Grégoire Simon. D’une volonté de s’inscrire dans le réel et d’agir. J’ai voté Chirac en 2002 et comme beaucoup, j’étais très énervé. Il fallait que ce soit le début d’une action protéiforme : faire la fête tous ensemble et donner de l’énergie avec l’objectif que ceux qui sont venus pour la musique puissent repartir avec autre chose. On souffre paradoxalement d’un déficit d’information et nous assumons ce rôle de vecteur entre les organisations de terrain et le public. Au-delà, on pense qu’il est indispensable de remettre l’humain au centre.
Le K.O. social est-il de nature à exercer un contre-pouvoir ? GS Il ne faut pas nous prêter un pouvoir que l’on n’a pas. Nous avons juste celui de donner de l’énergie, de faire sortir et se rencontrer les gens ou encore de renforcer un peu la proximité. Ça a forcément un débouché politique, mais cela regarde les élus de s’en rendre compte ou pas. Nous espérons que cela encourage les individus à se tourner vers une forme d’action qui leur convienne : lire, parler autour de soi, voter...
Ni étiquette, ni bannière... Pourquoi ce « no logo » politique ? GS Certaines organisations ont en effet un peu de mal à renoncer l’espace d’une manif à l’affichage de leur identité. Chacune a sa culture, son identité, son vocabulaire... et autant de difficulté à adopter le « no logo » . Pourtant cette option a été retenue et votée. Il s’agit, d’une part, de réaffirmer le principe de solidarité. Pas besoin de sortir sa bannière pour se sentir concerné par les atteintes aux libertés ou à la précarité... D’autre part, nous voulions éviter la récupération. Et puis une manif sans bannière, ça change un peu. Un peu de poésie dans la rue ne nuit pas. Recueillis par Rémi Douat
Paru dans Regards n°6, juin 2004