Accueil > idées/culture | Par Rémi Douat | 1er juin 2004

Grégoire Simon des Têtes raides : « Très énervé »

De quoi est né le K.O. social ?

Vos réactions
  • envoyer l'article par mail envoyer par mail
  • Version imprimable de cet article Version imprimable

Grégoire Simon. D’une volonté de s’inscrire dans le réel et d’agir. J’ai voté Chirac en 2002 et comme beaucoup, j’étais très énervé. Il fallait que ce soit le début d’une action protéiforme : faire la fête tous ensemble et donner de l’énergie avec l’objectif que ceux qui sont venus pour la musique puissent repartir avec autre chose. On souffre paradoxalement d’un déficit d’information et nous assumons ce rôle de vecteur entre les organisations de terrain et le public. Au-delà, on pense qu’il est indispensable de remettre l’humain au centre.

Le K.O. social est-il de nature à exercer un contre-pouvoir ? GS Il ne faut pas nous prêter un pouvoir que l’on n’a pas. Nous avons juste celui de donner de l’énergie, de faire sortir et se rencontrer les gens ou encore de renforcer un peu la proximité. Ça a forcément un débouché politique, mais cela regarde les élus de s’en rendre compte ou pas. Nous espérons que cela encourage les individus à se tourner vers une forme d’action qui leur convienne : lire, parler autour de soi, voter...

Ni étiquette, ni bannière... Pourquoi ce « no logo » politique ? GS Certaines organisations ont en effet un peu de mal à renoncer l’espace d’une manif à l’affichage de leur identité. Chacune a sa culture, son identité, son vocabulaire... et autant de difficulté à adopter le « no logo » . Pourtant cette option a été retenue et votée. Il s’agit, d’une part, de réaffirmer le principe de solidarité. Pas besoin de sortir sa bannière pour se sentir concerné par les atteintes aux libertés ou à la précarité... D’autre part, nous voulions éviter la récupération. Et puis une manif sans bannière, ça change un peu. Un peu de poésie dans la rue ne nuit pas. Recueillis par Rémi Douat

Paru dans Regards n°6, juin 2004

Horizontalité, réseau, ouverture. En Italie aussi on tente de redéfinir le politique. Le Mayday est né en 2001 à Milan. En mai dernier, l’Euromayday réunissait 60 000 personnes en Italie. Sa vitrine est un carnaval qui se veut un contrepoint des défilés de syndicats traditionnels. Le reste de l’année, c’est une organisation protéiforme à la recherche de conflit social et d’appropriation du politique. Leur texte fondateur (1) engage les précaires et « cognitaires » d’Europe à s’unir. Cette dernière catégorie relève de l’intello et du précaire, privé d’un pouvoir collectif dans un marché du travail sans merci : ce sont les intermittents, chercheurs, pigistes, correcteurs, traducteurs’ Les autres sont les précaires tout court. Employés dans les services, intérimaires, exploités non qualifiés’ Ils sont les nouveaux prolos. Point commun entre ces deux familles : ils produisent l’essentiel de la valeur ajoutée, en tâcherons de la « société post-fordiste » . Le Mayday invite à reprendre la politique des mains de soixante-huitards dépassés, explique en substance Alex Foti, 37 ans, initiateur du Mayday, dans un texte qui fait le tour du web (2) depuis mi-mai. L’idée est de construire une coordination transeuropéenne de revendication des droits sociaux. Revendicatif, social, politique, libertaire, environnementaliste, transgenre ? Comme le K.O. social, le Mayday véhicule une approche pluraliste du politique. Autre point commun, la prudence à l’égard des partis. La question du débouché est omniprésente, comme celle, difficile, de l’articulation avec la politique institutionnelle. Les transalpins semblent plus nuancés sur cette question. Là où le K.O. social a tendance à renvoyer dos à dos les sociaux-démocrates et les libéraux, le Mayday adresse un message à cette gauche qui n’a pas su enrayer l’ascension de Berlusconi. Le parti ne serait alors qu’un médiateur institutionnel. Il y a un avenir pour les Zapatero de tous les pays. Sa récente élection à la tête de l’exécutif l’espagnol est analysée comme une opportunité à entretenir mais qui nécessite la vigilance : pour Alex Foti, « les socialistes doivent comprendre qu’ils ne sont pas la société. Ils ne sont que des partis. Ce qu’ils peuvent faire, c’est se laisser traverser par les mouvements du moment et se laisser porter » . R.D.

 [1] [2]

Notes

[22. Entretien paru dans les Inrocks du 12 mai puis reproduit dans la newsletter de l’appel contre la guerre à l’intelligence.

Vos réactions
  • envoyer l'article par mail envoyer par mail
  • Version imprimable de cet article Version imprimable

Vos réactions

Forum sur abonnement

Pour poster un commentaire, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas encore enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?