Accueil > Société | Chronique par Nicolas Kssis | 2 juillet 2011

Quand le foot va mal…

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Inutile d’y revenir, l’affaire des « quotas »
dans le foot a été l’un des sujets phares
du mois de mai 2011.
Au départ, il ne
s’agit que de la publication par Mediapart
du verbatim d’une réunion entre sélectionneurs
nationaux et DTN (des techniciens détachés par
l’Etat auprès des fédérations sportives afin de
les aider à assurer leur délégation de service
public), qui brodèrent délicatement sur d’éventuels
numerus clausus de joueurs « binationaux »
dès l’entrée dans les centres de formation (vers
12 ans donc) qui irriguent les équipes de France
(U17, espoirs et bien sûr les Bleus). Et tout cela
« sans le dire  » évidemment.

L’ensemble du monde politique et intellectuel
s’est emparé du sujet, pour
le pire comme le meilleur. Certains,
l’historien Pascal Blanchard ou le sociologue
Michel Wieviorka, ont souligné
que ces propos, loin de se limiter
à de simples « dérapages », s’inscrivaient
dans une « ambiance » globale,
qui tend de plus en plus à jeter le
soupçon sur les « Français d’origine
étrangère
 », selon les mots élégants et anticonstitutionnels
du président de la République dans
son célèbre discours de Grenoble.

Ce que le chef de l’Etat se permet, pourquoi le
foot se l’interdirait ? Car le petit univers du ballon
rond est dans la société, non simplement son
reflet. Il se retrouve en outre investit d’une telle
charge symbolique que tous les décalages sociopolitiques
s’y amplifient, en positif ou en négatif.
Lors du mondial de 2010, des joueurs en
pleine crise de nerf professionnelle envers leur
staff, se retrouvèrent ainsi dramatiquement en
porte-à-faux face à une opinion qui projette dans
ce sport ses derniers élans patriotiques.

Le football se trouve donc questionné en permanence
sur sa capacité représentative de « l’identité
 » de la France (d’où l’apparition constantes
des problématiques sous-jacentes « racialistes »
voire « religieuses »). Pourtant, avec un peu de
recul, cette équipe est uniquement censée rassembler
l’élite d’une discipline. Dans les autres
disciplines, moins exposées, ce genre de doute
existentiel s’avère étrangement discret (y compris
pour les féminines de la FFF). Personne ne demande
au water-polo ou au hockey sur gazon
– qui pourtant héritent de la même délégation
du ministère pour représenter
le pays dans les compétitions internationales
– de rendre des comptes sur
la présence, ou l’absence, de « telle
ou telle » communauté.

Il est vrai que dans le foot la visibilité
des minorités et des classes populaires,
qui se recouvrent souvent dans
l’expression « jeunes issus des quartiers
 », interroge cruellement en retour
l’ensemble du corps social sur ses drames
du moment (racisme, discrimination, pauvreté
– quel parent peut aujourd’hui penser que son
enfant a plus de chances sur un stade qu’à l’université
 ?). Et le plus grave fut d’entendre la direction
technique du foot tricolore – qui compte
cinq générations de brassage et d’apports des
migrants et de leurs enfants (les fameux binationaux)
sous le maillot bleu –, se réfugier dans des
logiques discriminatoires par peur de l’opinion.
Le foot n’est ni le seul ni le pire, simplement on
ne s’y attendait peut-être pas ?

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