La F1 est-elle un sport antidémocratique ? C’est
en tout cas un juteux business qui n’a que faire
des situations politiques des pays accueillant
ses grands shows. Dernier exemple en date :
le grand prix de Manama, à BahreÏn, où la F1 a
garé ses écuries le week-end du 22 avril alors
que le régime réprime dans le sang, et depuis
plus d’un an, le soulèvement populaire issu du
Printemps arabe. Saisissant l’opportunité médiatique
de l’événement sportif, l’opposition avait
profité de la présence de caméras étrangères
pour intensifier ses actions et interpeller la communauté
internationale. La réponse du pouvoir
ne s’est pas fait attendre. Pour s’assurer de la
tranquillité d’une course présentée comme la
nouvelle vitrine d’un Bahreïn « uniF1ied » (unifié),
le pouvoir a envoyé chars et force de l’ordre pour
éloigner les « agitateurs ». Bilan : une dizaine de
morts et plus de cinquante blessés. Pas de quoi
alarmer le milliardaire Bernie Ecclestone, le patron
organisateur de la F1 qui s’est ému « qu’une
poignée de personnes cherchent à annuler une
course qui fait le plaisir du pays et de sa population
». Avant de conclure « qu’il n’y avait aucun
problème » au Bahreïn. Complice, l’industrie
du sport automobile ?
Quoi qu’en disent ses défenseurs, en 62 ans
d’existence, la fédération internationale du sport
automobile a rarement refusé l’invitation d’un
dictateur à concourir sur l’un de ses circuits.
Jusqu’en 1985, en plein régime d’apartheid, les
plus grands pilotes du monde se retrouvaient
chaque année à Johannesburg, pour disputer la
célèbre course de Kyalami.