« Le FRAP ne se contente pas d’une critique de la vie quotidienne mais vit quotidiennement sa critique. Il y a ici la volonté de changer le monde pour mieux y vivre » , résume Jean-Pierre Petit, l’un de ses fondateurs. Conjointement organisé par des associations, collectifs et squats, le FRAP se donne pour mission de soutenir les mouvements sociaux, relayer les alternatives citoyennes, créer un espace public de réflexion autour de la résistance au modèle néolibéral. Lieux symboliques de contestation politique ou cadres propices à la discussion, le ministère de la Crise du logement, Barbizon Atoll 13, Ecobox et Goumen Bis ont servi cette année de plate-forme à la convergence des luttes.
Fidèle au principe de gratuité et de libre accès, cet événement autogéré ne bénéficie d’aucune subvention. Il reste en tout état de cause une occasion de rencontres et d’échanges où les formes d’expressions artistiques anti-répressives trouvent aussi leur place. Comme l’attestent la projection des films « Derrière les arbres » de Bénédicte Pagnot, « Terre Révolutionnaire » de François Caron, « L’orchestre noir » de Frédéric Laurent, Fabrizio Calvi et Jean-Michel Meurice, « La révolution ne sera pas télévisée » de Kim Bartley et Donnacha O’Brian, « Bové, le cirque médiatique » de Damien Doignot et « Au parfum des trottoirs » de Véro Leduc.
Agissant hors du champ électoral, le FRAP est issu d’une famille non partisane. Les premiers « Festivals des Résistances » apparaissent en effet à la fin des années 90 à Limoges, puis à Rennes et à Grenoble (FRAKA, Festival de Résistances et d’Alternatives au Kapitalisme). En 2001, des petits frères voient le jour à Gap, Angers, Bayeux, Lyon, Brest, Saint-Etienne, Dijon et... Paris. A défaut de fonder une coordination nationale des FRA susceptible de rendre plus visible cet activisme, des liens se nouent entre les différentes antennes locales. Histoire de mutualiser les expériences de chacun tout en conservant une certaine indépendance.
LA CONTESTATION SOCIALE FACE AUX MEDIAS : interventions et interviews audios du Plan B, Acrimed, Collectif des déboulonneurs et Génération Précaire
>> Débat au Goumen Bis le 17 mai autour du traitement médiatique des actions militantes traditionnelles et récentes
> Pierre Rimbert, sociologue et journaliste au Plan B , périodique de critique des médias et d’enquêtes sociales, situe le rapport des mouvements sociaux aux médias dans un contexte marqué par une concentration capitalistique croissante des médias et une connivence entre Sarkozy et les magnats de la presse. A travers un discours clair, didactique et charpenté, il explique comment les nouvelles actions militantes destinées au départ à attirer l’opinion publique et susciter un débat de société, deviennent « des actions conçues pour les médias, des produits vidés de leur sens qui circulent sur le marché de l’information. Jouer ce jeu médiatique, c’est prendre le risque de dénaturer la conduite d’un mouvement » . Il estime par ailleurs que le rejet du traité constitutionnel européen lors du référendum du 29 mai 2005 et le mouvement anti-CPE au printemps 2006 auraient dû inciter les forces politiques de gauche à faire de la critique des médias un axe important de leur campagne.
Pour écouter des extraits de son intervention , cliquer sur
Plus d’infos sur http://www.leplanb.org/page.php?rubrique=accueil
> Association créée dans la foulée de l’appel à la solidarité avec les grévistes du mouvement social de novembre-décembre 1995, Acrimed (Action Critique Médias) réunit journalistes, salariés des médias, chercheurs, universitaires, acteurs de la vie associative et politique. Sébastien Marchal, membre actif d’Acrimed , affirme que « les nouvelles pratiques militantes surmédiatisées ne sont en réalité que des victoires éphémères et contreproductives. Il ne faut pas considérer les médias dominants comme des partenaires » .
Pour écouter son interview , cliquer sur
Plus d’infos sur http://www.acrimed.org/
> Initié à Paris en 2005, le Collectif des déboulonneurs a essaimé sur tout le territoire : Rouen, Lyon, Montpellier, Lille, Le Mans... Il se propose de « déboulonner la publicité, c’est-à-dire de la faire tomber de son piédestal et de détruire son prestige. Non pas de la supprimer, mais de la mettre à sa place, pour qu’elle soit un outil d’information au service de toutes les activités humaines » . Le célèbre quotidien du soir leur avait proposé le portrait d’un représentant. David, membre actif du Collectif des déboulonneurs indique pour quelles raisons le groupe a refusé une pleine page.
