La création par l’omniprésident Nicolas Sarkozy du ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale a fait coulé beaucoup d’encre. Et pour cause, selon l’historien Gérard Noiriel, directeur d’études à l’EHESS et président du Comité de vigilance sur les usages de l’histoire (CVUH), « cet intitulé ne peut que conforter les préjugés négatifs à l’égard des immigrés ». Résultat : Huit historiens, dont Gérard Noiriel, ont démissionné, à l’automne, du conseil scientifique de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration pour protester contre ce ministère. La pétition qu’ils ont lancé a été signée par plus de 10 000 citoyens en moins d’une semaine, et des universitaires du monde entier se sont associés à cet appel.
Dans son ouvrage paru en octobre 2007 « A quoi sert l’identité nationale » (Editions Agone), Gérard Noiriel explique les raisons de ce mouvement. Il montre que « la logique identitaire, née au XIXe siècle, a depuis constamment alimenté les discours nationalistes ». Il rappelle que, « au cours des années 1980, c’est Jean-Marie Le Pen qui a popularisé, dans l’espace public, l’expression « identité nationale » pour stigmatiser les immigrés ». Analysant de façon minutieuse les usages de cette formule dans le discours du président Sarkozy, il donne « des éléments pour éclairer les nouvelles stratégies aujourd’hui à l’œuvre dans le champ politique ».
Entretien audio :
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