Accueil > actu | Par Frédéric Sire | 1er octobre 2005

Le NPS

Le nouveau plan stratégique

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Placé en tête de l’opposition interne, le Nouveau Parti socialiste, fraîchement allié avec Alternative socialiste d’Henri Emmanuelli, espère avoir le rôle pivot au prochain congrès. Zoom sur les jeunes loups du PS.

Fouras, en Charente-Maritime, fin août dernier. A l’occasion de leur université d’été, les militants du Nouveau Parti socialiste (NPS) semblent trancher un débat qui empoisonne les cadres, et votent une résolution affirmant que le courant déposera sa propre motion dans la préparation du congrès du Mans, prévu fin novembre.

Paris, vendredi 16 septembre. A la veille du conseil national qui doit constater le dépôt des différentes motions, le NPS et Alternative socialiste (qui regroupe les partisans de Henri Emmanuelli, qu’ont rejoint Marc Dolez et Gérard Filoche) annoncent qu’ils partiront finalement ensemble à la bataille.

Comment expliquer ce retournement, et quels peuvent être les enjeux d’une telle alliance ?

Le Nouveau Parti socialiste, au-delà des trajectoires antérieures de ses fondateurs, est d’abord né du 21 avril 2002, de l’impatience de Jeunes Turcs et de l’exigence d’un inventaire des années Jospin. Le 9 octobre 2002, Julien Dray, Arnaud Montebourg et Vincent Peillon publient dans Libération une tribune, « Un nouveau Parti socialiste », qui reprend en outre les thèses constitutionnelles du second et la défense de l’« autorité républicaine » chère au premier. Les « quadras », d’abord, séduisent.

Le charisme personnel et le bagout de Montebourg lui ont d’abord valu les honneurs de la presse, et du Monde en particulier. Ses attaques répétées contre Alain Juppé, alors Premier ministre, et Jacques Chirac, le succès initial de sa Convention pour une VIe République ont fait de cet avocat tribun un personnage en vue, plus apprécié des militants et des étudiants en droit constitutionnel que de l’appareil du parti.

Vincent Peillon est plus effacé, mais déjà en voie de notabilisation dans le parti. Membre du bureau national depuis 1994 et porte-parole du PS entre 2000 et 2002, il a participé avec Montebourg à la commission d’enquête parlementaire sur les dysfonctionnements des tribunaux de commerce et à la fort médiatisée mission d’information sur le blanchiment des capitaux en Europe.

Julien Dray, qui cherche à dépasser son destin d’éternel minoritaire en apportant son savoir-faire tactique complète le trio qui se déchire pourtant rapidement lors de la préparation du congrès de Dijon, en mai 2003. Dray rejoint les rangs hollandais, laissant ses ex-camarades se partager les commandes d’un courant qui, avec près de 17% des suffrages socialistes, se place en tête de l’opposition interne.

La campagne européenne, au printemps dernier, place le NPS dans une situation délicate et révèle déjà quelques fissures entre les deux leaders. Officiellement, il choisit de ne pas faire campagne pour un « non » qu’il a toutefois défendu durant le référendum interne. Aux lendemains du 29 mai, Montebourg tente de s’inscrire dans la dynamique de la victoire en appelant à un rapprochement avec Fabius. Vincent Peillon rejette sèchement une alliance des « non » et prend garde de ne pas insulter l’avenir. Il est rejoint sur cette ligne par Benoît Hamon, membre du NPS et ancien président du Mouvement des jeunes socialistes.

Si la méfiance vis-à-vis de l’évolution de la construction européenne n’est pas neuve : la tribune parue dans Libération dénonçait déjà le « cheval de Troie d’une dérégulation dont les ravages sont ressentis cruellement par nos peuples » : les convictions sociales et économiques de NPS semblent moins tranchées. En témoignent certains reculs dans les contributions générales du courant, entre les congrès de Dijon et du Mans, en particulier sur le dépassement de la seule économie capitaliste de marché et la complémentarité entre la gauche politique et le mouvement social.

Reste que la déconvenue du précédent congrès et la reconduction, à une large majorité, de la direction sortante emmenée par Hollande, Strauss-Kahn et Fabius, pèsent sur les esprits et remettent en cause la logique d’opposition frontale et autonome.

Les débats actuels à l’intérieur du Parti socialiste opposent principalement deux types de discours. L’un appelle à un dépassement du clivage entre tenants du « oui » et du « non ». C’est celui de la majorité sortante : la séparation momentanée est artificielle et ne doit surtout pas compromettre l’hypothèse d’une alternance aux prochaines élections. L’autre, sans faire de ce désaccord un clivage surdéterminant (chacun garde en tête les résultats du référendum interne et la force de certains réflexes légitimistes), rappelle que question sociale et question européenne sont inextricablement liées et que le « oui » de gauche, minoritaire, ne peut prétendre être la base d’un rassemblement victorieux.

Au sein du NPS, le débat sur la stratégie oppose les partisans d’une ligne autonomiste à ceux qui voudraient profiter d’une dynamique post-référendaire pour s’emparer du parti. Vincent Peillon, qui invoque le primat de la ligne idéologique sur des alliances tactiques prématurées, semble vouloir profiter de la position officiellement neutraliste observée pendant la campagne référendaire pour rassembler lors du congrès les défenseurs du « non » avec certains partisans du « oui ». On peut par exemple supposer que certains ténors de la majorité, tel Jean Glavany recherchant dans sa contribution une passerelle entre le oui antilibéral et le non proeuropéen, seraient susceptibles d’accepter un tel scénario.

Pour Arnaud Montebourg, une motion commune avec les troupes d’Emmanuelli et celles de Fabius aurait été l’occasion de clarifier les positions en jouant bloc contre bloc. Les tentatives de rapprochement menées par certains lieutenants fabiusiens, en particulier Claude Bartolone l’imaginant publiquement en premier secrétaire, n’ont à cet égard pas été inutiles. Mais les penchants de Montebourg pour l’ancien Premier ministre ont des racines plus anciennes : jeune militant, Montebourg avait adhéré au club fabiusien Espace 89 et assisté en spectateur aux déchirements du congrès de Rennes. Aujourd’hui, l’ex-animateur de ce club, Thierry Mandon, est membre de NPS, proche de Montebourg et oppose vigoureusement, comme Fabius, une « gauche a minima » à une « gauche volontaire ».

Dans ce contexte, l’alliance entre Alternative socialiste et NPS ressemble fort à un compromis passé entre Peillon et Montebourg. Au premier, la certitude de faire le plein de voix à la gauche du parti lors de l’élection du premier secrétaire ; au second, l’assurance de ne pas voir se jouer, lors du congrès, des tractations obscures avec des membres de la motion Hollande qui assombriraient un destin personnel qu’il rêve, à plus long terme, national. Avec, pour tous deux, le plaisir insolent de contraindre un ancien Premier ministre à passer sous leurs fourches caudines.

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