Hanoï juillet 1999. Discussion à bâtons rompus avec un universitaire (français) qui, comme moi, découvre le Vietnam : "Un air de liberté semble régner dans cette ville, cela ne fait vraiment pas penser à un régime communiste !" J’ai la même impression.
Cela n’interroge pas tant la situation vietnamienne : c’est un autre débat : que la notion de communisme. Mesure-t-on à quel point est intériorisée l’identification du communisme à une dictature ? Y compris par les communistes. Peut-on surmonter un aussi terrible handicap ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que dix ans après la chute du mur, huit ans après l’effondrement de l’URSS , "l’hypothèque" qu’ont fait peser les pays dits "socialistes" sur le communisme, n’est pas près d’être levée.
Depuis des années pourtant, le PCF désigne par communisme quelque chose qui s’éloigne de plus en plus de ces réalités-là. Faut-il garder le mot ? Ne nous hâtons pas trop d’apporter une réponse définitive à cette question. N’a-t-on pas longtemps gardé le terme "centralisme démocratique" tout en modifiant les pratiques des communistes ? Et à l’inverse, l’abandon officiel du centralisme démocratique en 1994, a-t-il produit des changements bouleversants ? Dialectique, quand tu nous tiens ! Pour des militants convaincus, "communiste" ne pose sans doute aucun problème. Et les autres ?
Certes, personne ne demande aux communistes français de ne plus l’être. Mais les candidats à assumer le passé communiste ne sont pas très nombreux non plus. Peut-on demander à tous ceux qui contestent le capitalisme de prendre leur part du fardeau en s’accolant l’étiquette communiste ? Pourtant, comment ne pas les considérer comme des communistes : au moins en actes : sans réduire le communisme à une peau de chagrin ? Autrement dit, plutôt que rester communiste (d’hier), ne faudrait-il pas mieux devenir communiste (de demain) ? Quel que soit le mot.