L’ambiance au Parti socialiste est électrique, et le 29 mai reste dans tous les esprits. Témoins, ces choses vues et entendues lors de la présentation des contributions à la fédération de Paris du PS, salle de la Mutualité, le 6 septembre dernier.
Devant une salle comble, chacune des 18 contributions doit être présentée aux militants, en un temps imparti... qui est immédiatement dépassé par le défenseur de la motion Hollande. « Tu as dépassé ton temps de parole, c’est vrai : rétorque aux rares réactions de l’assistance la préposée au chronomètre : mais tu représentes tellement de monde... » La salle applaudit mollement, déjà convaincue. La contribution d’Emmanuelli est accueillie dans une indifférence générale.
Vient le tour de Jean-Luc Mélenchon, le seul à présenter lui-même son texte. A peine monté sur la tribune, il est cueilli par un trait d’humour glacé : « Jean-Luc, faut-il que je retire de ton temps de parole tes mouvements de scène » Ambiance... Le député de l’Essonne, à son habitude, enfle la voix, vitupère, assène, gronde : « Le président de la République a trahi le mandat que lui avait confié le peuple français en n’exigeant pas le retrait immédiat du projet de constitution européenne ! » « Heureusement », réplique, lèvres pincées, une socialiste-Chanel.
Puis l’auditoire se rendort, tandis que se démènent les orateurs. Il ne se réveillera que pour siffler copieusement David Assouline, qui dénonce en préambule les dépassement de temps de parole et la multiplicité des contributions déposées par la majorité sortante, destinées selon lui à noyer sous le flot les textes des courants minoritaires. Choquée de cette mauvaise manière, l’assemblée siffle, hue, brocarde le mauvais coucheur. La fin de son discours est applaudie par quelques frondeurs, cachés dans les derniers rangs.
Alors, le débat peut s’engager, pendant que la salle se vide. Chacun rentre chez soi. La Mutualité a passé une soirée plutôt calme. Le PS parisien ne risquait pas de la réveiller.