Pour écouter son interview , cliquer sur
Plus d’infos sur http://www.deboulonneurs.org/
> Génération Précaire, mouvement d’étudiants stagiaires, est né d’un appel à témoignages lancé depuis un site Internet à la rentrée 2005. Bénéficiant d’une couverture médiatique sans précédent, ces travailleurs de l’ombre ont mis en lumière une situation déplorable : « l’existence d’un véritable sous-salariat dépourvu de droits tous secteurs d’activités confondus, une main d’œuvre à bas coût sans cesse renouvelée dont abusent les employeurs » . Depuis, la charte des stages étudiants en entreprise signée sous le gouvernement Villepin n’a rien réglé au problème. Un réseau de jeunes étudiants/actifs s’est tissé en régions à Grenoble, Lyon, Toulouse et Lille. Juliette, représentante de Génération Précaire , se souvient d’avoir été vigilante à la restitution de leur message. La sollicitation des médias de masse, un jeu à double tranchant.
Pour écouter son interview , cliquer sur
Plus d’infos sur http://www.generation-precaire.org/
> Le film « Bové, le cirque médiatique » de Damien Doignot, projeté au FRAP, montre l’ex-représentant de la Confédération paysanne assurer la promotion de son livre Pour la désobéissance civique (Broché). Il participe notamment à une table ronde avec les lecteurs de Regards.
Pour écouter l’extrait du reportage à la rédaction de Regards et interview de Clémentine Autain , cliquer sur
APRES LA DEPRIME, L’ACTION : interviews audios de Jeudi-Noir, Collectif des faucheurs volontaires, Désobéissants, Brigade Activiste des Clowns et Marcheurs antiG8
>> Discussion collective le 19 mai au ministère de la Crise du logement sur les pratiques militantes actuelles
> Formé à l’automne dernier par une trentaine de jeunes salariés, « galériens du logement », le collectif Jeudi-Noir a réalisé un véritable coup médiatique en dénonçant la spéculation immobilière, entretenue par l’Etat, et les exigences croissantes des bailleurs. Certes, le concept d’action festive improvisée lors d’une visite d’appartement a fait ses preuves. Les photographes ont visiblement apprécié. Mais avec « un Borloo dans ses cartons » , ironise Lionel, membre fondateur de Jeudi-Noir , le mouvement n’a pas pu aboutir. Affaire à suivre.
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Plus d’infos sur http://www.jeudi-noir.org/
> Spectaculaire donc médiatique, régulièrement traduit en justice, le Collectif des faucheurs volontaires ne s’attaque pas à la recherche fondamentale sur les OGM. A ses yeux, celle-ci doit suivre des protocoles rigoureux dans ses expériences en milieu confiné. Il dénonce en revanche les expérimentations et cultures en plein champ qui entraînent la contamination des autres espèces végétales. Pointe également le brevetage du vivant qui mettra les paysans du Nord comme du Sud sous la domination des entreprises biotechnologiques. Et déplore l’abandon du consommateur à une politique de distribution alimentaire oublieuse du principe de précaution et peu soucieuse des conséquences sanitaires et environnementales. Thierry, membre actif du Collectif des faucheurs volontaires , raconte son expérience et revient sur les procès en cours.
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Plus d’infos sur http://www.monde-solidaire.org/spip/rubrique.php3?id_rubrique=131
> Issus de plusieurs organisations pacifistes et écologistes, conscients « des limites liées aux modes traditionnels de mobilisation » , les Désobéissants, réseau de volontaires et d’activistes prêts à agir de manière directe et non violente, proposent des stages de formation. Chaque mois et à travers toute la France, ces stages réunissent militants expérimentés et novices au cours d’une sensibilisation juridique, un atelier bricolage et une simulation d’action directe. Les cibles ? OGM, nucléaire, pub... Jean-Charles, membre actif des Désobéissants , démontre l’intérêt de transmettre ce savoir-faire activiste.
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Plus d’infos sur http://www.desobeir.net/
> Obéissants aux lois du Grand Clown Cosmique, les militants clandestins de la Brigade Activiste des Clowns n’existent pas en dehors de leurs actions politiques. La plus médiatique étant celle menée par l’Armée des clowns le 14 juillet. Pastrouille, membre armé de la BAC , révèle un art consommé de l’autodérision.
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Plus d’infos sur http://www.brigadeclowns.org/index.php?title=Accueil
> En marge du FRAP se tenait place de la Bourse la convergence des Marches antiG8. Le sommet est prévu en Allemagne du 6 au 8 juin, dans la luxueuse station balnéaire de Heiligendamm, située à une trentaine de kilomètres à l’Ouest de Rostock, sinistrée par le chômage. Il aura pour vitrine la thématique du climat et la lutte contre la pauvreté. Michel Rousseau, coordinateur du réseau des Marches européennes , remet en cause la légitimité du G8 : « un petit groupe de chefs d’Etats et de gouvernement représentants les privilégiés de la planète ne peut pas s’arroger le monopole de décider pour tous » . Ces Marches en Europe 2007 sont soutenues par le Réseau de Convergence des Mouvements sociaux (RCMS).
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Plus d’infos sur http://www.euromarches.org/francais/06/g8_01.htm
> Membre fondateur et coorganisateur du FRAP, Jean-Pierre Petit tire un bilan globalement satisfaisant du festival. En cette funeste période électorale, il a constaté que les militants ont malgré tout pris plaisir à se rencontrer. Il retrace également l’évolution de la préparation de ce genre de manifestation.
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Plus d’infos sur http://frap.samizdat.net/