Accueil > Société | Chronique par Nicolas Kssis | 19 septembre 2012

Session de rattrapage

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S’il existe bien une spécificité de la télé
française, et ce depuis l’ORTF, c’est le
maintien de la longue trêve estivale. Les
grands groupes hertziens, la TNT ou les réseaux
payants, comme Canal plus, tous sacrifient
au rite de la rediff.
Si en coulisse se négocient les transferts et
autres joyeusetés du mercato du PAF, sachant
que l’essentiel se boucle avant fin juin, la grille
des programmes reste bloquée sur « replay » –
y compris pour les émissions à succès dont on
ne s’embête même plus à réaliser des best of et
qu’on balance in extenso.
On remplit la grille avec des films de seconde
main ( de la comédie romantique made in USA
aux blockbusters incontournables depuis les
années 1980), et des séries télé testées pour
l’occasion, afin de minimiser les risques de crash
en plein audimat (comme cette année avec
Smash sur TF1, la dernière tentative de Spielberg
sur le petit écran).
Quitte à faire du neuf avec du vieux, on recycle
aussi les animateurs recalés et les producteurs en
panne d’inspiration, qui saisissent ici l’occasion
de se refaire une santé en remplaçant les stars du
PAF partis se faire bronzer au soleil.
Cela dit, tout le staff du petit écran n’a pas eu
droit à des vacances. Cet été, les chaînes d’info
en continu ( en raison de l’alternance politique)
et les rédactions sportives (entre l’euro, le tour
de France et les JO cette année) ont maintenu
la cadence pendant que d’autres attendaient
tranquilou leurs bagages devant le tapis
roulant des aéroports.

On pourrait évidemment expliquer aux
responsables des grilles que désormais les
Français partent beaucoup moins en vacances,
et surtout moins longtemps, que l’époque du
mini-poste pourri de camping-car est révolue et
que la télé est désormais un critère minimum de
confort de toute location au même titre que la
douche et l’eau chaude.
Bref, notre conso de télé ne faiblit pas
véritablement durant l’été, peut-être même bien
qu’elle augmente. Car à bien y réfléchir, ces
programmes estivaux se calent finalement bien
sur les mutations technologiques.
La lente mais irrémédiable migration – qui reste
marquée par un puissant clivage générationnel –
du visionnage des émissions vers les tablettes, les
ordis portables et autres Smartphones, modifie
considérablement notre façon de voyager.
Les vacances deviennent alors le temps des
grands rattrapages : les séries qu’on n’a pas
eu le temps de voir, les films ratés en salle et
téléchargés aussi sec, etc.
Plus besoin de trimbaler avec soi sa vidéothèque
ou de dépendre de l’équipement disponible
sur place. Tout au plus la Wi-Fi a pris la place
du lecteur DVD dans les besoins élémentaires
du vacancier (et ainsi, même à l’étranger, plus
besoin de zapper pour dégoter TV5 monde
ou France 24).
De ce fait l’absence de nouveautés devient
presqu’un atout, un moyen d’offrir aux éternels
connectés que nous sommes l’occasion de
récupérer le retard accumulé par les besoins de
la « vie réelle ». Un progrès ?

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