*Jean-Christophe Le Duigou est conseiller du secrétaire général de la CGT. Membre du Conseil d’orientation des retraites, il est le coauteur, avec Nasser Mansouri-Guilani, de 10 propositions pour sortir de la crise (éd. de L’atelier, 2009).
Malgré les dénégations conjointes du gouvernement, du Medef et d’une partie de la gauche, il existe bien des alternatives à l’allongement de la durée des cotisations pour financer le système de retraite par répartition. Entretien avec le représentant de la CGT au Conseil d’orientation des retraites.
Quelles sont les préconisations envisagées par la CGT pour maintenir voire améliorer l’actuel système de retraite par répartition’
Jean-Christophe Le Duigou. Tout d’abord, il faut absolument arrêter de discréditer sans cesse l’avenir de ce régime. La multiplication des campagnes alarmistes sur une prétendue impossibilité de financer les retraites en 2020 ou en 2040 fragilise grandement le système alors qu’il existe des réponses qui permettent d’envisager sa pérennisation. Certes, la marche à franchir est importante, accroître les ressources nécessaires au financement des retraites suppose de revenir sur un certain nombre d’avantages accordés aux entreprises et de favoriser une meilleure redistribution des richesses. Pour lutter contre les solutions proposées par le gouvernement et le Medef, qui engendreraient une baisse très importante des pensions, nous proposons diverses mesures alternatives.
Quelles sont-elles’
J.-C.L.D. Conçu en 1945, le système de retraite par répartition est lié au plein-emploi. Toute politique de l’emploi qui entérine l’existence d’un fort taux de chômage, excluant durablement ou temporairement 4 à 5 millions de personnes du marché du travail, s’avère incompatible avec le financement de la retraite par répartition. Une politique de plein-emploi assurerait la moitié des besoins des financements supplémentaires nécessaires pour les décennies à venir et permettrait d’absorber les problèmes causés par le déséquilibre démographique. A cela s’ajoute la remise en cause des exonérations de cotisations accordées par le gouvernement aux entreprises, qui grèvent les budgets sociaux de 32 à 33 milliards d’euros et privent le système de retraite d’environ 10 milliards. Eu égard à ces chiffres éloquents, une réforme du mode des cotisations patronales visant à supprimer ces exonérations de cotisations sonne comme une évidence. Il existe une autre source de financement : la taxation des revenus financiers des entreprises qui permettrait d’engranger 20 à 25 milliards d’euros pour le compte des retraites. Enfin, l’élargissement de l’assiette des cotisations aux éléments non salariaux termine la liste de nos préconisations en matière de financement.
Vous n’envisagez doncpas une augmentation du montant des cotisations’
J.-C.L.D. Si, à condition que cette hausse concerne prioritairement les cotisations patronales puisqu’elles n’ont pas été réévaluées depuis 1991. L’augmentation des cotisations salariales peut être envisagée dans un second temps, mais il faudra s’assurer au préalable qu’il s’agit bien d’améliorer le système de retraite et que cette augmentation n’est pas la contrepartie d’une dégradation des niveaux de pension. L’adoption de ces principales mesures devrait permettre d’augmenter la part du PIB dédiée au financement des retraites, d’environ 4 %, ce qui, ajouté au 12 % actuel ramènerait à 16 % la participation du PIB.
[[ A lire
Pierre Concialdi, Retraites : on vous ment ! , éd. Mango, 2005
Antoine Rémond, Les retraites , éd. La Documentation francaise, 2009
Bernard Friot, Travail, capital et cotisation sociale , éd. La Dispute, mars 2010
Voir un résumé : http://gesd.free.fr/friot10.pdf
Pierre Khalfa, PierreYves Chanu (coll), Les retraites au péril du libéralisme , 3e édition, éd. Syllepse
Voir également le site http://reparti.free.fr/