Accueil > Société | Par Nicolas Kssis | 1er novembre 2007

Supporters, la mauvaise réputation...

Deux sénateurs UMP

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, Bernard Murat et Pierre Martin, viennent de rendre un rapport d’information, dans le cadre de la commission des affaires culturelles, au sujet des supporters de football. Ce travail parlementaire fait suite notamment à la mort d’un jeune supporter du PSG, du fameux Kop of Boulogne, tué par un policier qui essayait d’empêcher le lynchage d’un fan français du club de Tel Aviv.

On ne peut que se réjouir de voir les représentants de la nation s’intéresser de près à ce phénomène et singulièrement au cas des ultra, la frange la plus agitée et la plus militante du petit monde des tribunes. Comme souvent en ce moment, l’option sécuritaire demeure la grille principale d’analyse. Le titre du rapport « Faut-il avoir peur des supporters » laissait même craindre le pire. Heureusement la réponse est « non ». On est soulagé...

Qu’apprenons-nous ? Que les hooligans sont en dehors des associations, qu’ils aiment se battre et que parfois certains se revendiquent de l’extrême droite ou expriment leur racisme dans ou autour des enceintes sportives. Que les ultra sont plus jeunes que la moyenne des spectateurs et du reste du public familial. Beaucoup de temps pour des évidences accessibles à n’importe qui en deux secondes sur Wikipedia. Le modèle anglais de gestion de la violence est mis en exergue, alors que l’importance toujours persistante du hooliganisme est minoré (3462 infractions ou arrestations liées au football contre 400 incidents en France). Il s’est simplement déplacé face à l’augmentation des abonnements. Il a évolué vers les divisons inférieures ou vers des lieux éloignés des stades.

Les recommandations enfoncent aussi des portes ouvertes. Des policiers référents par club et par groupe de supporters (n’oublions pas les rivalités internes), le renforcement du dialogue avec les associations, l’interdiction des grilles pour préserver le côté convivial, un fichier européen des interdits de stades et des peines planchers pour les interdictions de plus de trois ans.

Dans l’ensemble, ce dispositif n’apporte guère de solutions quant aux vrais problèmes. Si l’activisme des hooligans inquiète naturellement les pouvoirs publics, d’autres tensions se manifestent en profondeur. Le fossé culturel entre des passionnés, parfois dotés d’une certaine conscience sociale voire civique, et ceux qui tiennent les cordons de la bourse du foot moderne révèle chaque jour davantage les apories de la dimension populaire du foot. Le prix des places, la question des fumigènes (comment les interdire quand les médias ne cessent d’utiliser les images de gradins enfumés pour vendre le spectacle sportif ?), le refus de la seule logique commerciale concernant le club, tandis que de plus en plus le président gère une entreprise et de moins en moins un patrimoine sportif commun. De telles lignes de fracture, bien plus sourdes et fondamentales que les bagarres entre professionnels de la « fight », ne se résolveront certainement pas avec des tables rondes et de la concertation, recettes miracles dont on peut mesurer, avec le dialogue social à la sauce de l’actuel gouvernement, à quel point il ne sert qu’à faire ouvrir la bouche pour mieux avaler la pilule.

N.K.

Paru dans Regards n°45 novembre 2007

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