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« Depuis les émeutes de 2005, rien n’a changé. Les politiques publiques, en matière de sécurité et de rénovation urbaine, n’ont pas produit les effets attendus. Le chômage dans ces zones urbaines de marginalité a augmenté, en particulier celui des jeunes d’ascendance immigrée. La ségrégation urbaine et ethnique s’est renforcée. Le climat de tension entre jeunes et police s’est encore durci.
De fait, nous sommes entrés dans une logique de « guerre ». Le choix de privilégier une police d’intervention, avec des fonctionnaires jeunes, mal encadrés, disposant du contrôle d’identité de façon souvent « musclée » et « au faciès », tout
cela rappelle les pratiques d’une armée d’occupation. Une telle gestion postcoloniale des banlieues alimente le sentiment d’injustice des jeunes, mais aussi des adultes. Ces violences sont-elles la seule forme d’expression des quartiers ? Ou bien la seule forme d’action collective de ceux qui sont privés de toute représentation politique ? On peut le penser. Il existe un profond désir de reconnaissance et une demande d’égalité. Mais comme tous ceux qui se sont mobilisés cet automne, beaucoup se sentent méprisés par le pouvoir. »
Propos recueillis par Sabrina Kassa