Accueil > idées/culture | Par Eric Fassin | 13 novembre 2008

Libérer l’homophobie ?

Furieux contre l’arrêt rendu par la cour de Cassation qui a blanchi le député Christian Vanneste (UMP) pour les propos homophobes qu’il avait tenu en 2005, Eric Fassin a publié la nuit dernière un billet d’humeur sur son blog. Cet arrêt est dénoncé de toute part pour sa gravité. Car en donnant raison à Christian Vanneste, la Cour de cassation remet en cause l’application de la loi du 30 décembre 2004 qui pénalise les propos homophobes au même titre que les injures racistes ou antisémites et de fait, et opère une réinterprétation massive du droit, en laissant entendre qu’il y aurait une exception pour l’homophobie. Emmanuelle Cosse

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Libérer l’homophobie ?

Christian Vanneste a déclaré le 26 janvier 2005 dans La voix du Nord que l’homosexualité est « inférieure à l’hétérosexualité ». En effet, « si on la poussait à l’universel, ce serait dangereux pour l’humanité. » Et de confirmer dans Nord Eclair, le 4 février : « je critique les comportements, je dis qu’ils sont inférieurs moralement. » Pourquoi de tels propos ? Le député UMP du Nord entendait s’opposer à la loi du 30 décembre 2004, qui venait tout juste, en même temps qu’elle créait la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité, de mettre sur le même plan que le propos raciste l’injure « envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur sexe, de leur orientation sexuelle ou de leur handicap. » En retour, c’est en s’appuyant sur cette loi que le Tribunal correctionnel de Lille a condamné Christian Vanneste en janvier 2006, décision confirmée en janvier 2007 par la Cour d’appel de Douai.

Or le 12 novembre 2008, contre l’avis de l’avocat général, la Cour de cassation vient de casser cet arrêt. Le représentant de la HALDE avait pourtant « souligné que les propos de Christian Vanneste peuvent donner un sentiment de légitimité aux propos homophobes et être à l’origine d’actes de violence ». Mais pour la chambre criminelle, « si les propos litigieux qui avaient été tenus, dans la suite des débats et du vote de la loi du 30 décembre 2004, ont pu heurter la sensibilité de certaines personnes homosexuelles, leur contenu ne dépasse pas les limites de la liberté d’expression ». Il est vrai que Christian Vanneste se réclame de Voltaire, mais aussi de Lévi-Strauss et Saint-Augustin, sans oublier Descartes : bref, il se pique de philosophie. N’affirme-t-il pas avoir lancé dans ses propos « une hyperbole de l’impératif catégorique de Kant » ?

Lire la suite... http://www.mediapart.fr/club/blog/eric-fassin/131108/liberer-l-homophobie

D’autres réactions  :

Act Up-Paris : La Cour de Cassation ouvre la porte à toutes les haines... http://www.actupparis.org/article3568.html

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