Regards.fr : Qu’a donné le dernier FSQP de Saint-Denis,
en novembre dernier ?
Salah Amokrane : Le débat qui nous agite porte sur les modalités
de notre convergence. Au sein du FSQP, nous
militons pour la création d’un mouvement qui
dépasserait toutes les identités particulières et
qui engloberait toutes les associations, mais
tout le monde n’est pas d’accord. Le PIR (Parti
des Indigènes de la République), par exemple,
veut créer un front uni de structures, à la façon
du Front de gauche.
Regards.fr : Avez-vous discuté du type de relations
que vous souhaitez avoir avec les partis
politiques traditionnels, à la veille
de la présidentielle ?
Salah Amokrane : C’est une question parmi d’autres… Nous
n’avons pas de candidat à soutenir, car aucun ne
nous convient. On peut participer à des événements,
comme faire le bilan des années Sarkozy,
mais on ne le fera par pour le compte d’un candidat.
De toute façon, la présidentielle n’est pas
notre priorité, notre objectif aujourd’hui est de
créer un espace commun pour ceux qui agissent
dans les quartiers populaires et qui sont dispersés.
Pour nous les élections municipales sont
bien plus importantes.
Regards.fr : Pensez-vous vraiment qu’il n’y a aucun
candidat pour porter la question sociale ?
Salah Amokrane : Bien sûr, à la gauche du PS, il y en a qui sont
plus sensibles. Mais les quartiers populaires
dépassent la question sociale traditionnelle, car
ils posent aussi celle du racisme. Il n’y a pas, par
exemple, un seul candidat pour avancer sur la
question de l’islamophobie. De Nathalie Arthaud
jusqu’à François Hollande, ils sont tous pour la
loi sur le voile, ça veut dire quelque chose, non ?
Regards.fr : Ne pensez-vous pas que c’est en s’engageant
dans ces partis que les prises de
position peuvent changer ?
Salah Amokrane : Le bilan que nous faisons de nos années de militantisme
et d’engagement, c’est que sans une
véritable force politique, on ne pèsera pas. Je le
dis sans amertume, la politique c’est une question
de rapports de force. Et dans notre cas,
il est plus intéressant d’être une forte minorité
agissante pour peser sur eux que d’être dedans
et rester une quantité négligeable. Et puis, il y
a des urgences : on n’a plus le temps de les
convaincre !