Retour de vacances
gueule de bois pour
les « global leaders » :
la crise de l’euro est
loin d’être terminée et
pèse plus que jamais
sur les perspectives de
croissance mondiale.
Née il y a vingt ans avec
le traité de Maastricht,
la monnaie unique est en première ligne d’une
crise de la dette qui a débuté aux États-Unis
avec les crédits subprimes. L’endettement
public a pris la place de l’endettement des
ménages comme combustible de l’économie,
et la zone euro se trouve aujourd’hui au centre
de la tempête tant sa construction est pour le
moins fragile. Cette situation n’est pas sans
rappeler les mésaventures des économies
brésiliennes et argentines dans les années 1990,
victimes de cette autre merveilleuse invention
du néolibéralisme qu’étaient les parités fixes
avec le dollar…
Mais l’échelle n’est plus la même : on se souciait
peu dans les années 1990 de la récession des
pays latino-américains même si les populations
devaient alors en payer le prix fort. Avec l’Europe,
on parle d’un pilier essentiel de l’économie
mondiale. Déjà dans son rapport d’été, la Fed se
montrait préoccupée par cette crise. Les pays
émergents, les BRIC comme on dit dorénavant,
voient leurs brillantes perspectives de croissance
s’étioler du fait de la forte dépendance de
leurs économies aux exportations vers les pays
occidentaux. Comment cette crise de la zone euro
va-t-elle se conclure ? Par un assouplissement de
la position allemande qui autorisera la Banque
centrale à intervenir dans le financement des
budgets des États ou par un méga blocage
politique qui verra l’éclatement de la zone euro ?
La partition est loin d’être écrite mais nul ne doute
que ce dernier scénario apportera son lot de
misère à l’ensemble de la population européenne.
Pendant ce temps, le gouvernement Hollande
continue de croire à un retour à la croissance pour
2013. Il est pourtant loin le temps où nous rêvions
de la « croissance verte ». À l’inverse des nouvelles
technologies liées à l’informatique et à l’Internet
qui ont pu se développer sans trop d’intervention
publique, la prise en compte de l’écologie dans
nos modes de production et de consommation
nécessite de forts subventionnements. Avec
la crise, la filière photovoltaïque française a été
purement et simplement abandonnée alors que
les Allemands commencent à mesurer le coût de
la reconversion vers les énergies renouvelables.
Alors quelle croissance demain ? Mais si celle-ci
est essentielle pour une économie basée sur la
valorisation marchande du capital, est-ce bien la
réponse au besoin du « vivre mieux » ? Ne doit-on
pas réhabiliter d’urgence la valeur d’usage ? Se
loger décemment. Voilà justement une question
qui concerne nombre d’entre nous. Avec la mise
en oeuvre prochaine du blocage des loyers, peuton
espérer un bol d’air sur le terrain du logement,
caresser ce rêve que tout le monde puisse avoir
un toit sans que cela pourrisse un budget ?
Si les temps ont indiscutablement changé depuis
le ralliement honteux du Parti socialiste au traité
constitutionnel européen en 2005, ce parti serat-
il capable d’être à la hauteur des enjeux induits
par cette crise majeure de la zone euro ? Est-ce
que l’exercice du pouvoir ne va pas ternir les
premières intentions et décisions de ce nouveau
gouvernement qui nous a au minimum annoncé
la rupture avec l’ère Sarkozy ?