Pour la première fois dans l’histoire de l’édition, une couverture blanche immaculée : cette fois, non pas pour mener le poème à ses limites extrêmes, comme le livre de Mallarmé, blancheur ultime, mais pour le fort symbole de paix que porte cette non-couleur. Le bandeau des éditions Turquoise nous informe : Non à la guerre, anthologie. Le sommaire est ambitieux : poème, image visuelle et histoire se répondent dans un voyage à travers mondes et époques, cent cinquante ans de conflits. Il y a le jeune soldat de Rimbaud, « la nuque baignant dans le frais cresson bleu » , « Le chant de la hache » de Whitman, « Il y a » d’Apollinaire, il y a Maïakovski, Machado, Laabi, Desnos, Ungaretti, mais surtout un choix impressionnant de poètes à découvrir, kurde, tchétchène, bengali, vietnamien, bosniaque, corse... 137 poèmes et 127 poètes. Et, en parallèle, cette déchirure que la photo inscrit à jamais dans les corps et les esprits, 172 photos dont quelques-unes rares, pour accompagner l’histoire des mouvements pacifistes et le décryptage du symbole de la colombe. A la fin de ce beau livre fait pour être transmis, des pages blanches invitent à l’écriture, témoignages à découvrir dans un grenier d’ici cent ans... Le poème necessaire, urgent, incessant et sans limite.
Julia Moldoveanu
Non à la guerre, anthologie, poésie du monde, photographie, histoire , par Lionel Ray (poésie), Olaf Müller et Francesca Fabri (histoire), sous la direction de Erhan Turgut, éd. Turquoise.38 euros