Secoué par les résultats des élections législatives de juin dernier (615 503 voix et 2,72%), le parti communiste était comme en état de sidération. La direction communiste a voulu prendre le temps avant de convoquer un congrès. Ce sera pour Novembre 2018. Cette semaine marque le véritable lancement du congrès avec deux textes et une réunion houleuse. On vous raconte.
Les premiers à dégainer furent ceux qui, il y a 18 mois, à l’automne 2016, mirent Pierre Laurent et la direction du PCF en minorité autour de la question cruciale : soutenir ou non la candidature de Jean-Luc Mélenchon lors de l’élection présidentielle. Surprise : ils avaient obtenu que la majorité des cadres intermédiaires se prononcent contre ce soutien. Engaillardis par ce premier succès qui montrait autant leur force que la faiblesse de la direction, ils repartent à l’assaut. Et cette fois leur objectif est de prendre le parti.
Mercredi 7 février, Igor Zamichei, le secrétaire de la fédération de Paris - qui était invité de La Midinale de Regards aujourd’hui, déjà chef de la rébellion de l’automne 2016, récidive et publie un texte signé par une trentaine de cadres. La liste a été finement soupesée : les signataires sont plutôt jeunes mais expérimentés, quelques intellectuels, des élus, des cadres du parti. Le message est limpide : nous sommes prêts à diriger le parti. Le titre de leur missive, « C’est le moment », sonne comme un cri de ralliement.
Leur texte ne fait pas dans les circonvolutions. Après avoir inscrit leur démarche dans la légitimité du parti « Comme nous y invite notre congrès » ils écrivent : « Soyons francs : malgré toute l’énergie des militant.e.s et des élu.e.s communistes, malgré toutes les initiatives prises pour répondre aux intérêts populaires, notre parti perd pied dans la vie politique nationale. Notre recul de plusieurs centaines de milliers de voix aux dernières élections législatives et le caractère inaudible de nos décisions nous conduisent à une marginalisation que la recomposition politique en cours peut rendre durable. Comme une majorité de communistes, nous ne nous y résignons pas. Jeunes dirigeant.e.s et élu.e.s du PCF, nous sommes convaincu.e.s que notre parti peut et doit redevenir une force politique nationale influente au regard de l’évolution du monde ».
« C’est le moment » porte un regard classique sur la société et sur le monde. Ils reprennent, sans les développer, les bases partagées du monde communiste sur « les communs », la recherche d’une alternative au « tout Etat » et au « tout marché ». Les signataires ne s’engagent pas en faveur de propositions ou d’une vision nouvelle. Eux, ils entendent « passer à l’offensive politique ». Le propos se précise : « Cessons d’opposer rassemblement et affirmation de notre parti. À l’approche des européennes, retenons la leçon des échéances présidentielles et législatives : chercher à rassembler sans affirmer nos idées et sans rapport de force revient à nous positionner comme une force d’appoint et conduit in fine à l’échec d’un rassemblement pourtant indispensable. »
Dans ce balancement entre rassemblement et affirmation de l’identité communiste se trouve la clé de cette prise de position de personnes qui n’ont « pas toujours fait les mêmes choix stratégiques par le passé ». C’est le moins que l’on puisse dire. On retrouve réunis les amis de Christian Piquet passés de la LCR au PCF, Ian Brossat, maire adjoint de Anne Hidalgo et Pierre Garzon, secrétaire de la section de Villejuif, ancien fief de Georges Marchais. Significativement, Igor Zamichei est la figure de proue de cet appel : il trace un pont entre l’affirmation identitaire et l’alliance complète avec le PS que pratique en même temps la fédération de Paris. Car le point commun de ces militants est l’idée d’une gauche structurée par les deux grands partis du XXe siècle, le PS et le PCF. C’est, pensent-ils, dans cette lignée que le PCF a construit sa place et qu’il la retrouvera. Cette alliance de cadres opposés à toute alliance avec France Insoumise et désireux de prendre l’appareil communiste se montre déterminée.
Qu’en dit la direction visée par l’offensive ? Elle doit encore se frotter les yeux. Igor Zamichei, Ian Brossat, Anne Sabourin, la « madame Europe » du colonel Fabien, ont été promu par Pierre Laurent. Pour le moment le cercle dirigeant prend la mesure du danger. Dernier épisode en date, la réunion du Conseil national du PCF ce week-end. Seuls une soixantaine de ses membres étaient présents, en majorité proches des nouveaux hussards. Au total, Pierre Laurent n’a pas pu être confirmé dans sa place de rédacteur du texte de ce que les communistes appellent la base commune (le texte de congrès). Contesté, le vote a été repoussé.
Quelle sera la réaction politique de Pierre Laurent et de ceux qui lui sont encore fidèles ? Pour l’instant rien ne permet de l’imaginer. Le texte « Stratégique » rédigé par le secrétaire national dans la perspective du congrès laisse ouvertes toutes les questions. On peine à imaginer que ce soit une base offensive contre ce qui semble se profiler : pour la première fois dans l’histoire du PCF, une direction mise en minorité et remplacée par une nouvelle garde. A moins que comme Robert Hue et Marie-George Buffet avant lui, Pierre Laurent ne parvienne à sauver sa direction en mobilisant, une fois encore, l’arc des opposants au replis.
Significativement, Igor Zamichei est la figure de proue de cet appel : il trace un pont entre l’affirmation identitaire et l’alliance complète avec le PS que pratique en même temps la fédération de Paris. Car le point commun de ces militants est l’idée d’une gauche structurée par les deux grands partis du XXe siècle, le PS et le PCF. C’est, pensent-ils, dans cette lignée que le PCF a construit sa place et qu’il la retrouvera. Cette alliance de cadres opposés à toute alliance avec France Insoumise et désireux de prendre l’appareil communiste se montre déterminée.
Oui enfin merci pour cet article , c’est la bonne voie ! une alliance complète du PCF avec le PS , et surtout pas avec la FI
Merci vraiment ca met du baume au cœur, Ah les braves gens , enfin des communistes qui vont rouler sous leurs couleurs et qui toute les minutes ne viendront pas nous tirer par la manche en nous bêlant dans les oreilles " alliance bééééeee, accord béééeeee !
Cependant un obstacle de taille risque de se lever est ce que le PS , enfin ce qu il en reste sera d’accord ? le risque est grand que certains rechignent a signer une " alliance complète" ?
Nous a la FI et plus encore au PG qui sommes passés par le PS, on peut vous affirmer que le reflexe "Mitterrandien "est encore la et beaucoup ont des réticences ( c’est un euphémisme) a s’encombrer d’un parti/ boulet ; repoussoir des classes moyennes et du centre , tel qu’est le PCF.
Enfin la ligne du PCF en place depuis 20 ans le " strapontinteisme" sera l objet de grand débat interne , intense entre les "permanents élus " et la base : Qui choisir ? une FI qui nous a permis de sortir de l’anonymat groupusculaire ou nous sommes depuis 1989, ou bien garder nous élus PC/municipaux avec le PS/perfusion ?
Vaste dilemme idéologique ? alimentaire ! mon cher Laurent !
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