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« C’est la première fois que je manifeste, je voulais montrer ça à ma fille, c’est aussi pour elle qu’on est là. C’est toujours les petits et les plus pauvres qui paient. Il y a un ras-le bol général, mais on ne nous entend pas. Il y a des millions de gens dans la rue et ils ne s’en rendent pas compte... » Sonia, enseignante, et sa fille Justine
« J’ai fait toutes les manifs depuis le début. Dans l’enseignement, on casse le système par des suppressions de postes, l’emploi de personnel non qualifié pour enseigner... La réforme en cours du lycée, c’est : moins de postes et démerdez-vous ! » Sébastien, 30 ans, enseignant
« C’est ma 4e manif cette année. Etre ici ça me permet de gueuler. Je suis en colère. Vers quoi on va, vers les Etats-Unis ? Je préfère que mon grand père fasse son jardin et que, moi, je bosse. Après 57 ans, ton corps change. Alors 67 ans, c’est abusé ! Le problème c’est pas les retraites, c’est l’emploi. » Tiphanie, 27 ans, étudiante en espagnol
« Je suis venue, toute seule, pour mes enfants qui ne peuvent pas faire grève à cause de la précarité de leur emploi. On devient un pays de misère, ce sont les banquiers qui le dirigent. Sarko devrait avoir peur parce que la grogne monte, elle est générale. Mais j’ai bien peur que rien ne change... » Claudine, 60 ans, jeune retraitée de l’hôpital
« Nous, les Roms, nous voulons être acteurs de la société. ça devient de plus en plus dur mais on reste debout. L’escalade sécuritaire rappelle les années 1930 : fichage, expulsions... C’est de l’illégalité organisée. » Cornel, Daniel et Saimir, La voix des Roms
« J’ai pris ma retraite à 60 ans, je suis là par solidarité. Il faut tout remettre à plat et rediscuter cette réforme qui est injuste puisque seuls les salariés paient. Elle est terrible pour les femmes et ceux qui ont un métier pénible. Les meilleures années de retraite sont les cinq premières. Après 65 ans, on se fatigue et la maladie guette. » Georges, 72 ans, retraité
« La lutte continue. Si on a tout ce qu’on a c’est grâce à nos grands parents qui ont lutté. Cette loi est injuste : nous on souffre, le capital jamais. Vous imaginez une infirmière de 65 ans faire une piqûre ? Sarko s’en fout, lui il ira au Val-de-Grâce... Il y a un mécontentement général dans les hôpitaux, on a oublié l’humain. » Benjamin, syndicaliste et Bernard, ingénieur
« On s’est renseigné, documenté, et ensuite on a pris position. Les retraites touchent directement notre avenir. On se demande si on pourra vivre et non survivre. Et puis il y a un malaise dans l’éducation : postes supprimés, profs non formés... alors on est là. » Bilitis, Jérémie, Pilar, Kemila, Etienne et Fanny, lycéens
« Le mécontentent est général dans le secteur de la santé, les salaires sont bas, nous sommes en sous-effectif... On doit toujours faire plus et mieux avec moins de personnel. On ne lutte pas que pour nous, la santé concerne tout le monde. Il faut réaliser que nous allons vers une médecine à deux vitesses. » Nadège, aide-soignante en gériatrie
Propos recueillis par Jon Elizalde lors de la manifestation contre la réforme des retraites à Paris le le 12 octobre.