Accueil > Culture | Entretien par Rémi Douat | 17 décembre 2011

Guy Delisle, grave et léger

Après Shenzen, Pyongyang et Chroniques
birmanes
, Guy Delisle signe un
nouveau roman graphique, Chronique de
Jérusalem
.

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Regards.fr : Dans quel état d’esprit arrivez-vous
à Jérusalem ?

Guy Delisle : En arrivant, j’ai l’oeil de quelqu’un qui lit de temps
en temps les journaux et qui ne comprend pas
grand-chose à la situation. Puis, au fil du récit
s’installe un regard sur l’absurdité. C’est une
forme de surréalisme qui ressort de mes petites
aventures quotidiennes. Quand je suis devant
le mur, par exemple, pour en faire un croquis
et qu’un soldat israélien me demande d’arrêter,
on est face à l’absurde. Cela raconte quelque
chose de la situation et sur ce que vivent les
gens. La cocasserie raconte une histoire, souvent
plus large que la simple anecdote. Dans la
partie arabe où je vivais, il était impossible de
trouver des couches pour ma fille. Il fallait aller
dans la colonie voisine, ce qui pose quelques
problèmes éthiques et interroge comment
vivent les gens concrètement.

Regards.fr : Vous sentez-vous journaliste ?

Guy Delisle : Non, on m’associe parfois à Joe Sacco, mais je
me sens à l’opposé de sa démarche, bien qu’elle
soit passionnante. Je ne vais pas au-devant des
événements, j’ai même plutôt tendance à partir
quand ça craint. Je tiens à ma naïveté, à une
approche scrupuleuse, loin du voyeurisme. J’attends
plutôt que l’histoire vienne à moi. Même
si je ne suis pas venu pour aller manifester le
long du mur, mais avec l’envie de comprendre
comment les gens vivent cette situation, je voulais
assumer ma subjectivité. Je suis plutôt de
gauche et je ne suis pas d’accord avec la position
du gouvernement israélien, comme beaucoup
de juifs de gauche. On ne peut pas revenir
des colonies sans dire que cela pose problème.

Regards.fr : Pourquoi la bédé ?

Guy Delisle : C’est avec la bédé que je me sens bien pour
décrire ce que je vois. Passer un check point
est une expérience pesante et déshumanisante.
L’écrire, pour moi, n’aurait pas eu de sens mais
le montrer rend la chose très forte. Le dessin
apporte un surplus de poésie, permet d’aborder
avec légèreté des sujets graves. C’est le travail
d’un observateur qui s’assoit dans un coin et fait
des croquis. Libre au lecteur d’aller chercher
plus d’infos s’il le souhaite.

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