Que pensez-vous de la proposition d’un
référendum sur le nucléaire ?
Tout le monde y va de sa proposition ces derniers
temps avec des référendums, des débats,
des expertises. On s’est déjà « farci » le Débat
national sur les énergies en 2003, le débat sur
le Grenelle, sur le photovoltaïque… En France,
on sait très bien faire ça, des débats dans les
beaux quartiers de Paris. On nous invite, on
nous fait parler, on se félicite… et puis plus rien !
Aujourd’hui, si un débat est nécessaire, c’est sur
les conditions du débat.
Justement, quelles seraient d’après vous
ces conditions ?
Il faut éviter un débat émotionnel et travailler sur
les informations de base sur le nucléaire. Aujourd’hui,
on ne connaît pas les coûts de cette
énergie car ils sont classés secret défense.
Avant même de démarrer un débat, il faudrait une
véritable mission d’information qui serait confiée
à un groupe d’experts indépendants et pas seulement
à des spécialistes de l’atome, mais aussi
à des économistes… Il faut se mettre d’accord
sur les termes du débat. Celui-ci devra alors être organisé au niveau national mais aussi territorial
et que les citoyens soient réellement impliqués
dans la réflexion. En Suède, par exemple,
ils ont trouvé une combinaison intéressante sur
les parcs éoliens entre des opérateurs privés, la
puissance publique territoriale et des citoyens
associés. La question de la réappropriation de
l’énergie est cruciale !
Sur quels thèmes devrait porter le débat ?
Si on pose la question frontalement sur la sortie
du nucléaire, on avancera pas. Il ne faut pas
s’enfermer dans les étiquettes de pro ou antinucléaire.
Le débat doit porter sur la transition
énergétique pour savoir quel modèle nous voulons
pour demain. Il faut débattre de nos besoins
énergétiques et pas seulement sur ceux en électricité.
Nous devons avoir une réflexion sur nos
besoins fondamentaux, ceux qui sont superflus
et ceux non comblés. Après ça, il y aura une loi
ou un référendum, je ne sais pas, même si a priori
je n’aime pas le côté binaire du référendum.
Dans tous les cas, la sortie du nucléaire sera une
conséquence de nos choix énergétiques, pas un
préalable.
* négaWatt regroupe des experts français de l’énergie.
L’association propose le scénario d’un avenir énergétique
s’appuyant sur le concept de négaWatt (énergie
économisée par une démarche de sobriété et d’efficacité
énergétique) et sur un recours volontariste aux
énergies renouvelables.