Visite inopinée du château de Fontainebleau, histoire de voir sa collection de tableaux. Dès la première salle, stupeur : les œuvres exposées semblent surgies du néant telles de purs objets esthétiques, sans auteur ni histoire. Le visiteur, livré à lui-même, est privé de toute information les concernant. Depuis début mai, les cartels indiquant le nom de l’artiste, le titre du tableau et la date à laquelle il a été peint, ont été supprimés, rendant indispensable l’audioguide que tout le monde a vissé à l’oreille. Certes, l’appareil est compris dans le prix du billet, mais de 6,50 ?, l’entrée est du coup passée à 8 ?. Effet pervers n°1 : le surcoût. Effet pervers n°2 : l’obligation d’accepter de déambuler avec un engin qui use les méninges, sous peine d’être complètement désorienté. Effet pervers n°3 : la fermeture d’une partie des salles du château dès 16h15, condamnant les autres à se transformer en goulots d’étranglement. La durée complète de la visite avec audioguide obligeait, en effet, les gardiens de salles à travailler vingt minutes supplémentaires pour le même salaire. Ils ont protesté, on les comprend aisément. Mais leur réprobation dépasse leurs intérêts corporatistes. Le personnel croisé ce jour-là est unanime : cette décision de déboulonner tous les écriteaux au profit d’audioguides plus rentables est une encoche faite à la mission culturelle du château. Cette malheureuse opération commerciale s’inscrit dans une politique plus large visant à rentabiliser les musées nationaux.
A relire dans Regards :
- "Mécénat : l’art emballe les marques" : http://www.regards.fr/article/?id=2649&q=m%C3%A9c%C3%A9nat
- "Abou Dhabi s’offre un invité de marque" : http://www.regards.fr/article/?id=2610&q=abou%20dabi
- "Musées, la gratuité ne fait plus recette" : http://www.regards.fr/article/?id=2737&q=Mus%C3%A9e%20gratuit%C3%A9%20recette