Pour les fralibiens, le programme des jours à venir est chargé : quelques uns seront à Paris dans les rangs de la manif du 30. Le surlendemain, 2 octobre, au Tribunal de Nanterre, Gérard Cazorla, le secrétaire CGT du CE passera en correctionnelle pour diffamation. Et le lendemain à Marseille, tenue d’une table ronde avec les représentants de l’Etat et la direction d’Unilever... Mais ce 28 septembre, cela fait deux ans que la direction de Fralib a appris aux 182 salariés du site de Gémenos, à proximité d’Aubagne, que leur usine de thé allait fermer (lire ici le reportage publié dans Regards n°14 d’octobre 2011). Deux ans de lutte comme le rappellent quelques un des panneaux portés par les salariés qui se regroupent sur le site. Deux heures avant, le ministre du redressement productif Arnaud Montebourg, face au micro de Jean-Jacques Bourdin sur RMC, a estimé que Unilever ne lâcherait pas la marque l’Eléphant que veulent récupérer les salariés et indiqué que l’Etat n’ayant pas "la possibilité de la réquisitionner", il allait falloir trouver des "solutions différentes".
(passage sur Fralib aux alentours de 12’45)
Bourdin direct : Arnaud Montebourg, ministre du... par BFMTV
L’intervention du ministre fait partie des sujets dont on discute ce matin, un verre de café à la main, sur le site de l’usine. En ligne de mire, la table ronde prévue en préfecture mercredi 3 octobre. Y sont attendus des représentants des collectivités territoriales, de la direction d’Unilever, des salariés de Fralib et Michel Bentoussi, le médiateur désigné fin mai par le gouvernement. Enjeu : une restitution des groupes de travail qui ont planché depuis juin sur les projets de reprise d’activité de l’usine. Celui des salariés s’articule autour d’une Scop ; celui d’Unilever parle de "revitalisation" via la prise en main de l’activité par une entreprise locale. De l’avis de tous, y compris des pouvoirs publics, ce dernier apparaît surtout comme une énième manœuvre de diversion de la direction de Fralib pour freiner le projet des salariés. Qui, lui, semble désormais bien engagé : le 5 septembre, la Communauté urbaine de Marseille Provence Métropole (CUMPM) a signé définitivement le rachat du site, devenant officiellement propriétaire du terrain et des machines, cédées par Unilever pour un euro symbolique.
"On a l’usine, on a les machines, mais on veut pas en faire un musée !, résume Gérard Cazorla. Il nous faut la marque et le volume pour reprendre notre activité." Ce sera l’un des enjeux de la discussion de mercredi que les salariés abordent en confiance. "Nous cet été, on a bossé, explique Olivier Leberquier délégue syndical CGT. Et on a avancé. Notre projet était déjà bien étayé mais on a encore progressé sur certains points". Notamment sur celui des filières d’approvisionnement, des contacts ayant été noués avec des producteurs vietnamiens dans le cadre d’une délégation syndicale de la FSM qui s’est rendue sur place fin août.
En attendant, il s’agissait ce matin de fêter les deux ans d’anniversaire de la lutte. Premier acte : distribution de tracts au rond point de la Bourbonne à l’entrée du site des Paluds. Second acte : petit meeting devant les locaux où la direction s’est retranchée depuis le début du conflit. Ce matin Angel Llovera, le directeur de Fralib n’y était pas. Sinon, les "golgots" ukrainiens qui lui servent de garde du corps depuis des mois auraient été devant la porte du bâtiment. Mais personne. Au grand regret des salariés qui souhaitaient absolument dire au-revoir à leur ex-patron qui a annoncé depuis quelques mois son départ le 30 septembre. Sur les panneaux, on pouvait lire "PDG viré, ça c’est fait". Pour l’étape suivante, rendez-vous mercredi.