Cela fait maintenant trois ans que nous faisons cet exercice. Trois ans que politiquemedia.com nous laisse trifouiller ses données, collectées patiemment jour après jour. Et pour la troisième année consécutive, les résultats sont désolants. Parité, pluralité et surmédiatisation, quels sont les invités politiques de la centaine d’émissions de télé et de radio que l’on compte en France ?
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Parité : peut-on faire pire ?
En 2020, sur les 3608 invités des émissions politiques télé et radio, on dénombre 163 femmes invitées 1023 fois (soit 28,35% du temps) et 337 hommes invités 2585 fois (71,65%).

On s’y attendait, les chiffres de la parité sont mauvais. La faute au Covid ? Après tout, cette crise sanitaire a accentué toutes les inégalités, les irrégularités de la société, alors pourquoi donc la présence des femmes politiques sur les plateaux serait-elle épargnée ?
En juin 2020, nous avions réalisé un testostéromètre exceptionnel lié à la crise du coronavirus : à l’époque, les hommes représentaient 71,3% des invitations. « À voir si cela continue sur cette mauvaise pente… », écrivions-nous alors. L’après-Covid n’a pas redressé la barre, au contraire.
Quelles ont été les personnalités politiques les plus médiatisées en 2020 ?
C’est officiel : les femmes ont disparu. Enfin, presque. Dans les dix personnalités politiques les plus invitées des télés et des radios, il ne reste qu’une femme : Marlène Schiappa. Elles étaient quatre en 2019 et deux en 2018. Pis encore, pas une seule femme ne se place à la première place de son parti, pas même Marine Le Pen, c’est dire...

Analyse Regards : mais où est la gauche ? Quatennens, Jadot, Royal et… c’est tout ! En comparaison, l’extrême droite place autant de personnalités dans ces classements. Inquiétant.
Analyse Regards bis : une pensée pour Nathalie Loiseau, au bord de l’extinction médiatique depuis sa brillante victoire aux européennes en 2019. Un sort que devraient connaître en 2021 Sibeth Ndiaye ou Muriel Pénicaud car il est une règle : lorsqu’on quitte le gouvernement, on disparaît médiatiquement (l’inverse est aussi vrai).
Analyse Regards ter : en 2020, un élu municipal d’opposition de Barcelone (par respect, nous tairons son nom) est toujours plus médiatisé en France que le ministre des Affaires étrangères ; sinon, sachez que Lionel Jospin a été autant invité qu’Emmanuel Macron : deux fois.

Analyse Regards : il est intéressant de noter que pour une année de crise sanitaire, le ministre de la Santé – même si l’on additionne les chiffres de Buzyn et Véran – est loin d’être surmédiatisé. Ce sont les ministères liés à l’économie et celui de l’Éducation qui ont été les plus invités par les médias. Quant à la place de Marlène Schiappa – qui fut en 2020, rappelons-le, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations avant de passer, sous Castex, ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, chargée de la Citoyenneté –, elle est pour le moins étonnante. À croire que la fonction ne fait pas toujours l’aura médiatique.

Analyse Regards : Jadot, numéro uno pour la troisième année consécutive ! Un big up de la part de toute la rédaction au patron des communistes, qui fait une entrée fracassante dans le TOP 15, toute étiquette politique confondue ! Une seule femme dans cet TOP mixte de la gauche. Voyez plus loin dans cet article, elles sont trois à droite...
Analyse Regards bis : Ségolène Royal est, de loin, la femme de gauche la plus médiatisée en 2020. Et on n’a pas encore compris pourquoi. Mais ne cherchez pas de femmes communistes, les plus médiatisées sont Elsa Faucillon et Cécile Cukierman : 2 invitations chacune...

Analyse Regards : la droite bien à droite, comme on l’aime (ou pas).
Le Parlement des médias
Si la démocratie était un show télévisé, voici à quoi ressemblerait son assemblée :

Analyse Regards : comme avec la parité, le pluralisme politique a été jeté avec l’eau du bain du Covid. En 2019, la majorité (gouvernement+LREM+Modem) pesait 39,83% des interventions dans les médias. La droite aussi, dans une moindre mesure, progresse, de même que le PS et EELV. Au détriment de qui ? Les plus lourdes chutes sont pour LFI et le PCF. À noter que la part du RN diminue aussi, passant de 8,26 à 7,65%.