Dans son rapport, Kofi Annan ne fait pas seulement des propositions organisationnelles : il reformule la doctrine onusienne. La Charte des droits de l’homme et le droit international sont réaffirmés comme les pivots de l’ONU. Signe du temps, apparaît la notion de terrorisme : mais sans mention du terrorisme d’Etat. Figure aussi la proposition d’institutionnaliser la doctrine de guerre préventive : « Lorsque les menaces ne sont pas imminentes mais latentes, la Charte donne au Conseil de sécurité pleine autorité pour employer la force armée, y compris de manière préventive, afin de préserver la paix et la sécurité internationale. » Pour l’Association américaine de juristes (AAJ), Kofi Annan fait une interprétation abusive de l’article 51 de la Charte. Celui-ci, objecte l’AAJ, parle de légitime défense quand un Etat est l’objet d’une agression et non de menaces latentes. Concernant, en revanche, le recours à la force pour protéger des populations en danger, Français comme Américains ont refusé que le Conseil de sécurité se lie les mains en adoptant les critères qui déclencheraient l’intervention de l’ONU. Pourquoi l’ONU intervient à Haïti et pas au Darfour (180 000 morts) restera donc un mystère.