Que pensez-vous de la proposition d’un
référendum sur le nucléaire ?
Je ne suis pas favorable au référendum car ce
n’est pas du tout évident qu’il y ait un vrai débat.
Faute d’une mobilisation médiatisée de grande
ampleur et de longue durée (comme pour le référendum
sur le projet de Constitution européenne
en 2005) il est clair que nombre de réponses à
une consultation nationale seraient aléatoires
ou subjectives. Je ne crois pas à la magie du
citoyen qui a priori sait tout et peut trancher sur
tout. Les gens ne sont pas stupides, mais il faut
leur donner les moyens de réfléchir et de discuter.
Aujourd’hui, sur le nucléaire, ce n’est pas
le cas et je ne crois pas que le référendum soit
l’outil le mieux adapté.
Que proposez-vous comme alternative ?
A la Fondation sciences citoyennes nous proposons
d’organiser des conventions de citoyens,
à savoir le tirage au sort d’une quinzaine de
personnes à qui l’on proposerait de participer à
une réflexion sur la place de l’énergie nucléaire
afin de produire des conclusions au service du
bien commun. Les participants seraient bien
entendu motivés mais sans lien avec l’industrie
nucléaire, et sélectionnés avec le souci d’obtenir
la plus grande diversité possible (critères socioéconomiques,
géographiques, sexe, âge, etc.).
Le comité de pilotage chargé d’établir le programme
de la formation serait lui-même divers
pour s’assurer que les spécialistes (de l’énergie,
de l’économie et des experts en santé publique)
portent des convictions et des solutions variées.
A l’issue de cette formation, les citoyens présenteraient
un avis que les députés auraient à discuter
au Parlement.
Comment s’assurer que les avis de ces
citoyens éclairés soient réellement pris
en compte ?
Pour que ce soit effectif, il faut que les parlementaires,
les associations, etc. soient convaincus
de l’intérêt de la démarche des conventions de
citoyens. Et pourquoi pas les inscrire dans la loi,
comme nous le proposons.