Que deviendra le Front
de gauche ? Au-delà de
ces deux principales composantes
(le PCF et le
Parti de gauche) il a intégré
en son sein plusieurs forces
politiques de taille plus modeste.
Comment va évoluer le
Front ? Cela dépendra en partie
de l’issue du scrutin (score à
la présidentielle, nombre de députés,
présence gouvernementale
ou non de composantes du
Front de gauche…).
D’ores et déjà, la participation
des citoyens non-membres
d’un parti politique est en
débat. Ils forment le gros des
participants des assemblées
citoyennes : comment conserver
leur présence au sein du
Front sachant que bien peu
d’entre eux envisagent de rallier
l’une ou l’autre des forces
politiques ? Y aura-t-il des adhésions
directes au Front de
gauche ? C’est une demande
exprimée depuis des mois
dans un appel de personnalités
resté sans réponse. Si cette possibilité était ouverte, comment
tous ces citoyens seraient-
ils représentés ? Comment
participeraient-ils aux
décisions ? Le consensus
actuel qui prévaut entre forces
politiques peut-il être étendu
aux individus ? Et alors, comment
ne pas perdre en efficacité
? Les partis politiques qui
décident entre eux voudrontils
de cet élargissement ?
Jusqu’à présent c’est non.
Mais demain ?
Deuxième question : que deviendront
les militants politiques
qui quittent ou quitteront
prochainement leurs organisations
? Ils sont près de 400 du
NPA à s’être réunis à la mi-février
pour évoquer leur départ
de ce parti et leur rapprochement
du Front de gauche. Parmi
eux, Pierre-François Grond,
l’organisateur du NPA, Myriam
Martin, toujours porte-parole,
Guillaume Liegard, le trésorier.
À ces futurs départs du NPA,
il faut ajouter ceux qui ont déjà
franchi le pas de soutenir non
pas la candidature de Philippe
Poutou mais celle de Jean-Luc
Mélenchon et qui sont rassemblés
au sein du groupe
« Convergence et alternative ».
Par ailleurs, ils sont quelques
dizaines de la gauche d’EELV à
envisager une rupture avec leur
organisation. Tous ces militants
sont porteurs d’une solide
culture politique, et ils représentent
une force symbolique.
Ni les uns ni les autres n’envisagent
à ce jour de constituer
un nouveau courant séparé
dans le Front de gauche. Où
iront-ils ? Qui conforteront-ils ?
Troisième question : comment
le PCF et le PG se positionneront-
ils face à ces questions
qui seront le coeur des
dynamiques futures ? Le Parti
communiste ne semble pas en
mesure d’attirer ces courants
de la gauche de gauche. Sur le
papier, on pourrait penser que
les axes structurants des militants
du NPA les rapprochent
du PCF. Mais le poids de
l’histoire rend cette rencontre
toujours impossible. Pierre
Laurent écrivait en septembre
dans son livre vouloir tourner
la page de l’histoire qui lui
paraissait du ressassement. Il
se pourrait, malgré tout, que
l’histoire non digérée continue
de peser sur les communistes.
Le fossé entre le PCF
et les militants écologistes est
plus grand encore, malgré les
aggiornamento écolos opérés
par le Parti communiste. Le
Parti de gauche voudra tirer
parti du résultat de Jean-Luc
Mélenchon pour s’élargir substantiellement,
attirer en son
sein syndicalistes, militants
politiques en rupture de bans,
simples citoyens… et même
quelques groupes militants.
Le PG a-t-il la culture de cette
ouverture ? Pas certain. La
gauche de gauche peut-elle se
retrouver dans une structuration
bipolaire, avec d’un côté
un PCF toujours en panne et
d’un autre un PG dynamique
mais solidement campé sur
une tradition socialiste et républicaine
? Un troisième pôle
peut surgir. Cette hypothèse
n’aurait guère d’avenir si elle
n’était que le rassemblement
des minoritaires des partis
(PCF, NPA, EELV), ou celui des
isolés du Front de gauche. Une
cohérence politique et culturelle
est-elle possible entre
toutes les pièces de cette
mouvance ? Pari audacieux
mais qui a pour lui la réalité diverse
de la gauche de gauche.