés ce jour-là et le week-end suivant.
« Il faut essayer de faire en sorte qu’on ait un Noël avec le moins d’Amazon possible », ajoute-t-il, là encore à raison.
Oui mais, rétorque Léa Salamé qui l’interviewe, le gouvernement n’a pas les moyens d’interdire le Black Friday. Objection pour le moins discutable. Alors que ce même gouvernement a pu faire fermer les rayons de produits « non essentiels » des grandes surfaces au motif de distorsion de concurrence. Laurent Berger, pour sa part, ne la discute pas. Mais, insiste-t-il, là encore à raison, « on ne peut pas en appeler seulement à la responsabilité des citoyens. Il faudrait de la régulation au niveau européen et national. Il y a des citoyens qui n’ont pas d’autres solutions que de faire appel à ces plateformes. Je préférerais que ce soit une fiscalisation de leurs bénéfices sur le long terme ».
« Oui, mais la taxe GAFA, on ne peut pas. Il y a les mesures de rétorsion américaine et il y a les divisons européennes », lui rétorque Léa Salamé, avocate permanente de TINA (There Is No Alternative).
Mais, si on ne fait pas cette taxation des profits auprès de chacun des pays et des continents en ce qui concerne l’Europe, on n’aura pas de régulation de ces GAFA, réplique Laurent Berger. « Et, ajoute-t-il, au bout d’un moment, on en appellera juste à la bonne volonté des citoyens. Et en ce moment, il y a aussi des citoyens qui n’ont pas d’autres solutions que de faire appel à ces plates formes pour avoir les biens dont ils ont besoin. » Une fois encore le bon argument.
« Justement, lui dit Nicolas Demorand, qui l’interviewe également, France Info publie une tribune d’une centaine d’ONG, de syndicalistes, de citoyens et d’élus qui réclame une taxation exceptionnelle sur le chiffre d’affaires d’Amazon. Qu’en pensez- vous ? »
Et là… Laurent Berger se défile. Il explique « qu’il n’est pas favorable à une taxe spéciale sur Amazon et qu’il préfèrerait une fiscalisation de leurs profits sur le long terme ». Il souligne que ce n’est pas simplement le problème de ce Noël particulier, mais qu’il dure depuis longtemps. Et, argument ultime, « il ne faut pas oublier qu’Amazon ce sont des travailleurs. Et il ne faut pas leur jeter l’opprobre. Ce sont des milliers de salariés souvent syndiqués, notamment à la CFDT, et il faut tenir compte que c’est aussi leur travail ».
Comme si la tribune jetait l’opprobre sur les travailleurs d’Amazon et réclamait la taxation de leur travail.
Ne faites pas comme Laurent Berger ! Ne vous laissez pas aveugler par vos préjugés et vos désaccords supposés avec les signataires d’une tribune. Ne vous laissez pas aller à raconter n’importe quoi pour essayer de vous justifier. Lisez la tribune.
Elle nous dit :
- Qu’Amazon, le géant du e-commerce, apparaît comme le grand gagnant de la crise. Depuis le début de l’année 2020, ses ventes ont explosé et la fortune de Jeff Bezos a dépassé les 200 milliards de dollars.
- Qu’Amazon favorise en réalité la multiplication d’achats superflus et suremballés, consommateurs de ressources et émetteurs de CO².
- Que chez Amazon, les revendications salariales sont balayées d’un revers de main, les demandes de primes exceptionnelles liées à l’augmentation de l’activité sont refusées
- Qu’Emmanuel Macron lui déroule le tapis rouge ! Non seulement il se refuse à stopper les projets en cours d’entrepôts, centres de tri et agences de livraison, mais il a décidé d’interdire à tout le monde de vendre des produits non essentiels sauf... aux géants de la vente en ligne !
- Que, l’expansion d’Amazon pourrait conduire au doublement de sa part de marché et provoquer la destruction de 100.000 emplois partout en France. Elle se traduirait également par la distribution de 2 milliards de produits supplémentaires par an et nous enfoncerait encore plus dans le chaos climatique.
Elle propose :
- Pour faire face à l’urgence, une taxe exceptionnelle sur le chiffre d’affaires d’Amazon et des autres profiteurs de la crise est également indispensable. Elle permettrait dans l’immédiat de financer les mesures de préservation de l’emploi et le fonds de solidarité pour les commerces de proximité
Elle appelle :
- À une mobilisation massive d’ici au 27 novembre prochain, date du Black Friday, pour montrer l’urgence de stopper l’expansion du géant du e-commerce avant qu’il ne soit trop tard.
Si vous êtes d’accord avec ce que dit et propose cette tribune, faites comme moi, signez la. C’est ici !