Six mois que la culture ne fait plus partie de notre quotidien. La culture au sens social du terme. Et encore, ne pourrait-on pas s’accorder pour dire que cela fait plus d’un an que nous sommes plongés, collectivement, dans un coma social et culturel ?
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Alors, ce mercredi 19 mai, quand ces lieux vont rouvrir, le réveil va être difficile, tant tout ceci semble encore irréel. C’est un embouteillage, ou un tsunami, qui attend les programmateurs. Il y a les films d’avant, les films qui n’ont pu sortir que quelques jours avant le dernier shutdown, ceux qui n’ont pas pu sortir du tout… Sans parler de la jauge des 35% et du couvre-feu à 21h. Bref, c’est le bordel.
Alors, qu’est-ce qu’on va voir ?
Au cinéma…
Garçon chiffon, de Nicolas Maury

Parce qu’on a besoin de Nicolas Maury qui interprète, dans son propre film, un acteur au chômage qui dit la beauté du monde dans la complexité des relations que l’on a entre nous et nous, entre nous et ceux qu’on aime, entre nous et ceux que l’on voudrait aimer.
Mandibules, de Quentin Dupieux

Parce que Quentin Dupieux, même s’il n’est pas toujours très pertinent sur les réseaux sociaux, il reste l’un des plus pertinents pour raconter le maelström chaotique et poétique de notre société. Et puis pour Adèle Exarchopoulos.
Michel-Ange, de Andrey Konchalovsky

Parce que Andrei Tarkovski a un juste héritier en la personne d’Andrey Konchalovsky et que sa réflexion esthético-politique sur la puissance de l’art est salvatrice.
Drunk, de Thomas Vinterberg

Parce que comme nous mêmes, on va bien se la mettre, autant poursuivre en allant voir Mads Mikkelsen se la mettre aussi.
Et pour plus tard, si les salles sont encore ouvertes d’ici là…
Une histoire à soi, d’Amandine Gay, en salles le 23 juin.

L’hommage à Chantal Akerman, avec 10 films dans une copie restaurée, du 2 au 6 juin au Forum des Images, en présence d’Aurore Clément (une de ses actrices fétiches), Claire Atherton (sa monteuse), Sonia Wider Atherthon (grande violoncelliste qui fut sa compagne). Parmi les films projetés, deux grands classiques : News From Home (sur New York) et La Captive (son adaptation magistrale de Proust).
Au théâtre…
Young Yellow Years, de Mickaël Phelippeau, au théâtre de Gennevilliers
Interprète et chorégraphe, Mickaël Phelippeau imagine avec un groupe d’adolescents Young Yellow Years. Non pas un spectacle « sur l’Adolescence » mais, plutôt, un portrait des quinze jeunes réunis. Forcément partial, sacrément engagé, sincère, conscient et énergique.
Point Cardinal, de Léonor de Récondo et Sébastien Desjours, au théâtre de Belleville
Et pour plus tard, si les salles sont encore ouvertes d’ici là…
Paradis, de Sonia Chiambretto, au Théâtre Ouvert.
Écrit par Sonia Chiambretto et co-mis en scène avec Yoann Thommerel, Paradis part de la rencontre et de l’amitié de la poétesse et écrivaine avec un jeune Syrien. Ou comment cette dernière a essayé « de sauter par-dessus la barrière de la langue » pour le comprendre.
Et c’est un sentiment qu’il faut déjà que nous combattions je crois, de David Farjon, au théâtre Paris-Villette du 9 au 13 juin
Mis en scène par David Farjon, ce spectacle passionnant nous plonge dans la fabrique des médias en démontant habilement les fantasmes accolés aux banlieues.
« Autophagies. Histoires de bananes, riz, tomates, cacahuètes, palmiers. Et puis des fruits, du sucre, du chocolat. », d’Eva Doumbia, au Festival d’Avignon, dont la 75ème édition se tiendra du 5 au 25 juillet
Au musée…
« Divas, d’Oum Kalthoum à Dalida », à l’Institut du monde arabe

Pour ses très belles archives.
Ex Africa, au Musée du Quai Branly jusqu’au 11 juillet
Conçu par le critique et historien d’art Philippe Dagen, « Ex Africa » réunit une trentaine d’artistes. L’occasion par leurs œuvres prenant en charge des enjeux actuels (et politiques) de mettre en perspective les liens entre la création contemporaine et les arts africains anciens.
La Nature, d’Artavazd Pelechian

À la fondation Cartier, le cinéaste arménien Artavazd Pelechian présente trois de ses films. De La Terre des hommes (1966) aux Saisons (1975) et jusqu’à La Nature (2020), ces films nous plongent dans une œuvre lyrique et poétique où la nature est tantôt montrée sous son versant domestiqué, tantôt sous son aspect le plus tempétueux et terrifiant.
Maya Zack, au musée d’art et d’histoire du judaïsme
Plasticienne née en 1976 à Tel Aviv, Maya Zack s’intéresse dans son travail aux enjeux de la mémoire, de l’oubli et du travail mémoriel. Elle présente pour la première fois en France sa trilogie Mother Economy (2007), Black and White Rule (2011), et Counterlight (2016-2017). Une exploration des mécanismes de l’élaboration de la mémoire à travers des figures de femmes pour les deux premiers films, une plongée dans l’univers du poète et écrivain Paul Celan pour le troisième (1920-1970).
L’Invention du surréalisme : des Champs magnétiques à Nadja, à la BNF
À l’occasion du centenaire (en 2020) de la publication par André Breton et Philippe Soupault de leur recueil commun Les Champs magnétiques, cette exposition nous immerge dans le surréalisme littéraire. Par les œuvres l’on appréhende la puissance de cette aventure artistique, soucieuse d’inventer un nouveau rapport à l’écriture comme au monde.
Lille Art Up, foire d’art contemporain avec de jeunes artistes contemporains du 24 au 27 juin, à Lille Grand Palais. Lille Art Up est sans doute l’occasion de découvrir ce qu’il y a de plus neuf dans l’art contemporain et de le découvrir hors d’un cadre parisien et parisianiste.
Lumière du matin, de Wolfgang Tillmans, à la Galerie Chantal Crousel jusqu’au 6 juin. Cette exposition, rare à Paris, permettra de découvrir les derniers travaux du photographe allemand Wolfgang Tilmans, l’un des maîtres vivants de la photographie contemporaine.
Rater encore. Rater mieux, d’Alberto Giacometti et Samuel Beckett, à la Fondation Giacometti jusqu’au 9 juin. L’exposition, sur les rapports de l’œuvre littéraire de Samuel Beckett et du sculpteur Giacometti, sera l’occasion de découvrir quel rapports bouillonnants l’art et la littérature pouvaient encore entretenir dans la France de l’après guerre s’interrogeant sur les valeurs de l’humanisme.
La rédaction