L’argument est revenu de manière récurrente durant les débats télé autour du CPE. Vous l’avez deviné, la sempiternelle dénonciation de l’archaïsme français face aux enjeux de notre époque. Avec en point de mire la certitude de l’inadaptation de notre système scolaire et universitaire face aux besoins de notre temps et surtout de l’économie mondialisée. Petite variante qui nous intéresse directement : combien de temps allons-nous continuer d’accepter que 4 000 étudiants Staps se perdent dans leur cursus, et sur les pistes d’athlé, quand au bout de tous leurs efforts le nombre de places attribuées au Capes et à l’Agreg est dix fois moindre et ne cesse en outre de diminuer chaque année ? Au même moment, on venait nous expliquer que le bâtiment et la restauration manquaient cruellement de bras, et que les jeunes semblaient étrangement dédaigner ces filières pénibles et mal payées. Certes, le monde est mal foutu et le jeune Français préfère s’amuser à sauter des haies plutôt que de replâtrer les villas de la Côte d’Azur ! Bref, votre fils ou votre fille devrait avoir la sagesse de garder son jogging pour le dimanche.
Ce problème semble tomber sous le coup du bon sens, comme souvent en cette période où une discussion à LCI ou I-Télé n’outrepasse pas 15 minutes pour 7 intervenants. Pourquoi investir son avenir professionnel dans un domaine dont les débouchés naturels, c’est-à-dire l’enseignement, se réduisent comme peau de chagrin (et la volonté de plus en plus affirmée de marginaliser l’EPS ne va certainement inverser la tendance) ? Derrière ces propos de comptoir qui fleurissent chez les défenseurs de feu le CPE (en attendant le second tour) se cachent en fait des problématiques bien plus vastes, la vision du rôle de l’éducation et le positionnement du choix individuel dans le monde du travail.
Doit-on former les salariés dont l’économie a besoin, et donc effectivement s’adapter à la conjoncture non seulement internationale, nationale, mais aussi aux réalités du bassin d’emploi régional, ou bien offrir l’opportunité à tous de trouver un champ d’excellence, aussi modeste soit-il ? Un individu peut-il, a-t-il le droit de choisir seul et en conscience de s’engouffrer dans des études qui ressemblent a priori à des culs-de-sac si c’est bel et bien son envie, que ce soit les sciences humaines ou encore, évidemment, les Staps ? Pour compléter le tableau, naturellement et heureusement, le petit monde du sport offre heureusement bien d’autres opportunités que l’enseignement, que ce soit dans le management, l’animation, etc. Mais surtout, dans une société où le sport est proposé, vendu, rabâché, idéalisé, sous-traité, sous toutes les formes possibles et imaginables, dans tous les secteurs de la vie quotidienne et cela depuis le berceau, n’est-il pas un tantinet hypocrite de s’étonner qu’autant de jeunes désirent en faire leur métier ? N.K.
USA FOR PSG
La nouvelle a fait grand bruit. Canal Plus a vendu sa « danseuse » du PSG à un savant assemblage de partenaires financiers, parmi lesquels figure un fonds de pension américain. Ceux-ci ont commencé à s’intéresser au football dès les années 1990, avec les Glasgow Rangers ou Tottenham. Connaissant leur critère de rentabilité, il est à peu près sûr que le peu de dimension sportive qui restait dans le football européen risque d’être relégué à la portion congrue (création de ligue fermée pour éviter les mauvaises surprises, sans compter la concentration des meilleurs joueurs dans les mêmes clubs...).
NOSTALGIE
Pour tous ceux qui vivent dans le souvenir du « sport, c’était mieux avant », et qui possède l’ADSL, le site de l’INA offre quelques beaux extraits audiovisuels à télécharger sur son site concernant l’histoire du tour de France, des JO ou encore sur « la passion du football ». Quitte à rester collé devant son écran, autant s’instruire et essuyer une larme sur le clavier. http://www.ina.fr/voir_revoir/sport_loisir.fr.html
Paru dans Regards n° 29,Mai 2006