L’organisation de réunions en non-mixité par l’Unef continuent de créer polémiques et fractures dans le champ politique français, générant anathèmes et mises au pilori. Dernière cible en date : l’adjointe à la maire de Paris et candidate à la présidence de la région Île-de-France Audrey Pulvar depuis son passage sur BFMTV samedi où elle a réaffirmé la pertinence de la non-mixité dans certaines situations.
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Les arguments des tenants d’un universalisme qui s’opposerait à ce que des opprimés puissent se réunir et s’organiser entre eux sont essentiellement assis sur un rapport à l’histoire culturelle d’une France allergique aux distinctions entre les couleurs de peau et aveugle aux combats spécifiques que les discriminations qui en sont le fruit pourraient produire.
Mais les contempteurs de l’Unef vont plus loin : ainsi de la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo qui trouve « dangereuses » les réunions non-mixtes, du ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer qui parle de « pente fasciste », des communistes qui évoquent dans un communiqué de presse « une dérive identitaire », du syndicat étudiant ou de la députée européenne LREM Nathalie Loiseau qui ose une comparaison avec l’apartheid sud-africain.
Pourtant, ce sont les mêmes qui félicitent copieusement l’élection de Joe Biden aux États-Unis dont les équipes se sont largement inspirées de ce qui avait pu ressortir de réunions non-mixtes. Ainsi de Nathalie Loiseau et d’Anne Hidalgo qui adressent leurs chaleureuses félicitations au nouveau président américain et à sa vice-présidente Kamala Harris dès le 7 novembre dernier.
Finally some good news in 2020. Congratulations @JoeBiden and @KamalaHarris . You have a huge task ahead of you. We count on you. Make America Trustworthy Again. .#USAelection2020 🇺🇸 pic.twitter.com/8oC6qxojLK
— Nathalie Loiseau (@NathalieLoiseau) November 7, 2020
Welcome back America ! Félicitations à @JoeBiden et @KamalaHarris pour cette élection ! Alors que nous allons célébrer les 5 ans de l’Accord de Paris, cette victoire est un beau symbole pour plus que jamais agir ensemble face à l’urgence climatique. 🇺🇸 #Election2020
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) November 7, 2020
La maire de Paris va même plus loin en postant fièrement sur ses réseaux sociaux des photos avec la membre de l’aile gauche du Congrès Alexandria Ocasio-Cortez, affichant par là-même sa sororité et sa proximité politique avec l’élue américaine.
Quel plaisir d’échanger avec @AOC à l’occasion du #C40Summit de Copenhague. Vamos ! ✊🏻 #Women4Climate #TheFutureWeWant pic.twitter.com/xHkQW2XAoY
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) October 10, 2019
Le parcours de Kamala Harris (loin d’être exemplaire en matière de défense des droits des minorités) est jalonné d’appartenances à des groupes non-mixtes : elle a ainsi été présidente de l’association des étudiants noirs en droit de son université et surtout siégeait, lorsqu’elle était membre du congrès, dans le caucus noir, un lobby parlementaire composé uniquement d’Afro-Américain. Idem pour Alexandria Ocasio-Cortez qui affiche à l’envi sa proximité avec les militants du mouvement Black Lives Matter dont beaucoup de réunions sont organisées en non-mixité.
Il ne s’agit pas ici d’affirmer que les stratégies politiques anglo-saxonnes sont à importer telles quelles en France dont l’histoire des représentations républicaines et sociales diverge de celle des États-Unis. S’interroger sur l’utilisation du mot « race » ou sur la pertinence de réunions non-mixtes peut même s’avérer intéressant dans le cadre d’un débat public apaisé. Mais les épithètes insultantes et catégoriques sont-elles vraiment pertinentes ?
Est-ce qu’Anne Hidalgo considère que Kamala Harris ou Alexandria Ocasio-Cortez sont les promotrices d’une idéologie « dangereuse » ? Et est-ce que Jean-Michel Blanquer trouve « fascistes » ses homologues de l’exécutif américain ? On aimerait connaitre leur avis sur la question tant leur jugement apparaît soudainement à géométrie variable.
Les fractures qui se font jour sur la question de la non-mixité, tout particulièrement à gauche, ne sont donc pas fondamentalement liées à l’existence d’une colonne vertébrale idéologique qui serait « républicaine » ou « universaliste » : elles sont contextuelles et politiciennes. Elles sont pensées et instrumentalisées pour décrédibiliser des adversaires politiques, nonobstant les réflexions pléthoriques et passionnantes des personnes concernées sur le sujet.
Nous sommes en 2021 et l’antiracisme est encore un combat qui est loin d’être gagné. Les voies et moyens méritent d’être débattus. Ils doivent l’être à l’aune des défaites et des conquis de la fin du XXème siècle et de son renouvellement par l’auto-organisation des personnes concernées. Tout le reste n’est qu’un bruit venu de l’extrême droite qui a trouvé un écho trop puissant dans une partie de ce que jadis on appelait la gauche.
Ancien militant de l’unef ex renouveau
Je ne cautionne pas ceux qui veulent dissoudrel’unef !
Les étudiants ont besoin de cette orga !
Pour autant je ne caution pas ces réunions
Militant de la cgt ! Je ne voudrais pas de ce genre de réunion dans mon orga
Jean Pierre dropsit
Le 30 mars à 13:10
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